Lovecraft Country

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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Noir

Lovecraft Country

Fantastique - Social - Pastiche MAJ lundi 15 juin 2020

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,8 €

Matt Ruff
Lovecraft Country - 2016
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laurent Philibert-Caillat
Paris : 10-18, mars 2020
480 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-07610-6
Coll. "Domaine étranger"

Noir, c'est noir !

"Encore un machin lovecraftien", me suis-je dit in petto. Il est vrai que je suis un grand fan du maître de Providence et des pastiches qui ont abondamment enrichi son œuvre avec une pensée particulière pour Brian Lumley et August Derleth. Les dernières œuvres sorties sur le thème de manière abondante comportent quelques perles et quelques bouses sans nom. Nous allons voir que Lovecraft Country sort du lot à plusieurs titres.
Le genre du roman n'est pas très simple à définir. Outre une peinture sociale de la ségrégation dans les années 1950, on y trouve une lourde pointe de fantastique le tout traversé de traits d'humour absolument réjouissants. Une série de novellas délicatement enchainées par les aventures de deux familles noires de Chicago qui s'allient pour faire face à une sorte de loge noire franc-maçonnique ésotérique qui souhaite utiliser un de ces noirs pour... Pour quelque-chose que je ne spoilerai pas mais où il est question de livres dotés de pouvoirs. Toute cette épopée a pour origine Chicago et une dizaine de personnages importants auquel il faut rajouter le Guide du voyageur serein à l'usage des noirs, un guide très pratique où sont indiqués les commerces, stations-essence et restaurants où les noirs sont correctement reçus et peuvent par exemple utiliser des toilettes qui leurs sont réservés. La ségrégation décrite dans le roman peut aller jusqu'à l'exécution arbitraire (je suis allé vérifier et malheureusement c'est vrai). Vous allez me dire que ça se passait il y a soixante-dix ans (ce qui n'est déjà pas une excuse), mais il existe des endroits aux États-Unis, voire des États entiers, où ce genre de pratiques n'est toujours pas choquant, preuve en sont les innombrables faits divers qui émaillent la presse de ce fabuleux pays dirigé d'une main d'argent par un Donald, et l'exemple d'actualité du meurtre de George Floyd en est un exemple représentatif. Cela rend l'ambiance de tout le roman lourde d'une menace constante qui s'ajoute au complot intelligemment orchestré d'une résurgence de l'ordre adamite de l'Aube Doré, la fameuse loge noire. Le partage en novellas est une idée géniale qui ne gêne en rien la fluidité du tout, mais qui permet l'utilisation de thématiques très différentes, allant de passages vers d'autres dimensions, maison hantée, transformation de l'apparence physique et autres joyeusetés que je ne révélerai pas ici. Le tout dans un puzzle superbement construit et d'une impeccable logique. Et puis, bon... Il y a des shoggoths...
Le titre de l'ouvrage peut prêter à confusion, puisque certains ont casé Lovecraft et ses descendants littéraires dans des cases bien... confinées, tiens ! Cependant les références sont nombreuses quoique souvent subtiles. L'hommage est bien présent avec intelligence et subtilité, deux qualités de cet ouvrage hors norme. Enfin, il faut savoir que HBO a tourné une série sur le roman qui sort aux États-Unis en août 2020. Série dirigée entre autres par Jeffrey Jacob Abrams et Jordan Peele. Ça peut le faire !

Citation

... rien n'est plus frustrant que de parcourir des milliers de kilomètres pour retrouver les mêmes idiots racistes qu'on doit supporter chez soi.

Rédacteur: Jean-Hugues Villacampa lundi 15 juin 2020
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