Le Bison de la nuit

Deux semaines, deux longues et interminables semaines que je me terre au Havre. Je mate par la fenêtre et me demande bien ce qu'il m'a pris d'accepter ce remplacement. Faut vraiment que je sois con parfois, j'en avais un autre possible du côté de Menton. Le sud, une terrasse au soleil, un bouquin entre les mains, une poignée de noix de cajou et une bonne bière bien fraîche, du genre Gouden Carolus Tripel par exemple. Mais l'idée d'inviter Élisa pour un week-end sur Étretat, envie de siffloter 'Le gentleman cambrioleur' de Dutronc dans la patrie d'Arsène Lupin au bras de la belle... On a beau être un ancien légionnaire, jouer du poing et du calibre, on peut être romantique, merde !
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mercredi 08 mai

Contenu

Roman - Noir

Le Bison de la nuit

Psychologique - Social MAJ mardi 05 janvier 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Public averti

Prix: 7 €

Guillermo Arriaga
El Buffalo de la noche - 2002
Traduit de l'espagnol (Mexique) par François Gaudry
Paris : Points, janvier 2010
272 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-1587-8
Coll. "Roman noir", 2295

Bison buté

Manuel et Tania sont amants. Tania et Gregorio sont amants. Manuel et Gregorio sont amis. Manuel et Gregorio sont ennemis. Gregorio se tire une balle dans la tête. Début de l'histoire.
Car pour Tania, Gregorio n'est pas encore mort, "il trame quelque chose [...] il n'est pas du genre à partir comme ça". Quant à Manuel, il vit encore chez ses parents. C'est lui qui raconte l'histoire. L'histoire de son amitié avec Gregorio qui se transforme en haine, en peur, en angoisses. Il raconte aussi ses amours, celui qu'il voue à Tania l'insaisissable, et ses passades avec Margarita (la sœur du défunt) ou Rebeca (une amie de l'université). Il raconte les secrets de la 803, cette chambre que loue Tania dans un motel où se jouent des scènes d'amour, de jalousie et de haine. Au centre de tout, il y a Gregorio, comme un ange noir qui enveloppe les survivants. Lui qui déjà vivant jouait avec ses amis, avec leurs peurs et avec les siennes, alternant les sorties nocturnes avec les enfermements en hôpital psychiatrique dans une même spirale autodestructrice, persuadé d'être dévoré de l'intérieur par des pince-oreilles. Manipulateur, "il exigeait cette loyauté de tous les instants, tout en la sachant fictive. Et pour l'obtenir il avait recours au mensonge, au chantage, aux menaces". Une ombre donc. Une ombre que même une balle n'a su dissiper ce mardi après-midi où il s'écroula dans sa salle de bains. Parce qu'"il semblait qu'aucun acte de Gregorio - vivant ou mort - ne fût inoffensif". Et c'est précisément ce que raconte le livre : la manière dont le suicidé continue de jouer avec ses amis qui reçoivent des lettres, des messages codés que personne n'a vraiment envie de décoder.

Au contraire de ses deux précédents livres, L'Escadron guillotine et Un doux parfum de mort, Arriaga choisit un cadre résolument urbain où un appartement, un motel, un hôpital psychiatrique, un zoo et un commissariat de police servent de décor à la chronique d'une jeunesse perdue mexicaine. Une jeunesse où l'on se demande qui est fou et qui ne l'est pas. Arriaga prend une certaine distance également avec cet humour noir qui le caractérisait et dont il maîtrisait parfaitement la recette. Il y a enlevé l'humour et n'a laissé que le noir. Et Arriaga s'en sort une nouvelle fois avec brio.

Citation

Le bison de la nuit va rêver de toi, dit-il. Il marchera à tes côtés, tu entendras ses pas, son souffle. Tu sentiras sa sueur et il s'approchera si près de toi que tu pourras le toucher. Et quand il décidera de t'attaquer tu te réveilleras dans la prairie de la mort. Alors tu cesseras de faire le malin, pauvre con.

Rédacteur: Gilles Marchand jeudi 31 décembre 2009
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