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Une salope. Habituellement, en bon seigneur de la route qui sait comment se faire respecter, ce genre de clientes il leur colle au train, les harcèle à grands coups de phares et d'avertisseur multicorne, et c'est vrai que trente tonnes de tôles bien poussées par un mec seul derrière son volant, ça fait vite sa petite impression.
Sébastien Gendron - Chevreuil
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samedi 27 avril

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Roger Facon ou le trait d'union culturel

MAJ samedi 27 avril

Roger Facon ou le trait d'union culturel

07 novembre 2009 - En voyant naître à Aniche une Biennale du polar parrainée par un trio de "polardeux" renommés – Frédéric H. Fajardie, Didier Daeninckx et Jean-Bernard Pouy – en 2001, soit l'année où Roger Facon, lui-même auteur de romans noirs et qu'une solide amitié lie aux trois parrains, était nommé adjoint au maire chargé de la Culture, on pourrait se dire que le tout nouvel édilisé avait naturellement mis sa nomination à profit pour valoriser son champ littéraire de prédilection et ses amitiés de plume. Ce serait commettre une erreur… parce que cette appellation claire et sans appel désigne en fait une manifestation bien moins unigénérique qu’il n’y paraît.

À l’instar de la plupart des salons noirs, la Biennale offre à chaque édition un programme éclectique, où les rencontres-dédicaces, certes morceau imposé, sont loin d’être seules à tenir l’affiche. Ainsi trouve-t-on à leur périphérie des concerts, des animations de spectacle vivant… et des événements un peu plus décalés – pas de doute, il y a du décalage dans l’air quand on se propose d’élire une "Miss Polar"… Précisons que tout cela tient en une journée – cela s’appelle un mélange serré et fort en goût.
Au-delà de cette variété bon enfant, la biennale anichoise a en outre une "marque" bien particulière que lui a imprimée Roger Facon peu après sa naissance : le trophée Georges Hugot. Un salon une récompense… rien que de très attendu. Sauf que le trophée en question ne porte pas le nom d’une personnalité liée à l’univers du polar et que ledit trophée consiste en un bronze original, coulé tout exprès pour l’occasion et à chaque fois différent parce que créé en fonction du lauréat par un sculpteur de la région, Stéphane Noblet. Au fait, qui est Georges Hugot ? Un sculpteur et artiste peintre local né en 1922 et décédé en 2000, qui fut aussi journaliste, enseignant à l’école des Beaux-Arts de Douai, et membre de l’équipe municipale d’Aniche de 1983 à 1995. Élève du sculpteur Henri Bouchard – grand nom de l'entre-deux guerres dont de nombreuses œuvres ont été cédées au musée de la Piscine à Roubaix, où elles seront exposées au public dans une salle qui devrait être achevée en 2011 – et proche de César, il a réalisé plusieurs sculptures monumentales implantées dans le tissu urbain d’Aniche dont la plus fameuse est peut-être le Monument du Verre et du Charbon.

Le lien entre la Biennale et Georges Hugot devient réseau de nœuds ténus quand on apprend que Stéphane Noblet est un grand admirateur de l'artiste et qu'il a été chargé de restaurer le Monument du Verre et du Charbon abîmé par les intempéries. Des nœuds auxquels s'ajoute la création du trophée René Adelmant destiné à récompenser le meilleur court métrage projeté lors du Festival du court métrage noir inauguré en 2009 : d’une part René Adelmant (décédé en 1996), lui aussi sculpteur et fou de cinéma, a été l’élève de Georges Hugot, et c’est encore à Stéphane Noblet que l’on a confié la réalisation du bronze que recevra le lauréat de ce nouveau prix…

Comme pour affirmer plus haut encore que l’on peut voguer plein cap sur la littérature policière sans pour autant exclure du voyage d’autres formes artistiques pas forcément noires, le premier trophée Georges Hugot fut décerné à Paul Faidherbe, un artiste peintre originaire de Villers-au-Tertre (malheureusement décédé en mai dernier). Sa peinture n’a rien à voir avec le polar mais le lien noir existe bel et bien – le jury qui l’a récompensé était composé d’auteurs de polars… et d’épouses d’auteurs de polars ! Avec les deuxième et troisième trophées, les jurés se sont quelque peu recadrés en distinguant respectivement Didier Daeninckx et Jean-Bernard Pouy. De composition changeante, le jury s’en tient à une ligne de conduite qui elle ne varie pas : laisser parler son cœur et son engouement pour un artiste – écrivain ou non – plutôt que de trop se contraindre à un formalisme d’étiquetage…

"C'est quand même un peu déjanté, tout ça…" nous confiait Roger Facon de vive voix. Un "déjantement" qui, en tout cas, sert à merveille la culture : c'est une démarche à saluer bas que de parvenir à honorer ainsi, en une seule manifestation de noir colorée, aussi bien les arts plastiques que la littérature et le cinéma tout en dynamisant les forces créatrices d’une région. Puissent la Semaine noire et la Biennale du polar vivre longtemps dans le Douaisis animées de ce même esprit. Soit dit en passant, on aimerait beaucoup que tous les acteurs culturels ou se prétendant tels – surtout ceux logeant dans les plus hautes sphères – comprennent aussi bien que Roger Facon ce que "culture" peut vouloir dire…

Et pour finir dans une tonalité qui corresponde à ce que Roger Facon s'efforce d'instituer à travers la Biennale du polar, voici quelques liens à suivre depuis nos zones noires pour en savoir plus sur Henri Bouchard, découvrir les œuvres et la démarche plastique de Stéphane Noblet, ou prendre la mesure de ce qu'est le musée de la Piscine roubaisien…
Quant à Paul Faidherbe, on aura un aperçu de son travail grâce à cette page qui lui est consacrée sur le portail des Gens du Nord et leurs œuvres.
Liens : Didier Daeninckx | Frédéric H. Fajardie | Jean-Bernard Pouy | 48 2009 | 30 2010 Par Isabelle Roche

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