L'Institut

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vendredi 19 avril

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Roman - Thriller

L'Institut

Fantastique - Social - Médical MAJ mardi 05 octobre 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,7 €

Stephen King
The Institute - 2019
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Le Livre de poche, août 2021
762 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-253-10342-4
Coll. "Imaginaire", 32767

Expériences interdites

Luke Ellis pourrait être un gamin de douze ans presque comme les autres, si ce n'était une intelligence hors-normes et de faibles capacités télékinétiques. Une nuit, il est brutalement enlevé de sa maison de Minneapolis par une équipe armée et se réveille dans une copie imparfaite de sa chambre, parmi d'autres enfants aussi paumés que lui. Que leur veut l'Institut qui se livre sur eux à des expériences traumatisantes confinant à la torture ? Qui pourrait bien chercher à transformer ces jeunes surdoués en armes ? Luke n'a plus qu'une obsession, s'enfuir et détruire l'organisation qui lui a tout pris avant d'être envoyé à "l'Arrière" comme les enfants qui l'ont précédé.

Réglé comme une horloge, Stephen King nous livre un roman annuel, et si ces dernières années, certains titres pouvaient donner une impression d'essoufflement, il redresse brillamment la barre avec L'Institut. Beau bébé de plus de sept cent cinquante pages dans sa version poche, ce dernier opus nous entraîne aux côtés d'une bande de gamins plus ou moins doués de capacités psychiques évoluées, enfermés et maltraités dans un mystérieux Institut caché au fin fond du Maine où ils subissent jour après jour des expériences humiliantes, douloureuses et incompréhensibles aux mains d'une équipe de médecins sadiques, dans un but dont ils ignorent tout. Si on y retrouve l'intérêt de Stephen King pour l'enfance, qui lui a donné quelques-uns de ses plus beaux textes, il s'y pose aussi en rupture en refusant tout recours au surnaturel. Ici, l'horreur ne vient pas de monstres du folklore mais bien d'un groupe d'adultes dont les buts nébuleux leur permettent de maltraiter des enfants. Avec sa galerie de personnages forts, du côté des enfants, unis contre l'adversité autant que de celui de leurs bourreaux, Stephen King prend le temps (parfois trop), d'ancrer son récit dans le quotidien le plus banal des États-Unis, pour mieux révéler les zones d'ombre du présent. Organisation gouvernementale dévoyée ? Partenaire privé associé à l'État ou œuvrant de son côté, l'Institut est autant le cousin des "black ops" de la CIA que des camps de rétention de Trump ou de toutes les installations "médicales" mises en place par les dictatures du siècle dernier, de tous ces endroits ou une supposée raison d'État autorise toutes les dérives. Roman très noir, l'Institut ne ménage pas ses personnages, quel que soit leur âge, et ne retient pas ses coups, malgré d'évidentes longueurs (mais cela fait longtemps que Stephen King tire à la ligne) qui viennent certes nourrir le vérisme du roman mais l'alourdissent parfois inutilement, quelques coïncidences un peu faciles et des tentatives répétées de nous égarer sur des chemins de traverse (ainsi, ce faux départ du texte, qui suit un personnage apparemment secondaire pendant des dizaines de pages pour mieux dresser le portrait des petites villes américaines frappées par la crise). Et si on pourrait évidemment être tentés de repérer ici et là des emprunts à d'autres romans de King (Carrie, Shining, Dead Zone...), ce serait oublier que le romancier le plus prolifique du fantastique américain n'a jamais cessé de rebattre les cartes de son propre univers pour interroger, encore et encore, l'humanité d'un monde largement incompréhensible. Un authentique page-turner comme seul Stephen King sait les écrire.

Citation

Les petits détails font les grandes histoires.

Rédacteur: Jean-François Micard mardi 05 octobre 2021
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