L'Homme qui partit en fumée

Ce continent est l'exemple d'une globalisation du crime parfaitement réussie et malheureusement pérenne, mondialisation qui s'est manifestement effectuée bien avant celle de l'économie ! Ce sont des milliards d'euros générés annuellement blanchis ici, mais souvent ailleurs, qui viennent se fondre avec ceux déjà générés de par le monde.
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Roman - Policier

L'Homme qui partit en fumée

Politique - Énigme MAJ vendredi 11 décembre 2009

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,5 €

Maj Sjöwall & Per Wahlöö
Mannen some gick upp i rök - 1966
Préface de Val McDermid
Traduit du suédois par Michel Deutsch
Paris : Rivages, avril 2008
262 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 2743618051
Coll. "Noir", 688
Roman d'un crime, 2

Ce qu'il faut savoir sur la série

Grande série policière suédoise écrite entre 1965 et 1975, "Roman d'un crime" suit les investigations de Martin Beck, policier consciencieux, et de sa brigade. Les enquêtes classiques de Martin Beck conduisent à mettre en avant l'envers du décor d'une société suédoise qui a tous les éléments en mains pour prospérer. Comme l'écrit Robert Deleuze dans Les Maîtres du polar, c'est une "scannerisation de la société suédoise" qu'opère le couple d'écrivains.

La nostalgie du beau Danube rouge

Inspiré de l'affaire Wallenberg, ce diplomate suédois "volatilisé" en URSS, en fait incarcéré et mort dans les prisons de la Loubianka à Moscou, L'homme qui partit en fumée revisite les clichés de la littérature d'espionnage pour les éloigner de James Bond et les rapprocher de nous. Alf Matsson, un type pas drôle, buveur, coureur de jupons, sûr de lui, hautain et prétentieux (portrait de journaliste à la mode très réaliste) et donc reporter d'un journal suédois à gros tirage, disparaît à Budapest, derrière le Rideau de Fer. Nous sommes en 1966. Le gouvernement de Stockholm, en pleine guerre froide, veut rester discret d'autant que le journal de Matsson menace les services secrets suédois d'un scandale si l'exclusivité de la disparition du journaliste venait à lui échapper. Martin Beck qui s'apprête à rejoindre sa femme et ses enfants en vacances passe pour l'homme de la situation. Une perspective à laquelle il adhère avec flegme, pour des raisons qu'il préfère ne pas s'expliquer.

Avec L'homme qui partit en fumée, Maj Sjöwall et Per Wahlöö font preuve de nuance et d'audace (avec le recul). Au moment où l'on craint en Europe le méchant soldat soviétique à la peau d'ours sur la tête, le couteau entre les dents, Maj et Per tentent le pari de peindre une capitale du bloc de l'Est humanisée et accueillante, alanguie sous le soleil de l'été. Tout au long des chapitres, on pense à s'allonger sur les pelouses au bord du Danube, à prendre un bateau pour gagner un petit restaurant et commander un velouté de champignons et un poisson du lac Balaton arrosé d'un aimable vin blanc, le tout accompagné d'un petit orchestre jouant Liszt. Non, disons-le à présent avec force, la vie à Budapest n'était pas le goulag sibérien au royaume des pays petits frères. Un constat qui à l'heure de la grande faillite de la finance occidentale peut faire naître quelques regrets. Ça nous apprendra à jeter l'eau du bain avec le bébé.
De fait, Maj Sjöwall et Per Wahlöö, en déplaçant les projecteurs de l'histoire officielle, recadrent à leur manière (discrète, non intrusive et très efficace) le regard que nous pouvons porter sur nos pays à nous. Finalement, on pourrait presque lire L'homme qui partit en fumée comme le pendant du film Le Rideau déchiré, mis en scène par un Alfred Hitchcock sur le déclin, aux prises avec l'industrie hollywoodienne à qui il finit par vendre sa chemise.

Citation

La brochure, éditée par le Syndicat de la presse allemande, traitait du trust Springer, l'un des plus puissants éditeurs de journaux et de revues de l'Allemagne occidentale, et de son patron, Axel Springer, ancien journaliste de Goebbels.

Rédacteur: Olivier Nouvel samedi 21 février 2009
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