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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre
Paris : Le Cherche midi, septembre 2011
400 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7491-1559-7
Coll. "Thriller"
Un nouveau chant de Noël !
Un ancien personnage de Charles Dickens mène une enquête pour sauver une orpheline et anéantir un réseau de prostitution dans le Londres de 1860. Le premier thriller historique de Louis Bayard.
Timothy Cratchit a maintenant vingt-trois ans. Il mesure cinq pieds huit pouces et pèse cent cinquante-quatre livres. Grâce aux soins, payés par Ebenezer Scrooge, son handicap n'est plus qu'une légère claudication. Mais, il est sans situation, vivant de la générosité "d'oncle Nezer", ce qu'il accepte difficilement.
Un homme lui indique l'adresse de Mrs Ophelia Sharpe. Cette dame tient une maison close. Elle l'adopte et lui demande, contre le clos et le couvert, de lui apprendre à lire. Il loge dans une petite chambre à côté de la salle des tortures. C'est depuis sa fenêtre, donnant sur la cour, qu'il remarque une bâche qui ondule. La tête d'une fillette apparaît fugitivement, puis la bâche et l'enfant disparaissent.
Timothy est obnubilé par la vision d'une gamine assassinée, abandonnée en pleine rue. Il avait entrevu, sous ses haillons, un G et deux yeux marqués au fer. Il assiste le capitaine Gully pour repêcher des cadavres dans la Tamise. C'est ainsi qu'il remonte le corps d'une enfant qui porte la même brûlure. Ces fillettes ont toutes les mains crispées, comme de véritables serres.
Il retrouve celle qui fuyait sous la bâche, mais il peine à l'apprivoiser. À partir de maigres confidences, il comprend qu'un grave danger menace les petites filles des bas-fonds de Londres. Avec Colin, un gavroche londonien, il se lance dans une enquête où il va découvrir un nouveau volet de l'horreur...
Louis Bayard prend Tiny Tim comme héros, un personnage de A Christmas Carol (Un chant de Noël) de Charles Dickens. C'est le jeune fils handicapé de James Cratchit, l'employé maltraité de l'affreux Ebenezer Scrooge. Ce garçon est l'un des artisans de la rédemption de l'employeur de son père. Lorsqu'on sait que Charles Dickens a écrit ce conte pour payer des dettes, on comprend pourquoi l'usurier est si odieux.
Louis Bayard projette ce jeune garçon, une vingtaine d'années après, le confrontant, par grandeur d'âme, à un réseau de prostitution particulièrement ignoble. (Y en a-t-il d'autres ?)
Il construit un cadre s'inspirant de celui cher à Charles Dickens tout en faisant affronter à ses héros des démons plus sexués, approcher des perversions plus adultes que celles proposées par son prédécesseur. L'auteur choisit de planter son intrigue dans la période qui précède Noël et conclut son histoire pour le jour de la fête. Cette époque lui permet de créer une atmosphère de froid, de pluie, de brouillard...
Louis Bayard s'est amusé à disperser, au fil de son récit, nombre de références à l'auteur dont il reprend le personnage, que ce soit des lieux, des ambiances, des situations. Cependant, il n'est pas nécessaire d'être un "dickensien" averti pour apprécier ce livre. L'histoire est écrite de façon adroite, la tension de l'intrigue croît au fil des pages et les personnages sont croqués avec justesse et véracité.
L'auteur fustige cette haute société intouchable, source de perversions et de débauches. Il mène une réflexion sur le sort des enfants isolés qui survivent dans des conditions extrêmes, conditions que l'on a du mal à concevoir aujourd'hui, mais dont l'existence nous rattrape en regardant dans les pays plus déshérités que le nôtre.
Mais Louis Bayard, instille, avec son héros, beaucoup de sensibilité, voire de mélancolie face aux difficultés du deuil, à la déchirure de la perte d'un être cher. Timothy est hanté régulièrement par le fantôme de James Cratchit, décédé six mois auparavant.
Avec L'Héritage Dickens, Louis Bayard signe son premier thriller historique, un roman de belle facture, servi par un sens acéré de l'intrigue, un goût pour les personnages tout en demi-teintes, parfaitement humains avec leurs faiblesses, leurs défauts, avec leurs éclairs de rédemption, de grandeur.
Citation
On voit de ces choses, Peter. De jeunes filles mortes avant même d'avoir vécu, pardi. Comme si elles ne se demandaient pas, elles, avant de rendre l'âme, pourquoi on leur imposa tant d'épreuves ?