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Mafia calabraise : les dix commandements


Grand format
Inédit
Tout public
250 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-84343-983-4
Tu ne tueras pas. Enfin, peut-être pas....
Les 'ndranghetistes (ainsi se nomment les mafieux calabrais), sont de sacrés chicaneurs obsédés par le respect, les règles, les rituels. À les en croire. Car en fait, cet essai démontre que cette obéissance monastique n'est qu'une façade, et le code de l'honneur, un fatras de légendes destinées à nous éblouir. Codes, codicilles, notules, tout cela n'existe en effet que pour la galerie. La loi du silence ? Les 'ndranghetistes sont en réalité d'impénitents bavards, qui aiment tellement s'entendre deviser qu'ils finissent toujours pas vendre la mèche aux autorités. Pour preuve ces centaines de notes compulsées par les auteurs, tant des PV judiciaires que policiers, voire ces pizzini, notes manuscrites que les détenus se passent entre eux sous le manteau, si nombreuses et si loquaces qu'il n'est guère besoin de faire pression sur l'un d'entre eux pour obtenir des renseignements de première main... Eux-mêmes du reste savent à quoi s'en tenir, quand leur second commandement : "Tu ne trahiras pas", suppose la trahison déjà en ordre de marche... Ils prétendent pareillement détester la police, mais ils en sont les plus fervents supporters, qui n'hésitent jamais à s'en servir ou la servir pour régler leurs comptes. Ce qu'ils sont au final ? Des barbares assoiffés de sang. Rien à voir avec l'honneur. Leur histoire est jalonnée de dénonciations et de sauvageries sans nom. Les 'ndranghetistes pratiquent en fait la double morale qui s'énonce en règles ridicules autorisant tout juste l'élaboration d'une mythologie de pacotille. Il n'y a pas de mafia respectable, martèlent nos essayistes, exemples à l'appui, pas de vieux patriarches inspirés sur la fin de leur vie. Il n'y a que des fables, que nos auteurs s'ingénient à défaire avec méticulosité, tout comme la culture qui les diffusent et l'idéologie qui les justifient. Et de ce point de vue critique, il faut reconnaître que l'essai est une merveille, qui décrit jusque dans le détail la structuration sociale de la mafia calabraise et décrypte tous les outils d'une tradition inventée. Et si la mafia tue moins aujourd'hui, c'est qu'elle en a moins besoin : elle peut compter sur un solide réseautage dans le monde des affaires et de la politique pour accroître ses finances, ce dont l'Italie de Berlusconi nous avait affranchis.
Citation
Cinquième Commandement de la mafia calabraise : commander, c'est mieux que baiser.

