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Roman - Policier

Hilarion : l'araignée d'Apollon

Historique - Assassinat - Complot MAJ vendredi 22 septembre 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Christophe Estrada
Arles : Actes Sud, septembre 2016
436 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-06629-1
Coll. "Actes Noirs"

Si Versailles m'était conté

Surtitré Hilarion, voici le deuxième volet d'une série à la fois historique et policière entamée en 2012 avec Hilarion : l'énigme des fontaines mortes. Il est toujours compliqué de monter un roman de ce genre, sans sombrer dans les écueils. Ici, l'équilibre est bien trouvé entre les éléments historiques et l'intrigue policière, de facture très classique. De plus, à la manière de la série sur Nicolas Le Floch, de Jean-François Parot, des aventures plus cape et épée maintiennent également l'attention, mais avec un arrière-plan qui joue déjà plus sur le sombre, la noirceur et l'annonce de la chute de cette monarchie. Nous sommes en effet au début du règne de Louis XVI. L'ambiance est électrique car les grands du royaume estiment que le jeune roi n'est pas armé pour lutter contre les dissidences éventuelles, et chacun avance ses pions pour prévoir un roi de substitution, à défaut placer ses amis comme éminences grises du nouveau régime. L'intrigue se déroule dans les décors somptueux de Versailles, avec un regard appuyé sur les défauts de ce système : nobles affairés à leurs propres manigances, domesticité qui tente de s'enrichir par de petits détournements, et gardes militaires qui se laissent corrompre avec une facilité déconcertante. Des détails montrent un univers éloigné de ce que l'on pourrait penser : petits métiers qui assurent l'entretien, gens logés dans le château et qui passent leur temps à se plaindre, prostituées qui s'ébrouent dans les jardins à la nuit tombée, gardes suisses qui entre deux tours de surveillance vendent boissons et nourriture aux passants.
Par dessus ce décor, Hilarion, le héros de cette série débutante, est un noble un peu décalé, imbu de ses qualités de bretteur, et agent spécial du roi. Ici, tout commence avec la découverte d'un pendu. Or, cette victime est l'un des nobles proches du roi par ses fonctions. Toujours est-il que si sa mort est mystérieuse, sa vie et ses activités le sont tout autant. Visiblement, il était lié à un chantage contre le roi : en effet, il aurait disposé de lettres dont il aurait pu se servir pour écrire des libelles mettant en cause les mœurs de la reine. Agissait-il seul ou pour le compte d'une grande famille ? Les meurtres vont se succéder. Hilarion est de plus en plus inquiet car les soupçons sont détournés par les "méchants" de l'histoire sur lui et son domestique, un ancien galérien...
Par delà une enquête de nature assez classique (les différents morts sont autant de petits cailloux qui rapprochent du véritable coupable), le récit emprunte aussi au roman à la Alexandre Dumas avec ses duels, ses joutes oratoires, ses chevauchées et marivaudages avec les suivantes de la reine. Louis XVI apparaît en ombre chinoise, comme inaccessible, silencieux mais pouvant diriger les affaires de l'État. Descriptions détaillées et très sérieuses de la vie à la cour de Versailles, que ce soit des rapports complexes entre les clans nobiliaires, les volontés de domestiques ou des petites gens de prendre leur part du gâteau, ou celle des petites gens de Paris, L'Araignée d'Apollon est également une aventure rythmée. De plus le personnage central, même s'il sait se battre, n'est pas forcément un parangon de vertu et n'apparaît pas forcément comme éminemment sympathique : lui aussi s'insère dans cette société, dans ces rapports de force incertains, où l'ascension peut révéler une chute soudaine, où tout n'est que sourires et courbettes, mais en même temps préparation de complots machiavéliques pour faire chuter un adversaire ou un soutien de ses ennemis. Comme son héros se livrant au duel, Christophe Estrada gagne ses lecteurs à la force du poignet.

Citation

Votre bâtardise, quoique connue trop tard, m'a été avouée par la comtesse. Cela rendra notre affaire plus facile à traiter, chevalier. Que pourrait un bâtard contre moi ?

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 22 septembre 2017
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