Les Derniers jours de Newgate

Les affaires de meurtres avaient souvent éveillé sa pitié ou son indignation, mais ne lui avaient jamais enlevé son profond détachement : il se disait que les résoudre était son travail, et n'y mêlait jamais le bien et le mal.
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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Les Derniers jours de Newgate

Historique - Braquage/Cambriolage MAJ mercredi 02 juin 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Andrew Pepper
The Last Days of Newgate - 2006
Traduit de l'anglais par Daniel Lemoine
Paris : Rivages, mars 2010
98 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2069-1
Coll. "Thriller"

Les convulsions d'une société industrielle naissante

En 1829, à Londres, Pyke fait partie des forces de la police embryonnaire londonienne. En même temps qu'il se paye sur les coupables qu'il découvre, et sur les butins qu'il récupère, il s'offre un second salaire en travaillant comme détective privé. Il est un jour convoqué par Lord Edmonton, un aristocrate influent qui s'inquiète des conditions des transferts de fonds de ses banques car, depuis quelques temps, ces convois sont attaqués. Edmonton soupçonne un de ses bras droits. Pyke enquête sans savoir qu'il vient de mettre le doigt dans un engrenage qui pourrait bien le broyer. À un moment de l'intrigue, il triche pour gagner une partie de cartes mais son adversaire triche encore plus que lui : élément symptomatique qui se décline tout au long du livre.
Les Derniers jours de Newgate est une évocation saisissante de l'Angleterre du début du XIXe siècle. Outre les bas-fonds de Londres, les progrès techniques liés aux misères sociales, Andrew Pepper nous renseigne aussi sur les campagnes, sur ce phénomène très anglais des circonscriptions pourries (thème qui était déjà sous-jacent dans la troisième saison de la série satyrique anglaise Black Adder avec Rowan Atkinson). L'histoire est très structurée. La première partie évoque Londres et sa misère à travers le regard sans concession de ce policier ; la deuxième nous fait voyager entre la campagne anglaise et l'Irlande en proie aux conflits religieux de manière très violente ; la troisième enfin raconte la vengeance de ce même policier.
Pyke est un héros singulier, sans illusion sur le monde où il séjourne. Étrangement éduqué il a lu Machiavel mais a surtout appliqué les théories darwiniennes dans leurs aspects les plus extrémistes, n'hésitant pas à tuer hommes et animaux pour survivre. À cet égard, il torture sans remords particulier et va même liquider un personnage innocent qui a le mauvais goût de se trouver au mauvais endroit au même moment. Il le fait sans haine et sans violence, mais simplement parce que c'est la meilleure solution à cet instant précis. De ce fait, il est parfaitement calibré pour entrer dans ce monde moderne qui en 1830 balbutie et se cherche.
L'alliance entre l'histoire policière, ce que dévoile une enquête, par delà le regard du privé, sur la société de son temps et le parcours singulier d'un personnage est racontée avec justesse et le lecteur suit avec attention les péripéties mouvementées dans lesquelles Andrew Pepper plonge Pyke, brassant l'histoire politique (le Premier ministre Peel, la montée des conflits sociaux, le problème de la paysannerie, la création d'une force policière étatique, le conflit religieux irlandais), les réalités des classes sociales (l'aristocratie qui veut conserver sa puissance, les industriels qui montent, une classe administrative qui désire s'affirmer) n'oublie pas qu'il joue avec des êtres humains. Dans leur cruauté et crudité zolienne (ou digne de Dickens), certaines scènes provoquent aux personnages - et par contre-coup aux lecteurs - des hauts le cœur et des images qui se gravent pour longtemps dans l'esprit.

Citation

Quelques instants plus tard, Pyke, tandis qu'il se vidait dans la jeune fille sans nom, rigide de terreur, en une succession de spasmes moroses, eut l'impression de se tenir au-dessus du seau métallique et de contempler son propre cadavre.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 02 juin 2010
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