La Lionne

Le nombre de sites consacrés au suicide... on n'imagine pas. Dès qu'on à les mots-clés, on a l'impression que la planète ado ne pense qu'à se flinguer. Les gens croient qu'on ne pense qu'au sexe à quinze ans, eh bien pas du tout : on ne pense qu'à la mort.
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lundi 29 avril

Contenu

Roman - Thriller

La Lionne

Social - Terrorisme - Urbain MAJ mercredi 06 septembre 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

François Dupaquier
Paris : Flammarion, mai 2023
454 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-08-042394-8
Coll. "Thriller"

Quand rugissent les montagnes et les cités

Tara Vaillant est une jeune policière dans les quartiers sensibles de la banlieue, rattachée au commissariat de Bobigny au sein duquel elle dirige une brigade. Sa vie privée est quelque peu chaotique entre une mère décédée dont l'absence laisse des traces et sa quête, pour l'instant inaboutie, de l'âme sœur. Elle semble toutefois avoir presque trouvé l'oiseau rare en la personne de Baz qu'elle a rencontré dans ses recherches "familiales". Sa mère avait travaillé comme infirmière en Irak et aidé les kurdes et les Yezidis lors d'attaques de Saddam Hussein. Revenue en France pour accoucher de Tara, elle n'avait alors pu repartir. À présent que son père, vieillissant, ne lui parle plus beaucoup, Tara aimerait en savoir plus sur l'Irak avec lequel elle se sent confusément des attaches et elle part rencontrer des kurdes en exil, des femmes et des hommes encore hantés par la guerre. Cet intérêt va se trouver encore renforcé par sa nouvelle enquête qui la mène dans une cité où, à la fenêtre d'un HLM, un homme a été retrouvé pendu. Même s'il s'agit sans doute d'un suicide, il faut aller vérifier et surtout se préparer au caillassage ce certains habitants des lieux. Après avoir enduré quelques projectiles, Tara Vaillant peut accéder au corps. Il lui est alors difficile de penser à un suicide car la victime avait les mains attachées dans le dos. Un personnage falot, que les voisins auraient du mal à lier aux trafics divers de la cité. Quelques temps après, une deuxième mort suspecte intervient. Cette fois-ci, une jeune femme sans histoire a également été tuée. Mais l'affaire se corse quand les services secrets s'approchent de Vaillant. Un "célèbre" djihadiste, revenu d'Irak où il a participé de manière sanglante à Daech est en prison. Et il sait beaucoup de choses mais refuse de parler. Or, à présent, il est prêt à discuter avec Vaillant. Cela cache-t-il quelque chose ? Sera-t-elle prête à aller jusque en Irak, un pays toujours en proie aux convulsions sanglantes pour chercher un embryon de vérité ?

François Dupaquier nous propose un roman très prenant. Si le prologue donne quelques pistes au lecteur attentif, le récit éclaté entre la France et l'Irak, entre différents personnages (dont des meurtriers, de nombreux protagonistes qui ont une double facette) et des crimes dont on se demande au début quels sont les buts réels (logiques et racontés de manière crédible). Tara Vaillant, le personnage central dont nous allons suivre la trajectoire, est une jeune femme sans illusion sur le monde mais qui essaie quand même d'y trouver une place intéressante. Elle est ballottée au gré des événements et des chausse-trappes de la realpolitik. Sur fond de questions intelligentes (faut-il se venger quand la justice ne passe pas ? Peut-on pardonner ?) Le roman s'intéresse aussi à des êtres humains qui se révèlent être des bourreaux ordinaires, au sens où le définissait Hannah Arendt, en même temps qu'il propose des "héros" anonymes, des petites gens qui font leur part du travail d'humanisation du monde. Servi par un sens du rythme et une intrigue efficace qui sait jouer à la fois les scènes d'action et les moments intimistes et qui réserve, jusqu'à la fin, son lot de rebondissements, La Lionne est un thriller nerveux, efficace, qui se dévore.

Citation

La gorge de Medhi s'ouvrit. Medhi se vida de son sang par l'artère ouverte. Il voyait l'assemblée rugir, de moins en moins nettement. Il eut tout le temps de penser qu'il mourait. Je meurs. Papa, maman, je meurs. Medhi mourut.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 06 septembre 2023
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