Le Livre des fêlures

Le lendemain, à son réveil, Fernand promit que ça n'arriverait plus, et lui demanda pardon. À quoi bon l'accabler davantage. Ce qu'elle subissait venait de trop loin pour lui en vouloir. Elle savait qu'il y aurait d'autres nuits pareilles à celle-là, d'autres rechutes, mais Jocelyne lui pardonna.
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vendredi 19 avril

Contenu

Nouvelle - Noir

Le Livre des fêlures

Social - Drogue MAJ vendredi 04 février 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Collectif
Eric Miles Williamson (nouvelle)
Tom Grimes (nouvelle)
Jean-Louis Costes (nouvelle)
Zsolt Alapi (nouvelle)
Frederic Berthoff (nouvelle)
Philippe Aronson (nouvelle)
Larry Fondation (nouvelle)
John Paul Carillo (nouvelle)
Alter Karer (nouvelle)
Daniel Jones (nouvelle)
J. C. Amberchele (nouvelle)
Scott Phillips (nouvelle)
Jesse Sublett (nouvelle)
Richard Burgin (nouvelle)
Alfredo Molano (nouvelle)
Patrice Carrer (présentation)
Matthew Firth (nouvelle)
Heidi James (nouvelle)
Dan Fante (nouvelle)
Harold Jaffe (nouvelle)
Paul Ruffin (nouvelle)
Nick Tosches (nouvelle)
Nate Haken (nouvelle)
Nicolas Morgan (nouvelle)
Patrick Safranko (nouvelle)
Tony O'Neill (nouvelle)
Glenn Blake (nouvelle)
Le Chien meta (nouvelle)
Adrian McKinty (nouvelle)
J. R. Helton (nouvelle)
Patrick DeWitt (nouvelle)
Marc Watkins (nouvelle)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Michèle Maublanc, Natalie Beunat, Stéphane Michaka, Dorothée Zumstein, Ariane Bataille, Juliette Paquereau, Daniel Lemoine, Philippe Aronson, Laurent Carrer
Puzol : 13e Note, octobre 2010
686 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 14 cm
ISBN 978-84-936975-7-0

Moi, mon cœur est fêlé

Le Livre des fêlures, soit trente et une nouvelles écrites par une majorité d'Américains (à noter deux auteurs français et un Colombien).
Une anthologie, une de plus, serait-on tentés de penser si l'on est méfiant de nature, rien qu'une vitrine du programme éditorial des trois années à venir des éditions 13e Note.
Un objet massif, contondant, dont on serait tentés – si l'on est vraiment mal luné – de se servir pour caler un meuble.
Eh bien, on aurait tort !
Ce pavé noir, cette malle aux trésors déborde de fêlés magnifiques qui nous entraînent dans de sombres histoires de drogue, de sexe, d'errances, d'alcool, de cul et de bad trips en tous genres. Et, surtout, ces nouvelles se tiennent, forment un ensemble cohérent, soudé par un même esprit. Chaque histoire semble nous dire, nous répéter comme une litanie au cours de la lecture : c'est de la fiction OK, mais y a du vécu là-dedans. Au vu des biographies plutôt étoffées qui précédent chaque texte, on se dit que ceux-ci ont été écrits avec les tripes du vécu, d'un passé (ou d'un présent) qui ne peut rejaillir et éclabousser – à des degrés divers - la fiction. La littérature de ces gueules cassées est ordonnée selon un découpage presque digne d'un manuel de la littérature américaine mauvais genre : l'introduction de Patrick Carrer replace en contexte et explique les différents mouvements littéraires qui structurent l'anthologie en quatre parties (Néo-beats, Méta-réalistes, Off-noir, Inside out). Il serait vain ici de tenter de paraphraser l'introduction, allez-y plutôt voir. Vous vous prendrez en pleine face le quotidien des toxicos, la dépravation sous toutes ses formes, des hallucinations horrifiques, des instants scatologiques. Mais énumérer les phénomènes qui peuplent ce Livre des fêlures ne lui rendrait pas justice. On n'est pas dans la succession, on ne peut prendre ces nouvelles une par une. La suivante donne à la précédente toute sa noirceur, ajoutant autant de ramifications aux fissures annoncées en introduction.
Nous saluerons plus particulièrement les "Variations Prozac" de Tom Grimes, véritable journal de la vie – ou de la tentative de vie – sous médocs, écrite d'une façon directe, épurée. Le narrateur/auteur écrit, se regarde essayer d'écrire, lit et revient sur ses lectures, le tout sous l'influence des substances qu'il est contraint d'ingérer pour soigner son trouble bipolaire. Véritable questionnement sur le sens de l'écriture, sur le rapport entre les formes (forme courte, roman) et la santé mentale, sur fond de prescriptions médicamenteuses plus longues que le bras. Cet extrait de journal intime, au final, est une quasi "poétique" des antidépresseurs : "Nostalgique du Prozac, j'ai décidé, si jamais j'écrivais à nouveau, de diviser mon œuvre en périodes. Picasso a eu sa période bleue, puis une période cubiste et une douzaine d'autres : les miennes seraient pré-prozaquienne, prozaquienne, post-prozaquienne, pré-lamictalienne, lamictalienne solo [...], lamictalo-klonopinienne, jusqu'à l'actuelle ère lamictalo-klonopino-wellbutrinienne."
On referme l'anthologie, le cœur explosé en mille morceaux. Et, bon sang, ce que ça fait du bien.

Citation

Ainsi se consument les étoiles, pour, une fois réduites en cendres, devenir toutes noires.

Rédacteur: Estelle Durand samedi 25 décembre 2010
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