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Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Claude Bleton
Arles : Actes Sud, septembre 2013
476 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-02246-4
Coll. "Actes Noirs"
Toile d'araignée noire
On ne le dira jamais assez : les frontières entre littérature dite noire et littérature dite blanche sont de plus en plus poreuses. D'où ce roman, qui met un certain temps à mettre en place ses personnages, sur lesquels toute l'intrigue est centrée avant de devenir peu à peu un (excellent) polar. Un peintre sur le retour, Eduardo, est engagé par une violoniste de renom pour exécuter un portrait. Mais pas le sien : celui de l'assassin de son fils. Comme Eduardo a purgé une peine de quatorze ans de prison pour avoir abattu le chauffard qui causa la mort de sa femme et de sa fille, il semble à même de faire ce travail... Sauf qu'il va ouvrir une porte donnant sur un passé où les victimes et les bourreaux ne sont pas forcément ceux auxquels on croit et où la vengeance est bien illusoire. Pour une fois, la quatrième de couverture n'est pas mensongère : "Assemblant sous les yeux du lecteur les mille et une pièces d'un terrifiant puzzle, Victor Del Árbol signe un roman vertigineux de maîtrise, glaçant de noirceur et désarmant d'humanité." On ne saurait mieux dire ! Le plus incroyable est encore la façon dont l'auteur tisse une toile d'araignée autour de personnages nombreux, mais sans faille, où les nombreuses révélations découlent logiquement de la personnalité de chacun et ne font jamais artificiel. Mais La Maison des chagrins est également un roman noir, très noir même, qui ne rechigne pas devant une violence éprouvante, tant physique que psychologique, même si on peut difficilement la qualifier de gratuite : simple conséquence logique du monde tuméfié qui nous est décrit. Le tout servi par une langue riche, foisonnante, bourrée de bonheurs d'écriture que pourraient lui envier bien des starlettes de la "blanche" sans jamais tomber dans l'écueil du surécrit ou du bon mot, servi par une traduction remarquable. Pour le lecteur habitué aux facilités du thriller industriel, il s'agit également d'un roman exigeant : ce n'est pas "quelque chose de pas prise de tête pour lire dans le métro", ce texte viscéral, mais aussi austère, demande une bonne concentration pour ne pas perdre une miette de ses nombreuses richesses. Un certain travail du lecteur donc, qui s'avère profondément gratifiant. Comme avec toute bonne littérature, quoi...
Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2014
Les Étoiles du Parisien / Aujourd'hui en France "Polar" 2013
Citation
Pour intimider quelqu'un, il ne suffit pas de le menacer. Il faut instaurer la possibilité d'un danger réel.