Swan Peak

Semblablement au premier jour des soldes, qui déclenche dans le cerveau humain hystérie, absence de pensée et conformisme, tout ce qui déparasitait la plume, déterrait le ver, sondait la vase, grattait le fumier ou bullait sur un perchoir, se mit en branle au son de la première basse. Alors déboula ventre à terre, l'œil rivé, bec tendu, une gent ailée survoltée, mélangeant ses plumages roux, noirs ou tachetés.
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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Noir

Swan Peak

Mafia - Corruption MAJ vendredi 30 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

James Lee Burke
Swan Peak - 2008
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, mars 2012
440 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2321-0
Coll. "Thriller"

L'habitude de la force

Enlevons de suite un poids à cette chronique. Le nouveau roman de James Lee Burke ressemble aux anciens. L'intrigue est simple : les deux personnages centraux, Dave et Clete, ont décidé de se reposer après les répercussions des ouragans sur la Nouvelle-Orléans. Ils ont choisi la région de Missoula (que connaissent bien l'auteur et ses héros). Là, ils vont se trouver confrontés à une riche famille aux liens ambigus avec la mafia, à des prédicateurs égoïstes et à un tueur particulièrement sadique. Ils décident de faire front, ce qui n'annonce que du classique pour cette série. Tout son intérêt réside dans ce qui fait la force des romans burkiens. Tout d'abord une description fine et sensible de la nature, ancrée dans la tradition américaine. Ici, en se concentrant sur la vie calme d'une petite communauté, sur la rencontre avec un ancien ami, sur la volonté de se reposer et de se livrer à d'innocentes activités, James Lee Burke s'inscrit dans cette lignée élégiaque. Swan Peak d'ailleurs s'ouvre avec une scène prémonitoire : Clete est tranquille. Il pêche et ce sont deux brutes qui viennent le déranger car ils ne peuvent penser qu'il est là par hasard. En écrasant son matériel avec leur 4 X 4, ils lancent l'intrigue.

Pour les amateurs, le roman renvoie à d'autres textes du même auteur (une deuxième série, mettant en scène Billy Holland, a pour cadre le même décor), et l'un des personnages, ancien prisonnier, musicien, se promenant à travers les États-Unis, évoque Le Boogie des rêves perdus, l'un des premiers textes écrits par James Lee Burke. Ce jeu de miroirs renforce à la fois l'empathie et le plaisir. Enfin, et c'est là sans doute le côté le plus enthousiasmant dans ce texte, les héros avaient l'habitude d'user de la violence pour régler les conflits, n'hésitant pas à frapper sauvagement, à utiliser les toilettes publiques des stations services comme autant de lieux propres à apurer les comptes. Si ces explosions de violence continuent à ponctuer le roman (avec entre autres une scène où Clete attaché risque d'être immolé), la présence exaltante de la nature (ou le poids des années sur les personnages), et l'amour empathique des femmes tempèrent les ardeurs masculines, allant jusqu'à travailler à une rédemption clairement affichée.

C'est ainsi que l'une des intrigues se concentre sur un gardien de prison, particulièrement vicieux et sadique, qui a pris un congé pour poursuivre un détenu ayant réussi à s'échapper. Dans un des romans plus anciens, l'on aurait suivi sa vengeance implacable ou sa mort horrible. Dans Swan Peak, l'on assiste à sa rencontre avec une jeune femme cabossée par la vie, et à son lent retour parmi les humains. Son parcours s'inscrit bien dans le circuit narratif habituel de James Lee Burke mais en offre en même temps une variation intelligente et sensible. Comme quoi, même dans une série de facture classique, des surprises naissent et permettent de conserver tout l'intérêt du lecteur. C'est peut-être là la marque d'un très grand auteur.

Citation

C'était peut-être à cause de la pureté de l'atmosphère, des rochers, dans le lit des rivières, incrustés de fossiles d'hellgrammites, de la découpure bleuâtre des Cascades sur le ciel, de l'impression automnale de la mort dans le vent, suivie par l'hiver et, avec un peu de chance, par un autre printemps.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 30 mars 2012
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