Un avion sans elle

Il semblait que le tueur se cantonnait dans un périmètre assez resserré allant de Greenwich Village jusqu'au quartier de Chelsea. Ses victimes fréquentaient les mêmes endroits. Je rappelai Howard Loomy, après m'être excusée de le déranger à nouveau, je lui demandai s'il savait quel café Betty avait coutume de fréquenter.
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Roman - Policier

Un avion sans elle

Énigme MAJ mercredi 25 janvier 2012

Qui est elle ?

Michel Bussi explore toutes les conséquences qui peuvent naître d'un fait divers dramatique. Une superbe histoire qui ne vous lâche pas.

Le 23 décembre 1980, à 00 h 33, l'Airbus Istanbul-Paris s'écrase sur le mont Terrible, dans le massif du Jura. Après une longue glissade, une explosion déclenche un incendie. Les sauveteurs ne recensent qu'une survivante, un bébé de trois mois.
Le matin même, Léonce de Carville, un capitaine d'industrie, déclare qu'il s'agit de Lyse-Rose. De Dieppe, quelque temps après, un autre grand-père est persuadé qu'il s'agit d'Émilie. Dans l'avion, il y avait deux petites filles nées à trois jours d'intervalle.
Dix-huit ans plus tard, Crédule Grand-Duc a décidé de se suicider, car il a échoué. Dans un carnet, destiné à Lylie, il a compilé le résultat de ses longues et interminables recherches, sans pouvoir trancher qui, de Lyse-Rose ou d'Émilie, a survécu. Alors qu'il étale le numéro de L'Est Républicain du jour du drame, avec le titre "La miraculée du Mont-Terrible", il voit, sous ses yeux, la solution. Elle est là, évidente !
Quelques jours plus tard, Marc Vitral attend Émilie, sa sœur, dans le café où ils ont l'habitude de se retrouver, près de la faculté. Émilie a dix-huit ans. Elle a lu le carnet de Grand-Duc et a décidé d'un crime indispensable, de "Tuer un monstre pour être capable de vivre encore. De survivre, au moins." Elle convainc Marc de lire le carnet, de lui laisser une heure pour disparaître.
Marc entreprend la lecture et découvre les rebondissements du procès, les batailles entre les deux familles. Il décide de rencontrer Grand-Duc. À son domicile, il ne trouve que son cadavre, dans un placard, une balle dans le cœur.
Pendant ce temps, la sœur ainée de Lyse-Rose, Malvina, que la mort de sa cadette, et son exposition médiatique à six ans, a fortement perturbée tant psychiquement que physiquement, rôde sur les lieux, armée d'un Mauser.
Qui a tué le détective ? Qu'a-t-il découvert ? Qui est véritablement Lylie, ce petit nom composé de la première et de la dernière syllabe des prénoms des deux fillettes ?

Michel Bussi maitrise la construction des intrigues à tiroirs, des histoires aux imbrications multiples, aux implications décalées dans le temps. Il excelle dans l'art de jouer entre les époques, multipliant les incidences des événements à travers le temps. Il n'oublie jamais le passé, ne l'efface pas.

Attention, cet auteur est "diabolique", car il sait accaparer votre attention sans effets "gore", sans débauches de matériels sophistiqués, de combats dantesques. Il introduit, dans ses intrigues, les éléments du quotidien, des situations et des péripéties ordinaires. Il vous accroche d'autant plus, qu'il crée, pour son histoire, une galerie de personnages d'une grande richesse, d'un réalisme confondant, tant dans leurs réactions que dans leurs comportements. Il nourrit les portraits de ses protagonistes de ces mille petits riens qui fondent une personnalité. Il construit, ainsi, des figures authentiques, d'une grande profondeur, bâties avec un soin méticuleux.
Il met en scène des êtres humains projetés, par les hasards de l'existence, dans des situations où ils réagissent en fonction de leur vécu, de leurs sentiments, de leurs motivations. Il s'attache aux implications, et aux développements psychologiques de son récit.

Michel Bussi plante, dès le départ, une situation presque ultime. Il ne reste plus, au lecteur, qu'à trouver le parcours qui amène à cette conclusion en suivant la quête des héros, une enquête dont la tension croissante ne vous lâche pas.

Il met en scène, dans ce livre, la déferlante des médias, leur fonctionnement et leurs implications dans les conséquences d'un drame. Il illustre, également, comment ceux-ci peuvent être utilisés pour gagner une cause, pour atteindre un objectif. Il s'amuse à montrer les deux facettes d'un jeu de dupes, d'une comédie où l'on ne sait plus qui se sert de l'autre.

Michel Bussi offre un roman remarquablement documenté, parfaitement construit jusqu'à un final éblouissant. Il fait montre d'un humour subtil qu'il distille au long de son récit, un récit émaillé de remarques amusantes ou graves sur la société où évoluent ses personnages. Il affectionne, à travers des jeux de mots, donner des titres qui définissent habilement le sens de l'intrigue.

Après le superbe Nymphéas Noirs, l'amusant et érudit Code Lupin, l'émouvant et machiavélique Mourir sur Seine, Michel Bussi signe Un avion sans elle, une réussite littéraire de plus à mettre à son actif. Ce livre est séduisant tant par le sujet, le traitement de son intrigue que sa galerie de personnages aussi attachants que possible.

Récompenses :
Prix du Meilleur polar francophone 2012

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2012
Lion noir 2013

Citation

... pour les Vitral, pour les Carville, la vie est tout de même une sacrée salope... Elle leur enlève d'un coup deux générations sur lesquelles ils avaient construit leur avenir. Fils et petites-filles. Puis, une heure plus tard, elle leur annonce, radieuse, un miracle : l'être le plus petit, le plus fragile a été épargné. Mais la vie ne retire le poignard que pour mieux l'enfoncer une seconde fois. Et si ce petit être miraculé... ce n'était pas le vôtre ?

Rédacteur: Serge Perraud lundi 16 janvier 2012
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