Le Dossier Odessa

C'est comme prendre une torche et illuminer ce qu'il y a de plus sombre en moi. Tout le monde a des désirs secrets, désirs de meurtre et de torture, mais personne ne veut l'admettre. Et lorsqu'on s'y risque, on prétexte un moment d'égarement, un acte qui n'appartient pas à celui qu'on pense être. Mais nous incarnons la somme de nos désirs.
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mercredi 24 avril

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Roman - Thriller

Le Dossier Odessa

Géopolitique - Guerre - Complot MAJ mardi 08 avril 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 8,4 €

Frederick Forsyth
The Odessa File - 1972
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Henri Robillot
Paris : Folio, janvier 2014
468 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-045618-5
Coll. "Policier", 715

Ode SS

Qu'est-ce que l'Histoire sinon une recherche des vestiges et des traces humaines, que ce soient des ruines ou des documents, puis une suite de questions pour interroger ses sources et leur donner un sens hypothétique ? C'est aussi, parfois, dans cette optique que travaillent les auteurs de romans policiers ou de thrillers en se documentant avant de proposer une intrigue crédible. Pour ce roman daté de 1972 de Frederick Forsyth, tout part, effectivement, d'un témoignage, celui d'un Juif rescapé des camps de la mort qui vient tout juste de se suicider. Dans ses papiers, le journaliste allemand Peter Miller découvre son journal intime, dans lequel le mort raconte sa vie de Juif dans les camps. Le journaliste est notamment troublé par les informations finales : le vieil homme aurait revu dans les rues de la ville son tortionnaire. Cela l'amène à se renseigner sur la dénazification et le réseau Odessa qui permet à des criminels de guerre de fuir ou de se cacher.
C'est sans doute cette documentation qui est la partie la moins captivante du roman : les nazis réfugiés en Égypte et qui essaient de construire des machines de guerre pour écraser Israël, les réunions des espions israéliens, les détails d'Odessa, vus de l'intérieur par le journaliste qui tente de remonter la filière sont un peu alourdies par l'apport théorique.
Ce qui est plus intéressant en revanche ce sont les personnages qui sont plus ambigus qu'il n'y paraît. Certes les nazis sont méchants, revanchards et sans remords, mais ils utilisent un tueur un peu fatigué de ses missions et un faussaire qui a été un lâche toute sa vie. Les Israéliens, de leur côté, emploient un tueur sans remords (mais peut-on réellement en avoir ?) qui doit faire équipe avec un groupe de Juifs allemands qui ont décidé de venger leurs morts et emploient des techniques proches de celles des groupes terroristes allemands, n'hésitant pas à utiliser Peter Miller, à l'envoyer à la mort pour leur propres fins.
Le journalisme, qui, dans les années 1970, avait encore une aura de probité, au moins dans le mode romanesque, n'est pas épargné : les directeurs de journaux sont frileux devant le sujet proposé par Peter Miller : les nazis, cela ne fait plus vendre, les starlettes c'est plus intéressant. Quant à Peter Miller, il n'est peut-être pas aussi blanc-bleu que cela.
Le Dossier Odessa, avec des enjeux géo-politiques qui ont un peu changé et des perspectives historiques nouvelles, a sans doute perdu un peu de l'acuité qu'il avait au moment de sa parution (et la documentation pesante a un peu alourdi l'intrigue), mais les notions développées derrière - l'honneur, la camaraderie, la fraternité dans l'action ou le crime, la vengeance, la mémoire et l'oubli - peuvent encore, au sein d'une histoire construite de manière classique, offrir quelques heures de détente au lecteur.

Citation

Roschmann a déchargé ses trois dernières balles au ras de son visage, lui faisant jaillir le sable dans les yeux.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 31 mars 2014
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