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mardi 19 mars

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Roman - Thriller

Une journée exceptionnelle

Social - Trahison - Domestique MAJ mercredi 11 avril 2018

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Kaira Rouda
Paris : Charleston, avril 2018
350 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-36812-198-6
Coll. "Noir"

Par le menu

Cette "journée exceptionnelle" est le leitmotiv du personnage narrateur, Paul Strom, de neuf heures du matin à quatre heures quarante-cinq le matin suivant. Pétulant, rayonnant, il emmène sa jolie femme dans leur maison de campagne après avoir mis leurs adorables garçons chez la baby sitter. D'emblée, nous nous retrouvons dans un discours intérieur qui dérape vers le bavardage, vers l'angélisme à l'américaine, comme dans ces prologues de films de famille où tout est gentil, lifté avec des couples souriants et beaux avant que ne surgisse la peur au bout d'un quart d'heure...
Kaira Rouda, qui semblait plutôt orientée vers le sentimental contemporain, prend ici un étonnant virage en donnant la parole à un homme narrateur. Elle revisite ainsi la principale convention du genre : la focalisation sur le point de vue de la femme pour identification la plus intense possible de la lectrice. De fait, cet objectif est pleinement réussi et servi par une écriture dynamique. Comme le couple est pour ainsi dire toujours face à face lors de ces trois cent cinquante pages, on s'attache aux infimes changements de regard de la femme ainsi qu'aux notes discordantes de ses discours, nuances perçues du point de vue du mari. Buck, le charmant voisin des Strom est venu aider Mia pour ses plantations de fraisiers. Tom fait bonne figure car cette journée exceptionnelle est aussi celle du dîner en amoureux qu'il a prévu.
Nous savons que le discours est vicié, nous savons que le livre est un thriller domestique, nous avons lu la quatrième de couverture "un narrateur qui fait froid dans le dos... l'expérience atroce d'un mariage qui tombe en morceaux... un roman extrêmement prenant et angoissant...", mais le lecteur est piégé par ce discours faux qui s'étire, s'étire jusqu'à dix neuf heures trente, heure à laquelle le couple se rend au restaurant. Certes, par des apartés au lecteur, Tom a confié qu'il a eu des problèmes au boulot, qu'il n'est pas si calme qu'il paraît, que ceci et que cela... Bref, on sait (en creux) que c'est un harceleur sexuel, un type violent et un menteur. Mais le suspense est : quand donc sa femme va-t-elle s'en rendre compte ? Or, il y a une surprise qui remet tout le récit en question. Il fallait donc se taper ces centaines de pages de faux discours pour ce coup de théâtre littéraire ? Sans doute.
Voilà un thriller habile et nouveau dans sa structure, mais qui enferme le lecteur dans le mensonge et la distorsion de la réalité du personnage narrateur, discours lassant de banalités et de descriptions même si des petits indices y sont semés. Un épilogue, un an après, rédigé par la femme permet de retomber sur ses pattes en remettant en question son attitude pendant tout le livre. Théoriquement, c'est un tour de force, pratiquement c'est fatiguant. Il reste pas moins qu'à partir de la (très longue) scène du restaurant une authentique tension partagée par le narrateur, sa femme et le lecteur se met en place.
Au final, après la "PLAYLIST DE PAUL STROM POUR SA JOURNEE EXCEPTIONNELLE" qui liste toutes ses chansons entendues dans sa voiture (!), voilà la "NOTE DE L'AUTEUR" sur la notion "du narrateur douteux" qui enfonce le clou de l'explication de texte. Après les habituels, dithyrambiques et ridicules REMERCIEMENTS, on est achevé par le sidérant "QUESTIONS À DISCUTER DANS LE GROUPE DE LECTURE" où la romancière (et l'éditrice) ont pondu, à partir du roman, neuf questions détaillées et très ouvertes pour d'éventuels déballages et récits d'harcèlements moraux ou sexuels avec la gentille bibliothécaire ou libraire du coin.

Citation

Le menu est impressionnant, très lourd dans ma main, comparable au poids d'un marteau.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 04 mars 2018
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