Dashiell Hammett, mon père

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Mémoires - Noir

Dashiell Hammett, mon père

MAJ jeudi 04 juin 2009

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Jo Hammett
Dashiell Hammett : A Daughter Remembers - 2001
Avec la collaboration de Richard Layman & Julie M. Rivett
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Natalie Beunat
Paris : Rivages, mai 2009
192 p. ; illustrations en noir & blanc ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-1972-5
Coll. "Noir", 736

Hammett : entre pudeur et noirceur

Autant vous le dire tout de suite, il n'y a rien aucune révélation choc dans ce document. Pas même à la fin quand Jo Hammett raconte le Terrible Secret détenu par Lillian Hellman. Donc, ne vous attendez pas à des passages croustillants. Jo Hammett est la cadette de l'écrivain américain Dashiell Hammett. À travers 180 pages, elle évoque ses souvenirs. En ressort un Dashiell Hammett ambigu. Tendre et cruel. Abandonnant sa femme à ses multiples angoisses, mais en ne rompant jamais les liens. Trouvant son courage dans l'alcool. Détruit très jeune par la tuberculose. Intègre, franc du collier. Outrancier et capable d'être mufle à table avec sa fille quand il drague sa jeune voisine. Vivant une véritable histoire d'amour avec Lillian Hellman (sans pour autant lui être fidèle). Lillian qui devint après sa mort son exécutrice testamentaire, excluant sa famille d'une main de fer. Beaucoup de pudeur et aussi discernement. Quand Jo compare Lillian à du cholestérol : le bon et le mauvais. Effets contraires aux destins liés. On la sent adulte très tôt. Elle pressent que Lillian ne l'aime pas mais compose et qu'elle doit, en retour, faire de même pour se simplifier la vie. Sa grande sœur, Mary, est alcoolique comme son père. Pire, elle souffre de troubles psychologiques et est très vite exclue du giron familial. Quand, après la mort de Dash, Lillian lui apprend que sa sœur est le fruit d'une liaison éphémère qui a conduit Hammett grand seigneur à épouser sa mère, Jo est soulagée, ce n'est pas l'hérédité paternelle. Avant de comprendre que c'est encore pure imagination de la part de celle qui racontait les Traditionnelles Pièces de Théâtre du mois.

Un témoignage intéressant amoindri par la version poche qui ne suffit pas à mettre en valeur les illustrations en noir et blanc, ici trop réduites, trop resserrées. Reste le texte empreint d'une sensibilité et d'une douce retenue qui lui permet de prendre une autre ampleur. Regard à la fois chaleureux et froid sur un père somme toute plutôt égoïste, incapable d'une vie de famille, se déchargeant de ses devoirs en déposant régulièrement l'argent sur la table. Un homme au physique fragilisé lors de la Première Guerre mondiale. Physique soumis aux rudes épreuves de l'alcool et du tabac. Pas ménagé pendant la chasse aux sorcières et les six mois d'emprisonnement qui suivirent un refus de témoigner devant la commission législative de l'État de New York au milieu des années 1950. Et qui ne refit jamais entièrement surface par la suite. Terminant ses jours dans un hôpital militaire après un ultime baroud d'honneur suite à la fureur contenue dans une geôle alors même qu'il était claustrophobe. Un écrivain talentueux adepte des gadgets et admiratif de toutes les nouveautés possibles, de "poser un regard neuf sur des choses évidentes". C'est sans doute pour ça qu'on lui doit le hard boiled


On en parle : Lire n°376 |Carnet de la Noir'Rôde n°38 |La Tête en noir n°138 |La Tête en noir n°139

Citation

La seule solution, jusqu'à présent, a été de considérer Lillian de la même façon que je considère le cholestérol. Il y a le bon et le mauvais cholestérol.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 03 juin 2009
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