221B Baker Street

Jack le hissa en haut des marches sans cesser de lui parler. De lui dire que tout irait bien. De lui expliquer ce qu'ils faisaient, où ils allaient, quand on reviendrait les chercher. N'importe quoi, du moment que ça lui procurait le son d'une voix humaine.
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vendredi 19 avril

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Roman - Policier

221B Baker Street

Énigme - Disparition - Assassinat MAJ lundi 06 février 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Graham Moore
The Sherlockian - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Smith
Paris : Le Cherche midi, janvier 2012
464 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7491-1767-6
Coll. "NéO"

Sur les traces de Conan Doyle.

Pourquoi Arthur Conan Doyle, après avoir tué son héros, le ressuscite-t-il ? Pourquoi un journal tenu par l'écrivain reste-il introuvable ? Graham Moore nous plonge, avec habileté, au cœur de l'univers holmésien et du mystère du journal disparu de Conan Doyle.

En août 1893, Conan Doyle est dans l'Oberland bernois. Avec deux compagnons de voyage, il se rend sur le sommet qui surplombe les chutes du Reichenbach. Il est décidé à tuer son héros. Un de ses acolytes lui suggère, en plaisantant : "Si vous voulez économiser sur les frais d'obsèques, vous pouvez toujours le précipiter du haut d'une falaise."
En Janvier 2010, Harold White est aux anges. Il est admis dans la prestigieuse association des Baker Street Irregulars. Au cours de la soirée, Jeffrey, le plus respecté des Scherlockiens, annonce à Harold qu'Alex Cale a enfin retrouvé le journal de Doyle, qui couvre la fin de l'année 1900. Il dévoilera le contenu lors d'une conférence. Mais, celui-ci a l'attitude d'une personne traquée.
Le 3 septembre 1893, à la lueur d'une simple bougie, Arthur termine Le Dernier problème et précipite Holmes dans le gouffre. Ses lecteurs sont très déçus, certains sont furieux.
Le 18 octobre 1900, il reçoit un colis piégé et une lettre. Le colis explose sans d'autres dégâts que matériels. Sur l'enveloppe un seul mot : "Élémentaire", et à l'intérieur, un article relatant le meurtre d'une jeune mariée.
Jeffrey, après son introduction, alors que l'orateur se fait encore attendre, décide de se rendre, accompagné d'Harold, à la chambre d'Alex. Dans celle-ci, ils découvrent le cadavre de Cale, étranglé avec un de ses lacets de chaussures. Sarah a suivi. Harold, mu par une impulsion se comporte comme son héros et cherche des indices. Il finit par trouver, sous le bureau, griffonné en lettres de sang : "Élémentaire".

Les relations entre Conan Doyle et son héros, comme celles de Maurice Leblanc avec Arsène Lupin, ont été houleuses, les auteurs ayant le sentiment d'être prisonniers, presque otages, de leur création.
Le premier a été jusqu'à "l'assassinat". Libéré, il a pu se consacrer à ce qu'il considérait comme une œuvre autrement plus importante. Pourtant, quelques années plus tard, il fait revivre son héros, dans Lehttp://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=auteur&id=465Chien des Baskerville et dans de nouvelles enquêtes. La véritable raison de ce revirement reste encore inconnue.

Graham Moore propose deux enquêtes principales, à cent dix ans d'écart. L'une est menée par Conan Doyle. (Celui-ci prêta réellement son aide à Scotland Yard pour plusieurs affaires.) L'autre est conduite, par un admirateur du Grand Détective, selon ses conceptions et ses méthodes. La première concerne la traque d'un tueur en série. La seconde porte sur la recherche d'un journal disparu et les causes de la mort d'un éminent Scherlockien.

Le romancier confronte ses deux détectives aux difficultés d'une enquête réelle, sur le terrain. Conan Doyle, face à la difficulté de trouver des pistes s'interroge : "Arthur avait tout ce qu'il lui fallait pour reconstituer l'affaire... S'il n'y parvenait pas, cela ferait de lui non seulement un détective raté mais aussi un auteur raté. Holmes et lui passeraient à la postérité comme une paire de charlatans." Harold, qui est un garçon plus porté sur l'étude que sur l'action, se retrouve dans l'agitation et dans une traque d'où le danger n'est pas absent.

Graham Moore brosse des portraits saisissants, faisant revivre de façon magistrale un être authentique et animant des personnages de fiction avec réalisme. Il mêle les descendants du père d'Holmes, des amateurs connaissant les aventures de Sherlock par cœur et, bien sûr, des intervenants qui ne sont pas ce qu'ils disent être.
Les intrigues sont construites avec beaucoup d'habileté et menées avec énergie.

Il truffe son livre d'informations sur les spécificités de ces associations créées autour du personnage d'Holmes, sur leur fonctionnement, fait la différence entre les Doyliens et les Sherlockiens, sur l'art de l'écriture. Mais, il reste critique, n'a pas l'aveuglement du doctrinaire, juge la qualité des enquêtes reconnaissant que : "... sans vouloir blasphémer, toutes ses histoires ne sont pas des perles. La Crinière du lion ? La Pierre de Mazarin ? Franchement."

Le romancier immerge son lecteur dans l'univers de Sherlock Holmes et dans une biographie partielle de Conan Doyle. Il fait revivre des contemporains comme Bram Stoker avant qu'il ne soit l'auteur connu, Oscar Wilde qui se meurt à Paris...
Mais ce livre n'est pas spécifiquement écrit pour les Holmésiens. Au contraire, il permet de suivre quelques énigmes avec des enquêteurs atypiques et donne l'occasion d'entrer dans le monde de Holmes d'une façon ludique avec beaucoup d'humour. Car Graham Moore, tant dans ses propos, ses dialogues ses situations, ne se prive pas de réflexions amusantes, de remarques cocasses et de dispositions drolatiques.

221B Baker Street est un roman qui se lit avec passion pour ses intrigues enlevées qui réservent bien des surprises, pour les personnages que l'on suit avec grand plaisir, pour les reconstitutions des cadres et des décors.

Citation

Watson est un pauvre petit procédé littéraire facile et efficace. Holmes n'a pas plus besoin de lui pour résoudre ses crimes qu'il n'a besoin de traîner un boulet.

Rédacteur: Serge Perraud samedi 28 janvier 2012
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