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Roman - Noir

Qui va loin, revient près

Social - Urbain - Immigration clandestine MAJ mercredi 20 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 13 ans

Prix: 9 €

Christophe Léon
Paris : Thierry Magnier, janvier 2013
142 p. ; 21 x 12 cm
ISBN 978-2-36474-208-6
Coll. "Romans ados"

Un enfer pavé de bonnes intentions

Par le biais du récit de la vie de Kimia, adolescente originaire du Congo envoyée en France par son père qui espère lui offrir ainsi un bel avenir, Christophe Léon aborde les sujets très sensibles de l'immigration et de l'esclavage moderne. Avec des mots simples mais une authenticité troublante, le lecteur découvre, abasourdi, une réalité contemporaine aux allures de tabou.

Kimia, qui a grandi entourée de l'amour de son père, se voit contrainte par ce même homme à quitter son pays et sa seule famille pour émigrer en France, où lui est persuadé que la petite fille trouvera une belle vie. Elle sait lire et écrire, et est impatiente, même si effrayée, de découvrir Paris, la ville qui fait rêver son père. Cependant, très rapidement, elle se rend compte que son voyage sera sans retour : prise en main par une "tante" à elle après une traversée en bateau dans des conditions inhumaines, elle comprend que la famille qui "l'adopte" contre des euros sonnants et trébuchants, persuadée "d'acquérir" une orpheline, n'a aucune intention de l'envoyer à l'école. Pire, elle lui refuse toute sortie, la contraignant à observer à travers les vitres du très bel appartement la vie parisienne. Ses journées sont rapidement rythmées par les différentes tâches ménagères qu'elle se voit confier, et cette routine fait vaciller ses velléités de révolte. Pendant des années, sous couvert "d'amour" de ses parents-patrons, elle est exploitée sans pitié, mais sans méchanceté non plus, par un couple de riches parisiens. Avec beaucoup d'objectivité, Christophe Léon dresse le portrait de ces esclavagistes modernes, qui, prétextant les sortir de la misère et fermant les yeux sur les zones d'ombres des procédures d'adoption, entretiennent les enlèvements et ventes d'enfants dans les pays les plus pauvres.

Mais l'histoire de Kimia, c'est également celle de l'immigration clandestine. De son arrivée en France dans un conteneur à sa fuite, qui la conduit dans la rue, son parcours est celui de nombreux étrangers venus chercher quelques espoirs en Europe. Sans identité, ou sous une fausse identité, ils connaissent la peur dans la rue, la solitude et le danger dans les foyers, la terreur des forces de l'ordre, l'incompréhension face aux procédures, inhumaines (?) mais nécessaires (?), et ce sentiment de n'appartenir à rien mais à tout le monde. Soutenue et hébergée par un français qui ne peut comprendre sa crainte d'être arrêtée, Kimia va finalement devoir se poser les vraies questions : peut-elle s'approprier les espoirs placés pour elle en la France par son père ? Sa vie de clandestine, minée par la peur et conduisant à la dissolution de son identité, est-elle celle qu'elle souhaite vraiment ? Vivre en France mérite-t-il tous les sacrifices ? Autant d'interrogations qui l'aideront, adolescente, à avancer et à prendre ses propres décisions pour se réapproprier une vie dirigée par autrui depuis toujours.

Un roman poignant, fort, écrit par un auteur engagé qui s'attache à dénoncer une réalité tout en étant objectif, et une jeune fille, Kimia, grâce à laquelle l'immigration clandestine et l'esclavage ont un visage, un nom, permettant au lecteur de leur donner une réalité et l'opportunité de se poser, à son tour, certaines questions. Pari réussi.

Citation

Je ne vous hais même pas. Vous êtes... vous êtes... des monstres ordinaires. Vous m'avez volé mon enfance. Vous vous êtes servis sur la bête – sur moi.

Rédacteur: Catherine Thiéry mardi 19 février 2013
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