Les Malvenus

L'édito, en anglais, était très bref : où fallait-il chercher les causes de la violence ? Dans la société ? Le contexte historique ? L'éducation ? Ou dans ces portions de chromosomes que l'on appelle les gènes ?
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samedi 27 avril

Contenu

Roman - Policier

Les Malvenus

Social - Guerre - Rural MAJ mardi 15 août 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Audrey Brière
Paris : Le Seuil, février 2023
348 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-151324-0
Coll. "Cadre noir"

Relent de fin de monde

Dans le petit village bouguigon de Haut-de-Cœur, survit un comte désargenté alcoolique, en se promenant et en s'occupant peu de son fils, depuis la mort de sa femme. Un industriel pose les bases de son empire. Des bonnes sœurs tiennent un couvent où l'on accueille des orphelins, parfois même les enfants adultérins de ces mêmes bonnes sœurs. D'ailleurs, un grand nombre de ces orphelins restent après vivre à proximité. Parmi eux, Matthias Lavau ou Thomas Sorel. Des années ont passé. Les enfants ont grandi. Le comte est mort et son fils amoureux d'une jeune femme a vu celle-ci le quitter pour épouser Thomas. De dépit, il s'est lui aussi marié et a eu un fils. La guerre de 14 a éclaté et les deux hommes sont partis pour le front. Là, le nouveau comte a essayé de tuer dans les tranchées son ennemi intime avant de déserter. En rentrant il a découvert que sa femme et son fils avaient été sauvagement tués (sans doute par des sbires de l'industriel, qui avait engagé comme bras droit Thomas). Depuis, il vit de braconnage à proximité des ruines de son château. Nous sommes maintenant en 1917, la vie est de plus en plus difficile. Matthias est revenu au pays comme policier et doit surveiller les braconniers et les gens qui vivent du marché noir, essayer de retrouver le comte qui est déserteur et s'occuper d'une jeune femme, devenue sa collaboratrice, qui hurle la nuit suite à des cauchemars angoissants. Quand la vieille Mélanie vient le voir pour lui annoncer qu'elle a retrouvé dans sa cave le cadavre de Thomas Sorel, unanimement haï de tous ou presque, l'enquête va paradoxalement se retrouver compliquée car tous se taisent et surtout le policier sait que parmi les principaux suspects, il n'y a que des gens qu'il aime bien...

Voilà un premier roman un peu surprenant. Tout d'abord, Audrey Brière ne joue pas avec les éléments qu'elle pourrait parfaitement connaître en s'installant dans une intrigue qui sent l'ancien roman populaire - un village aux lourds secrets, un comte déchu, des filles mères, des bonnes sœurs, des gens au cœur sec, des maisons isolées qui cachent des horreurs. Mais elle sait le faire sans que tout ça sente le faisandé. De plus, le roman s'installe dans un hiver rude, avec des difficultés de déplacement pour s'approvisionner, ce qui a pour conséquence de renforcer encore le caractère rude de l'enquête. Ses personnages ne sont pas emplis de certitude mais doutent, s'interrogent, vivent de cauchemars récurrents ou d'espoirs brisés. Il faut dire que peu de personnages ont épousé la personne qu'ils voulaient, ils n'ont pas forcément la vie qu'ils désiraient, mais ils font avec. Ne serait-ce quelques éléments plus modernes, on se croirait presque dans un récit médiéval avec une boucherie qui dispose d'une cave avec glacière où l'on entrepose les corps des morts, des corps que l'on va disséquer comme on peut. C'est dans cette atmosphère pesante, grise, que l'ensemble des acteurs se démène pour trouver un sens à la vie, dépasser un meurtre qui vient juste couronner des secrets enfouis depuis des années, des mauvaises actions cachées par les différents protagonistes. Avec Les Malvenus, Audrey Brière nous offre un récit d'ambiance, bien construit, de facture classique mais sachant décrire des lieux, des personnages, des situations. Une bonne entrée en matière !

Citation

Ignorant la route de sa demeure, il bifurqua sur un chemin qui serpentait entre les vallons. D'un côté, les prés désertés par les troupeaux, de l'autre, les vastes champs. Dans la blafarde lumière de l'aube, les collines majestueuses en imposaient dans leur manteau immaculé. Si l'on observait attentivement, on pouvait apercevoir la terre qui respirait imperceptiblement.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 15 août 2023
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