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Roman - Noir

Dernière nuit à Montréal

Sportif - Disparition - Urbain MAJ mercredi 22 août 2012

Fuites perpétuelles

Cette Dernière nuit à Montréal à laquelle nous invite Emily St. John Mandel est la conclusion triste d'un fait divers qui a plus particulièrement touché quatre protagonistes, éléments disparates et victimes collatérales ou centrales d'un drame domestique relaté ici dans une alternance de récits qui sont autant de tranches de vie évidemment intimes décrivant une même vérité.

À l'origine, il y a l'enlèvement de Lilia, sept ans, par son père divorcé. Leur fuite éperdue un détective à leurs trousses les amène à ne jamais vivre très longtemps au même endroit. Ils sont tous deux des déracinés perpétuels. De cette enfance déstabilisante où elle écrit dans les bibles des motels où ils dorment : "Je ne veux pas qu'on me retrouve", Lilia en tirera une fois adulte une instabilité géographique chronique, et migrera de ville en ville, vivant des histoires dont elle sait qu'elles ont une fin, et tant pis pour ses partenaires féminins ou masculins qui, pour la plupart, penseront à tort qu'ils pourront y changer quelque chose.

Ce sera d'ailleurs le cas d'Eli, que Lilia a rencontré à New York, et qui ne s'avouera pas vaincu sans combattre. Mais Lilia n'est pas la seul femme-enfant de cette histoire. Il y a aussi Michaela, la fille de Christopher. Michaela qui se rêvait trapéziste et qui a vécu dans l'ombre de Lilia au point d'en être perturbée. Michaela, la fille de Christopher, ce Christopher qui était le détective aux trousses des fugitifs, détenteur d'une vérité déductive des preuves laissées lors de l'enlèvement de Lilia, et qui sa vie durant n'a eu de cesse de vivre à côté d'eux, d'épier et d'anticiper leurs gestes, d'être en quasi symbiose maladive.

C'est ainsi qu'à travers ces deux cent trente pages, la talentueuse Emily St. John Mandel dresse les portraits de quatre personnages troublants amenés pour trois d'entre eux à se rencontrer dans une ville canadienne hermétique aux sentiments et aux sensations, dépeinte froidement, pour un final angoissant qui s'ingénie à nouer notre estomac. Dans la lignée des romans nord-américains à la tonalité variée, ce premier roman propose une trame belle, noire et passionnante, qui décline l'amour et la tragédie sous de multiples formes et regards.


On en parle : La Tête en noir n°158

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2013

Citation

Quand Lilia était toute jeune, le monde entier lui semblait composé de chambres de motel formant un chapelet d'îles à travers le continent américain.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 25 juillet 2012
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