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lundi 29 avril

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Roman - Noir

À balles réelles

Politique - Social - Révolution MAJ jeudi 12 octobre 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Sergio Ramirez
Tongolele na sabia bailar - 2021
Traduit de l'espagnol (Nicaragua) par Anne Proenza
Paris : Métailié, octobre 2023
304 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1323-1
Coll. "Noir - Bibliothèque hispano-américaine"

De la révolution à la répression

Dolores Morales est nicaraguayen. Ancien sandiniste devenu policier, il a eu de plus en plus de mal avec les autorités de son pays, transformé en une dictature "classique" d'Amérique latine. Il a alors quitté la police et est devenu un privé. Mais il a aussi commis, après la mort de son ami Lord Dixon, quelques petites erreurs ce qui lui vaut de s'exiler. Et là, il est accompagné par la police qui vérifie qu'il passe bien la frontière. Mais à peine est-il de l'autre côté qu'il engage un passeur pour revenir. Passeur qui ne tarde pas à être abattu par des tireurs embusqués. Mais Morales revient quand même à Managua au moment où des révoltes étudiantes éclatent. Une partie de la contestation est née d'une volonté de la femme du président : conseillée par des devins, elle entend installer des arbres métalliques dans toute la capitale. Morales va assister à la contre-révolte avec des forces paramilitaires, des voyous embauchés par le pouvoir pour mater de manière sanglante les émeutes. En même temps, il aimerait en savoir plus sur un mystérieux masque qui envoie des messages sur Twitter, révélant la vérité que certains s'appliquent à cacher.

L'intrigue policière n'est pas la partie la plus imposante du récit. Il y a bien la mort du passeur au début (dont on suivra un peu l'histoire au fil du récit), mais l'essentiel du roman est l'évocation de ce mouvement révolutionnaire qui, après la prise du pouvoir, tend à vouloir le garder, quitte à se comporter de manière aussi effrayante que celle de ses prédécesseurs, un peu comme une paraphrase de l'adage : "Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument". Sergio Ramirez s'attarde de manière précise sur la façon dont le gouvernement prévoit la riposte sanglante pour étouffer la rébellion étudiante, comment ses nervis en profitent pour se livrer à des exactions violentes, sanglantes. Cette description qui occupe une partie du livre et qui correspond à des événements réels (et qui valut à son auteur les foudres du gouvernement) est précise et documentée. Inspiré des romanciers d'Amérique latine, l'auteur décrit son personnage assisté par le fantôme de son ami, dans une lente descente dans les enfers du pouvoir, parsemée de portraits de gens du quotidien qui essaient de survivre dans cet univers violent, peuplé de mensonges, portraits émouvants. C'est plus dans cette description et dans le récit des événements, décrit dans leur noirceur sociale, que dans l'enquête que le lecteur trouvera son compte.

Citation

Six cercles rouges, six zones à nettoyer. Plus la manifestation qu'il faut dissoudre. On court le risque de se retrouver à se tirer dessus les uns les autres. Chaque force d'intervention doit porter un signe distinctif. Le voilà tout à coup qui s'entend faire les propositions qui lui traversent l'esprit, malgré sa réticence et son humiliation. Il cherche à se placer, pense-t-il.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 12 octobre 2023
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