La Fabrique de la terreur

La liberté de penser n'existe pas pour l'Inquisition, nul n'a le droit de demander Et si ?, puis de laisser aller son imagination, d'échafauder des hypothèses. Dans un tel climat, comment la connaissance peut-elle progresser ? Le livre que j'écris en ce moment, par exemple, dans mon pays, je serais brûlé pour avoir osé coucher ces idées sur le papier.
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dimanche 28 avril

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Roman - Noir

La Fabrique de la terreur

Politique - Terrorisme - Révolution MAJ jeudi 22 juin 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,2 €

Frédéric Paulin
Paris : Folio, janvier 2022
406 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-291269-6
Coll. "Policier", 949

Être fidèles aux infidèles

L'action se déroule début janvier 2011. En Tunisie, un jeune vendeur, ne supportant plus le monde tel qu'il est autour de lui, s'immole par le feu, lançant la révolte contre Ben Ali. Une révolte qui va s'étendre et sera baptisée le printemps arabe. La journaliste Vanessa Benlazar observe les événements et décèle déjà la façon dont les islamistes se positionnent pour prendre le pouvoir. Elle aimerait en savoir plus en se rendant du côté de la Libye où le pouvoir vacille. En même temps, en France, une équipe de la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, basée sur Toulouse, s'intéresse aux premiers pas d'un certain Merah et s'inquiète des dérives terroristes de ces jeunes gens, dont certains partent s'entraîner au Moyen-Orient. Parmi ces jeunes idéalistes, un informaticien "risque" lui aussi de partir faire le djihad. La journaliste, son père, une légende des services secrets, l'équipe de policiers, un Tunisien qui redécouvre "juste" la foi, un soldat de l'ombre, chargé de repérer et de liquider les Français partis avant qu'ils ne reviennent sur le territoire français commettre potentiellement des attentats, vont se croiser, comme dans un théâtre d'ombres, de coups fourrés et de folie furieuse.

Frédéric Paulin nous promène depuis l'arrière-pays français où Benlazar père tente de vivre tranquillement, mais s'inquiète pour sa fille, journaliste trop intrépide et qui se met d'elle-même dans des situations impossibles, essayant de sauver un jeune emmené sans trop le vouloir dans les dérives terroristes. On croise des banlieusards de Lunel qui se radicalisent, des hommes politiques qui se voilent la face, car tout ça pourrait coucher cher, des policiers désemparés d'avoir des pistes sérieuses mais que personne ne veut suivre, des islamistes forts de leur bon droit, agissant par ruse pour s'insinuer dans les esprits fragiles des "immigrés de la troisième génération". L'auteur conclut ici sa "Trilogie Benlazar", une trilogie forte et prenante, sans faute. Servi par une écriture pointue et précise, par un sens du détail, par une facilité à décrire des personnages crédibles et prenants qui s'agitent sous nos yeux, le roman décrit une réalité dure, retisse des liens qui nous avions perdu de vue, décale son histoire vers des victimes qui veulent changer les choses, sans se douter que peut-être elles deviendront des bourreaux pires que ceux qu'ils veulent chasser. Au sein de l'histoire (en essayant de ne pas trop dévoiler), car nous savons nous ce qui se passe après, l'auteur glisse par allusions des petits détails qui annoncent une fin terrible et horrible, comme si nous étions complices, comme si nous étions solidaires de ces policiers, journalistes, ou citoyens, qui voient arriver la catastrophe, se démènent pour l'empêcher, tout en se doutant bien que leurs efforts seront vains. Une grande leçon de roman noir maniant l'histoire récente et le social (et qui prend le temps de ne pas oublier de raconter une histoire prenante), qui achève une trilogie qui impose déjà Frédéric Paulin parmi les grands noms des littératures policières et sociales.

Citation

Ils traduisent les hadiths en français et ils agissent sur le terrain : on le voit parler avec les camés du parc Jean-Hugo, parfois ils réussissent à en ramener certains sur le chemin qui mène à la bonne pratique de l'Islam. Simon aime leur devise : 'Le loup ne mange que la brebis égarée.'

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 22 juin 2023
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