La Position du tireur couché

J'aimerais pouvoir parler, mais j'ai la langue bétonnée par des années de silence, la bouche collée par la honte. De temps en temps, du coin de l'œil, elle me regarde pleurer et ne rajoute rien. Le silence est encore plus incisif que ses phrases.
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samedi 20 avril

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Bande dessinée - Noir

La Position du tireur couché

Tueur à gages - Vengeance MAJ jeudi 13 janvier 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Jacques Tardi (scénario & dessin)
Scénario adapté de l'œuvre de Jean-Patrick Manchette
Préface de François Guérif
Paris : Futuropolis, novembre 2010
100 p. ; illustrations en noir & blanc ; 32 x 23 cm
ISBN 978-2-7548-0377-9

Désengagement d'un tueur

"Une histoire de tueur sans intérêt intrinsèque", c'est ainsi que Manchette résumait son intrigue dans une lettre à Pierre Siniac. Propos rapportés par François Guérif, éditeur chez Rivages, dans sa préface à cette excellente bande dessinée de Jacques Tardi. Et de rappeler qu'à une époque, les deux hommes ont collaboré ensemble pour aboutir à un Griffu, où pour paraphraser Tardi, il n'y a que des méchants et des pourris. Dans cette adaptation en noir et blanc de La Position du tireur couché, roman paru en 1981, il n'y a là aussi que des méchants. Et les innocents ne s'en sortent pas. Tous sont tués dans une apothéose de sang et de tripes. Même le chat !
Martin Terrier est un ancien mercenaire devenu tueur à gages pour gagner de l'argent et rentrer au pays épouser la femme qu'il aime, et qui lui a dit qu'elle l'attendrait dix ans. Seulement voilà : on ne quitte pas comme ça une organisation qui vous a grassement rémunéré. Et puis, il y a une famille corse vengeresse qui entend bien avoir sa peau car on ne tue pas un frère impunément. Sans compter l'amour de jeunesse qui dans l'intervalle s'est mariée, et ce financier qui a fait n'importe quoi de l'argent que Terrier lui avait confié...

Tout au long de l'intrigue, Terrier s'échappe de Paris pour sans cesse y revenir. Et François Guérif a raison quand il dit qu'il n'y a personne d'autre que Tardi pour dessiner Paris. Avec son trait, on se déplace dans les arrondissements, on stationne à un coin de rue, on observe les passants. La pluie crachine, les pas de porte sont occupés par une concierge grassouillette. Terrier picole grave et prend de nombreux coups. Il a une faculté de résistance énorme, mais pas insurmontable.
La poitrine très avenante d'Alice est à la hauteur de sa personnalité : tout en dédain, mais fière, méprisante, hautaine, prompte à se dresser devant le mâle en rut. Et tout d'un coup, on bascule non pas dans un lit mais dans l'horreur, la violence de ces hommes et surtout des armes à feu, qui elles sont largement énumérées, décrites de façon clinique.
Car après tout Terrier est un tueur à gages adepte de la chose, capable d'utiliser n'importe quelle arme à feu, de la démonter et la remonter dans le noir. Dans cette histoire, une seule morale : personne ne s'en sort, d'une manière ou d'une autre.
Cent pages grisâtres, au texte foisonnant mais épuré, qui va à l'essentiel, des cases qui sont autant d'arrêts sur image. Des corps figés avant l'action, telle la position du tireur couché que Martin Terrier adopte des fois encore la nuit...

Citation

Je ne bougerais pas d'ici ni de n'importe quel endroit où je me trouverais, parce qu'il n'y a plus aucun endroit qui soit mieux qu'un autre, sauf les pays communistes qui sont encore pires.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 12 janvier 2011
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