Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Vincent Hugon
Paris : 10-18, mars 2015
528 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06120-1
Coll. "Grands détectives", 4803
Un thriller médiéval novateur !
De tous temps, les gouvernants ont eu de gros besoins d'argent. Henri II, à Douvres en 1170, n'échappe pas à la règle. Aussi, quand la communauté juive du comté de Cambridge n'est plus en mesure de lui procurer autant de ressources parce qu'elle est pourchassée, accusée de tuer et de crucifier des enfants, il veut faire arrêter rapidement le tueur.
C'est Simon de Naples qui est dépêché par le roi de Sicile, accompagnée d'Adelia Aguilar une femme-médecin de l'université de Salerne et de Mansur, un serviteur arabe. Vêtus comme le bas peuple, ils ont intégré un groupe qui revient d'un pèlerinage à Cantorbéry.
Ils sont considérés comme la lie de la lie face aux personnages importants que sont la prieure du couvent Sainte-Radegonde, le père Geoffrey supérieur du monastère de Barnwell ou Sire Rowley Picot le collecteur d'impôts. La première déteste le second, pensant qu'il est jaloux parce qu'elle possède les os de Peter de Trumpington, l'enfant retrouvé crucifié, en passe d'accéder à la sainteté. Avec cette relique, elle espère bien attirer des croyants qui, par leurs dons, enrichiront son couvent. Mais, pour l'heure, le père Geoffrey a bien d'autres soucis. Malgré l'application d'une phalange miraculeuse sur la partie souffrante, le moine ne peut pas uriner. Adelia, qui ne voit qu'un malade, tente l'opération avec un roseau comme cathéter. Mais Salerne est la seule ville de la chrétienté ou une femme peut être médecin. Pour ne pas subir le sort réservé aux sorcières, c'est Mansur, officiellement, qui a soigné Geoffrey. Soulagé, ce dernier accepte le subterfuge.
Lorsqu'ils arrivent à Cambridge, trois petits corps ont été retrouvés. Aidée par Rowley, elle fait parler les restes macabres et tente de faire parler les âmes. Mais leur enquête, fatalement, attire l'attention du meurtrier...
Le cadre de ce roman s'inscrit dans le Moyen Âge classique, à Cambridge qui s'appelait alors Grentebridge ou Grantebridge, où seule une école pythagoricienne existait. L'intrigue s'articule autour de la recherche d'un ou plusieurs assassins d'enfants. La raison de ces crimes, au premier abord, est de mettre la communauté juive en accusation, une communauté mal vu du reste de la population avec l'étrangeté de leurs dogmes et de leurs rites. De plus, leurs activités financières génèrent jalousie et convoitise. Parallèlement, des membres de l'Église sont toujours prêts à attiser la haine pour ce microcosme qui refuse la "vraie" religion.
Ariana Franklin fait mener l'enquête par un groupe de trois étrangers qui possèdent des compétences introuvables sur la région. Elle charge, pour mener les investigations, un homme de même race que les accusés, qui a fait preuve de ses qualités d'enquêteur par sa faculté, sous des dehors de benêt, de faire parler les vivants. Pour faire parler les cadavres, les responsables de la mission ont retenu une femme-médecin deux mots qui, dans le monde chrétien ne peuvent être réunis qu'à Salerne, la ville où l'université est ouverte aux deux sexes. Le troisième membre de l'équipe est arabe, ce qui ajoute encore au côté "exotique" du groupe.
L'auteur s'inspire de faits réels s'étant déroulés dans d'autres lieux, à d'autres époques, pour construire une intrigue solide où se mêlent les grandes constantes de la société de l'époque, dans le sud de l'Angleterre. Elle détaille les aberrations de fonctionnement des couvents comme des monastères, des lieux de pèlerinages où tout est fait (déjà !) pour faire venir des fidèles et leur soustraire de l'argent. Elle donne mille renseignements sur la vie quotidienne, sur la façon de vivre comme de se nourrir, sur les rapports entre les groupes sociaux et les préventions contre les étrangers.
Avec Adelia, elle explicite la médecine telle qu'elle se pratiquait alors, une médecine enseignée à partir de rares ouvrages et de témoignages. L'essentiel de la connaissance du corps humain venait de l'étude et de dissection des porcs, l'animal se rapprochant le plus de l'Homme au point de vue physiologique. Mais, les chambres froides n'existaient pas encore pour entreposer les cadavres et l'auteur se livre à quelques descriptions si bien rendues qu'on perçoit les odeurs, qu'on est importuné par les nuages de mouches qui se repaissent des corps en décomposition.
Avec Vesuvia Adelia Rachel Ortese Aguilar, Ariana Franklin propose une magnifique héroïne dont on a grand plaisir à partager les péripéties particulièrement mouvementées qu'elle est amenée à vivre. La Confidente des morts est le premier opus d'une tétralogie qui renouvelle avec brio le thriller médiéval.
Citation
Laissez votre chair et vos os me raconter ce que vos voix ne peuvent.