Dynamique du chaos

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mardi 19 mars

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Roman - Thriller

Dynamique du chaos

Social - Drogue MAJ jeudi 26 janvier 2017

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Ghislain Gilberti
Paris : Ring, janvier 2017
468 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-91447-51-5
Coll. "Ring noir"

Porn droguestore

Whaou ! Les éditions Ring ont mis le paquet dans le paratexte pour déclencher l'envie d'achat de ce gros pavé au papier épais et aux très nombreux chapitres, illustré par une silhouette genre caillera encapuchonnée d'un sweat sur fond suburbain avec lumières de lampadaire-étoiles (pas de crédit photo). En couverture, les mentions aguicheuses : "Déjà 100000 lecteurs", "Édition NON censurée", "Inspiré de faits réels". En quatrième de couverture tout en capitales rouges : "Roman noir foudroyant, impitoyable, sans filtre, pervers et contre tous. Raphaël Sorin, Libération. En sous-titre intérieur : "Édition hardcore, version inédite, intégrale, augmentée et non censurée". N'en jetez plus : on tient là un roman scandaleux.
Ce texte est un premier roman refusé partout que l'auteur, Ghislain Gilberti, balança sur Internet en téléchargement libre avant de faire une carrière papier chez Anne Carrière qui publia trois polars de lui avant leur édition poche chez Pocket. Ring table donc sur un texte vraiment underground. Après une introduction touchante de sincérité sur son parcours borderline, Ghislain Gilberti entame son roman par la voix de son narrateur personnage, Ghys, trentenaire ex-cableur, devenu chômeur et archi-drogué. Dans une logorrhée nihiliste qui vomit la société avec force adjectifs et tirades, Ghys se réveille généralement à l'heure où les magasins ferment, dans le gourbi qu'il partage avec Manu et des filles défoncées dans tous les sens du terme. Les cent mille lecteurs du slogan de couverture sont ceux qui ont lu la version téléchargeable. Nul doute qu'ils furent séduits par cette narration disjonctée où Ghys assène ses formules ampoulées avant de prouver que la cocaïne est le meilleur des aphrodisiaques puisque toutes les filles deviennent folles de sexe en se contorsionnant dans les toilettes tout en criant : "Bouffe-moi... J'ai envie." Alternant scènes de sexe avec absorption de toutes les drogues possibles, notre narrateur bien que toujours "perché" délivre ses messages en regardant sa déchéance en miroir. Et quand il côtoie (rarement) des gens "normaux" (le directeur des ressources humaines de sa boîte, la famille de sa chérie schizo), les dialogues et le discours bancals car "trop" écrits transforment la scène en psychodrame pesant. Par contre, quand notre héros est avec Manu et les filles disjonctées dont une très bête, tout roule sauf pour les féministes. Hélas, quand il est lancé dans les souvenirs de son grand amour déchirant avec Séverine (pivot de l'intrigue) qui l'engloutit dans son maelström de violences autodestructrices, on baigne dans le mélo trash.
On pourrait voir dans ce texte une déclinaison prolétaire et extrémiste des inspirations de Michel Houellebecq et de Virginie Despentes avec un axe bien complaisant porno crade et des insertions sociologiques assez primaires. La pire est celle de la beurette Farida qui se lance, dans les toilettes d'une boîte, dans un discours revendicatif sur la place des femmes avant de passer à la casserole selon les codes immuables de Marc Dorcel et Harlequin/Spicy. Mais voilà que la vengeance est en route par les frères de Farida que notre héros explosera dans un premier temps grâce à sa rage et sa cocaïne avant de faire pire avec un méchant islamiste qui se fait passer pour un dealer d'ecstasy plombé en fait à la strychnine. En conclusion, voilà un roman d'amour fou qui rate sa cible car personne ne peut entrer en empathie (sauf les drogués) pour des personnages aussi déconnectés. Par contre, Ghislain Gilberti se montre plein d'allant dans le porno et dans les anecdotes de teufs. Le must c'est quand il nous détaille, page 290 et suivantes, ce que sa copine et lui se sont enfilé comme drogues. C'est un grand moment de lecture qui prouve, devant nos yeux effarés, que les accrocs pourraient passer sans problème un diplôme de pharmacologie.
Moralité : la drogue rend fou et le personnage muet et tatoué qui apparaît trois fois au narrateur lors de moments-clés pourrait bien être le Diable.

Citation

… les méthamphétamines, le crack, la kétamine, le LSD, la Psilocibyne, la Mescaline, le GBH, la benzédrine en intraveineuse...

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 26 janvier 2017
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