Mortel tabou

Vu l'actualité, les raisons même d'enquêter paraissaient dérisoires. Le cas de Marwan ou l'assassinat de Loretta avaient-ils encore un intérêt pour quelqu'un alors que la situation se dégradait de jour en jour ? Pas une journée sans que Juifs et Arabes ne s'entretuent. Le sang, toujours le sang : coups de poignard, voiture-bélier, attentats suicides, lynchage... Cela ne s'arrêtait plus. Crétinisme macabre... Même des Juifs en arrivaient à s'entretuer parce qu'ils prenaient l'un des leurs pour un Arabe.
Pierre Pouchairet - À l'ombre des patriarches
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 01 novembre

Contenu

Roman - Policier

Mortel tabou

Enquête littéraire - Assassinat - Artistique MAJ mardi 04 mars 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 7,9 €

Gilles Schlesser
Paris : Parigramme, février 2014
190 p. ; 18 x 10 cm
ISBN 978-2-84096-875-7

Les affreux aux mains sales

Il fut un temps où Paris donnait le la culturel et littéraire au monde. Dans les années 1920 apparurent ainsi les surréalistes et, plus tard, dans les années 1960 fut lancé le mouvement oulipien. Ces deux périodes littéraires donnèrent lieu à deux romans de Gilles Schlesser, mais il restait à écrire un chaînon manquant : celui de l'immédiat après-guerre où l'écriture, la philosophie, la vitalité après une période mortifère et la chanson éclatèrent dans les rues de Paris.
L'auteur a consacré une partie de sa vie et de son œuvre à évoquer cette période - notamment avec un livre sur Mouloudji, guest star de ce Mortel tabou. Dans cette série, qu'il semble consacrer aux avant-gardes littéraires, à travers le filtre d'une histoire individuelle au fil des générations, il convenait de s'intéresser aussi à l'effervescence qui s'empara de Saint-Germain-des-Prés et fit la réputation de la ville lumière.
Tout commence avec une tentative d'assassinat sur Jean-Paul Sartre, prétexte à s'encanailler autour des cafés et à présenter des figures incontournables - Boris Vian, le Major, Gréco, etc. Mais cette envie du tueur de philosopher à coups de marteau sur l'un de ses confrères n'est que le prélude à d'autres meurtres. Seul indice : l'assassin laisse dans la main de ses victimes un extrait de roman sartrien.
L'évocation est enlevée et vivante, les rappels de la période (fin de la guerre, retour des déportés et vengeances possibles, choc de l'existentialisme décrit autant comme un mouvement littéraire que comme une mode kitsch, sorte de boys band avant l'heure - à l'instar de ce que rapporta Boris Vian lui-même dans L'Écume des jours) ponctuent avec soin une double intrigue : la recherche du coupable et l'enquête conjointe d'un journaliste qui essaye de retrouver qui était son père (fil conducteur de la série).
Ces ponctuations semblent aussi être des prétextes à l'évocation, et il faut bien reconnaître que l'enquête policière et sa résolution ne sont pas à la hauteur des figures littéraires qui sont en jeu. L'amateur savourera la reconstitution de l'époque, le passage éclair de Simone de Beauvoir, quelques envolées vianesques (notamment le Major), la frénésie du mouvement littéraire de l'époque, et les allusions à la vie politique ou aux musiques.


On en parle : La Tête en noir n°167

Citation

Communiste ou pas, il y a peut-être dans la nature un fou muni d'un marteau. D'ici qu'il récidive avec une faucille.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 04 mars 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page