Franco la muerte

Ses missions au conseil d'État agissaient sur lui comme une drogue dure. À chaque dossier, il peaufinait à l'extrême ses conclusions, affûtait ses exposés comme un ébéniste amoureux d'une cathédrale, et tendait ses forces au moyen de points de droits utiles, illustrant ainsi la raison pour laquelle un magistrat en dernier ressort arbitre selon une procédure irrégulière ou une application erronée des textes.
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Nouvelle - Noir

Franco la muerte

Politique - Historique MAJ mercredi 02 décembre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Collectif
Anthologie présentée par Gérard Streiff
Jacques Mondoloni (nouvelle)
Maria Torres Celada (nouvelle)
Ricardo Montserrat (nouvelle)
Patrick Fort (nouvelle)
Pierre Domenges (nouvelle)
Alain Bellet (nouvelle)
Frédéric Bertin-Denis (nouvelle)
Patrick Amand (nouvelle)
Antoine Blocier (nouvelle)
Chantal Montellier (nouvelle)
Roger Martin (nouvelle)
Jean-Hugues Oppel (nouvelle)
Gildas Girodeau (nouvelle)
Sophie Loubière (nouvelle)
Jeanne Desaubry (nouvelle)
Gérard Streiff (nouvelle)
Didier Daeninckx (nouvelle)
Maurice Gouiran (nouvelle)
Hervé Le Corre (nouvelle)
Max Obione (nouvelle)
Traduit de l'espagnol par Ricardo Montserrat
Paris : Arcane 17, août 2015
21 x 14 cm
ISBN 978-2-918721-43-7

Union des écrivains non vaincus

Il y a une quarantaine d'années, le général Franco agonisait tandis que le gouvernement annonçait qu'il se portait bien. Comme le dessinait déjà avec mordant Charlie Hebdo, le mort allait mieux et s'était rendu à pied au cimetière. Même s'il reste, en raison de lois anti-mémorielles et de l'amnistie, difficile d'évoquer, en Espagne, un certain nombre d'éléments négatifs des années de la dictature, les écrivains français ont beaucoup à dire sur ce système si proche, qu'ils ont connu et parfois combattu. C'est une bonne idée, donc, de la part de Gérard Streiff de tenter cette aventure éditoriale autour de vingt auteurs connus pour leur écriture noire et nombre d'entre eux pour leurs opinions politiques et leurs combats bienvenus. Vingt auteurs dont une Espagnole. Comment en parler ? Les auteurs ont bien entendu choisi différentes options. Raconter l'époque du point de vue des vaincus, à travers le temps. Cela va d'un homme ordinaire arrêté, torturé, forcé d'avouer et de dénoncer d'autres personnes, dans une version ibérique de Kafka à un vieil homme qui à la fin de sa vie décide de venir uriner sur la tombe de Franco. Cela peut-être aussi en se plaçant du côté des bourreaux avec un nouvelle qui lie amour et mort entre un jeune Espagnol et une Française à Paris. Ce sont parfois des rappels historiques sur la dictature, des piqûres nécessaires pour de jeunes lecteurs qui pensent que depuis la Révolution française notre Europe est un continent démocratique apaisé. Des souvenirs qui se réactivent avec une nouvelle ou l'autre qui évoquent la lutte du peuple basque et la terrible répression, parfois conjointe, des gouvernements français et espagnols (dont on a un lointain écho avec les réactions des deux Premiers ministres des gouvernements français et espagnols actuels à l'annonce de la volonté d'indépendance actuelle). Des souvenirs aussi autour d'un événement qui a fait grand bruit : l'attentat contre le second de Franco dans un piège à l'explosif. D'ailleurs un texte revient sur cet attentat, vu depuis l'angle des comploteurs et un second depuis celui du dignitaire, ce qui permet de présenter la dernière catégorie de textes : ceux où nous nous trouvons dans l'intimité, voire dans la tête du dictateur. Ce sont ceux-là, souvent, qui offrent les nouvelles les plus passionnantes du thème. Mais l'ensemble du recueil vaut le détour, et ce même si l'un ou l'autre des textes, en s'appuyant sur des faits précis, sont plus de l'ordre de l'article historique un peu romancé qu'une véritable histoire noire. Parfois, en les lisant dans la foulée, on entend de l'un à l'autre des échos. Franco la muerte est la meilleure des cartes de visite de la maison d'édition Arcane 17.

NdR - Le recueil comporte les nouvelles suivantes : "Moi et Franco", de Patrick Amand, "Le Banquet du bas-monde", d'Alain Bellet, "Mon village fantôme", d'Antoiner Blocier, "Mauricio Lopez est communiste !", de Frédéric Bertin-Denis, "Le Raid du F-BEQB", de Didier Daeninckx, "Porque te vas", de Jeanne Desaubry, "Le Cimetière des deux mères", de Pierre Domenges, "L'Ombre de la Santa Cruz", de Maurice Gouiran, "El Ogro (L'Ogre)", de Gildas Girodeau, "À quelques minutes près", de Patrick Fort, "Franco : la muerte", de Hervé Le Corre, "Gratia plena", de Sophie Loubière, "GAL-OAS", de Roger Martin, "Les Couacs Franco", de Jacques Mondoloni, "Decimas", de Ricardo Montserrat, "Garrots-gorille", de Chantal Montellier, "Los Caidos", de Max Obione, "Je ne suis pas Franco", de Jean-Hugues Oppel, "La Faute du toubib", de Gérard Streiff & "Les Vivants et les morts" (traduit de l'espagnol par Ricardo Montserrat) de Maria Torres Celada.

Citation

La paperasse s'accumulait sur son bureau. Les seules choses qu'il parvenait à tenir à jour, c'étaient les conseils élargis de ministres, et la séance de signature des sentences de mort.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 02 décembre 2015
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