Ni dieu ni maitre : Auguste Blanqui, l'enfermé

L'amour est une comédie aux couleurs tragiques. Quand il nous laisse sur le côté, que l'autre part, ferme la porte et ne revient pas, la brûlure reste là, comme la braise endormie, prête à flamber au premier courant d'air parfumé. On ne cesse jamais d'aimer. Jamais.
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vendredi 26 avril

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Bande dessinée - Noir

Ni dieu ni maitre : Auguste Blanqui, l'enfermé

Politique - Historique - Social - Prison MAJ mercredi 19 mars 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Maximilien Le Roy (scénario), Loïc Locatelli Kournwsky (dessin)
Paris : Casterman, mars 2014
198 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 20 cm
ISBN 978-2-203-05157-7

Actualités

  • 14/03 Édition: Parutions de la semaine - 14 mars
    En poche, les éditions du Masque continuent leurs rééditions des romans d'Agatha Christie dans des traductions souvent révisées, parfois même dans de nouvelles traductions. Frédéric Dard continue lui aussi de voir ses romans noirs republiés et les éditions Rivages proposent un joli assortiment d'ouvrages variés. C'est justement en grand format que ces éditions Rivages marquent le coup cette semaine. Non avec Zarbi, de l'excentrique Cathi Unsworth, mais avec Après la guerre, du très discret Hervé Le Corre. Une intrigue bordelaise qui puise ses ramifications dans la Seconde Guerre mondiale et qui s'étend par delà deux autres guerres, celles d'Indochine et d'Algérie. Une écriture avec un style fluide, classique, où chaque mot est pensé et à sa place. Mais fort heureusement, Rivages ne phagocyte pas les publications. Nous ne saurions trop vous recommander Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu chez Actes Sud ou même Van Gogh et ses juges, de Marie Devois (Cohen & Cohen). Dans une semaine chargée où il est très difficile de faire son choix, le porte-monnaie n'a qu'à bien se tenir. Et s'il doit être de sortie pour une bande dessinée, alors ce sera pour l'excellente Ni Dieu ni maître, qui retrace chez Casterman l'épopée d'Auguste Blanqui, un anarchiste au nom de rues et qui est resté une très grande partie de sa vie en prison.
    Mais comme d'habitude, faites votre choix !

    Fictions adulte grand format :
    La Tentation barbare, de Pierre Jean Baptiste Benichou (Kero)
    Bien frappé, de Carol Higgins Clark (Retrouvées)
    Rouge sur rouge, de Edward Conlon (Actes Sud, "Actes noirs")
    Vous regretterez d'avoir survécu, de Matt de la Pena (Robert Laffont, "R")
    À fond de cale, de Dominique Delahaye (In8, "Polaroïd")
    Van Gogh et ses juges, de Marie Devois (Cohen & Cohen, "ArtNoir")
    Fais-le pour maman, de François-Xavier Dillard (Fleuve, "Fleuve noir. Thriller")
    Rendez-vous à Esteponia, de Åke Edwardson (Jean-Claude Lattès)
    Le Cahier de Masika, de Catherine Fradier (Oslo, "Les Romans de la colère")
    Le Stratagème de la lamproie, de Catherine Fradier (Au diable Vauvert)
    Des enfants trop parfaits, de Peter James (Fleuve, "Fleuve noir. Thriller")
    Molosses, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire")
    Tout ce que j'ai trouvé sur la plage, de Cynan Jones (Joëlle Losfeld, "Littérature étrangère")
    Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Thriller")
    Dame de feu, d'Alexis Lecaye (Le Masque, "Grands formats")
    Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs")
    Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Le Seuil, "Seuil policiers")
    Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Lian Levi, "Policier")
    Filiation du crime ; Fantaisie du crime, de Nora Roberts (J'ai lu, "Semi-poche")
    Le Complot des immortels, de James Rollins (Fleuve, "Fleuve noir. Thriller")
    Les Enfants de l'État, de William Ryan (Les 2 terres)
    Un suspect presque parfait, de Jimmy Sabatier (La Grande ourse, "Collection Stardust")
    Dawa, de Julien Suaudeau (Robert Laffont)
    Zarbi, de Cathi Unsworth (Rivages, "Thriller")
    Zina et Lechien, de Marc Villard (Oslo, "Les Romans de la colère")
    La Moisson des innocents, de Dan Waddell (Le Rouergue, "Rouergue noir")
    La Tombe du martyr, de Jeri Westerton (Pygmalion, "Policiers")

    Fictions adulte poche :
    Brèves de noir, collectif (Points, "Roman noir")
    Frangins, de Patrick Cauvin (Le Masque, "Masque poche. Contemporain")
    Le Crime du golf, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    La Dernière énigme, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Un meurtre est-il facile ?, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Le Train de 16 h 50, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    La Voix du sang, de Andrew Coburn (Rivages, "Noir")
    Meurtre à la sauce cajun, de Robert Crais (Pocket, "Thriller")
    Cette mort dont tu parlais, de Frédéric Dard (Pocket, "Noir")
    Du son sur les murs, de Frantz Delplanque (Points, "Roman noir")
    Notre voisin le diable, de Jean-Claude Derey (Rivages, "Noir")
    Montée aux enfers, de Percival Everett (Babel, "Noir")
    Le Tueur de l'ombre, de Claire Favan (Pocket, "Thriller")
    Le Voleur de regards, de Sebastian Fitzek (Le Livre de poche, "Thriller")
    Des ombres dans la rue, de Susan Hill (Pocket, "Thriller")
    Aux prises avec la mort, de Peter James (Pocket, "Thriller")
    In anima vili, de Andrea H. Japp (J'ai lu, "Littérature générale. Roman historique")
    Enfants de poussière, de Craig Johnson (Gallmeister, "Totem")
    400 coups de ciseaux : et autres histoires, de Thierry Jonquet (Points, "Roman noir")
    Mort-en-direct.com, de John Katzenbach (Pocket, "Thriller")
    L'Enfant aux cailloux, de Sophie Loubière (Pocket, "Thriller")
    Adieu demain, de Michaël Mention (Rivages, "Noir")
    Arab jazz, de Karim Miské (Points, "Policiers")
    Le Chasseur de lucioles, de Janis Otsiémi (Pocket, "Thriller")
    Les Griffes du mensonge, de James Patterson & Michael Ledwidge (Le Livre de poche, "Thriller")
    Il coule aussi dans tes veines, de Chevy Stevens (Pocket, "Thriller")
    Guerre sale, de Dominique Sylvain (Points, "Policiers")
    Bad Penny Blues, de Cathi Unsworth (Rivages, "Noir")
    Le Quintette de Buenos Aires, de Manuel Vázquez Montalbán (Points, "Policiers")

    Bandes dessinées :
    War of kings. 1, de Dan Abnett, C. B. Cebulski & Andy Lanning (Panini comics, "Marvel Deluxe")
    Le Rêve est mort, de Ed Brubaker (Panini comics, "Marvel Deluxe")
    Au pays des lève-tôt, de Paula Bulling (Agrume, "Littérature graphique")
    Sans âme : une aventure d'Alexia Tarabotti, de Gail Carriger & REM (Pika graphics, "Black Moon Graphics")
    L'Ombre de l'Aigle, de Didier Convard & Éric Adam (Glénat, "La Loge noire")
    Renégats, de Joshua Dysart & Phil Briones (Panini comics, "100 % Fusion comics")
    Le Fils du boulanger, de Garth Ennis (Panini comics, "Deluxe Fusion comics")
    Les Meilleurs ennemis : une histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient. 2, 1953-1984, de Jean-Pierre Filiu & David B. (Futuropolis)
    Inoxydable, de Seb Floc'h & Steve Baker (KSTR)
    Notre mère la guerre : le récit complet, de Kris & Maël (Futuropolis)
    The Strain = La Lignée. 2, de David Lapham & Mike Huddleston (Panini comics, "100 % Fusion comics")
    Captain America : l'intégrale. 4, 1970, de Stan Lee & Gene Colan (Panini comics, "Marvel Classic")
    Toxin : dans la peau d'un flic, de Peter Mulligan & Darick Robertson (Panini comics, "Marvel. Marvel Dark")
    Un voleur dans la loi, de Jérôme Pierrat & Vincent Burmeister (Casterman)
    Ni Dieu, ni maître : Auguste Blanqui, l'enfermé, de Renart & Maximilien Le Roy (Casterman)
    Le Réveil du géant, d'Olivier Speltens (Paquet, "Mémoire")
    Le Cauchemar des bas-fonds, de Brian Wood (Panini comics, "100 % Fusion comics")

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Captain America 2 : le soldat de l'hiver : livre poster, de Marvel comics (Hachette jeunesse-Disney, "Livre poster")

    Littérature de jeunesse (éveil) :
    Le Petit pompier, de Margaret Wise Brown & Esphyr Slobodkinea (Didier Jeunesse, "Cligne Cligne")
    Ultimate Spider-Man : une super équipe, de Marvel comics (Hachette jeunesse-Disney, "Mon histoire du soir")

    Fictions jeunesse :
    La Véritable histoire de Marcel, soldat pendant la Première Guerre mondiale, de Pascale Bouchié (Bayard Jeunesse, "Les Romans Images Doc")
    Un traître à Versailles, d'Anne-Marie Desplat-Luc (Flammarion, "Jeunesse")
    11 novembre, de Paul Dowswell (Naïve, "Naïveland")
    Le Club de la pluie au pensionnat des mystères, de Malika Ferdjoukh (École des loisirs, "Neuf")
    Dette de sang, de Phillip Gwynne (Casterman)

    Cinéma, télévision & radio :
    Les Brigades du Tigre : gouaches originales de la série télévisée, d'André Raffray (Sémiose)

    Littérature (théorie & études) :
    Tragédie des lettres russes, de Boris Souvarine (Pierre-Guillaume de Roux)

    Criminologie & prisons :
    Affaire Dils-Heaulme : la contre-enquête, d'Emmanuel Charlot & Vincent Rothenburger (Flammarion, "EnQuête")
    Criminologie clinique : un passage par Wittgenstein, de Christian Debuyst (Larcier, "Criment")
    Diabolique : l'effroyable histoire d'une famille : dix ans sous l'emprise d'un manipulateur pervers, de Ghislaine de Védrines & Jean Marchand (XO)

    Droit :
    Les Travailleurs sans papiers et les prud'hommes, du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Paris) (Gisti, "Les Notes pratiques")
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Thiers payant

C'est à dix-sept ans que Auguste Blanqui a appris à haïr la société. Auguste Blanqui est un anarchiste violent et virulent français du XIXe siècle à qui la société a bien rendu cette haine : "le vieux" ou "l'enfermé" a passé plus de quarante ans de sa vie en prison pour ses idées à une époque où il n'était pas aisé d'en avoir et où surtout il était malséant de les exprimer.
1830-1870 : Auguste Blanqui n'a eu de cesse en homme libre de lancer des journaux politiques et d'opinions. Sitôt arrêté, il se remettait à ses projets. Ni dieu ni maitre : Auguste Blanqui l'enfermé est une excellente bande dessinée graphique au scénario intelligemment ciselé qui revient sur les différentes étapes de la vie d'un homme enragé, socialiste radical, ami de Armand Barbès (dont il s'éloignera après une brouille liée à une confiance détruite par l'un ou par l'autre), admiré de Clemenceau, et qui prônait une société altruiste, communiste et utopiste avant de se heurter de plein fouet à des monarques, un empereur et Adolphe Thiers (ironie de l'Histoire, la Commune, le principal soulèvement de son époque, se fera alors qu'il est en prison, Thiers refusera sa libération en échange de soixante-quatorze prisonniers dont l'archevêque de Paris par peur de son pouvoir sur les masses populaires).
Loïc Locatelly Kournwsky au dessin (avec de superbes planches sépia qui nous plongent dans un passé houleux et fervent) et Maximilien Le Roy au scénario ne cachent pas leur admiration pour cet homme idéaliste qui se raconte à travers sa rencontre avec le journaliste Aurélien Marcadet dans une prison, chaque vendredi, seulement enrayée et fractionnée en épisodes courts par un gardien qui sonne l'heure du départ. L'immersion est rapide et la fascination grandissante. Au-delà d'un homme, ce sont bien ses convictions à une époque (la nôtre) où elles sont quasiment devenues inexistantes qui séduisent. Nos deux artistes participent certes de la légende : le portrait est trop beau pour être vrai, mais l'on se prend avec délectation à y croire. Et l'homme violent, haineux de la société, qui n'a jamais accédé au pouvoir (son élection aux législatives a même été invalidée à une large majorité), devient compréhensif. Son refus d'être libéré alors que mourant si ses camarades d'insurrection ne le sont pas aurait pu l'ériger au rang de martyre. Il va même jusqu'à refuser une violence qui chez lui déborde. Sa foi en une révolte, en une révolution, se confronte aux faiblesses humaines et aux manigances tortueuses d'une bourgeoisie en peine de devenir l'aristocratie moderne. Auguste Blanqui s'oppose vainement à Lamartine, tente d'échapper sempiternellement aux condés qui s'empressent de le passer à tabac, et n'attendent qu'un faux-pas pour l'éliminer. Mais peu à peu, la populace le sollicite. Alors en prison, il est élu député (il ne s'est même pas présenté).
Amoureux fou de sa femme qui lui donnera un fils qui ne le comprendra pas, il aurait pu être détruit par sa mort apprise derrière des barreaux, mais ses convictions sont aussi fortes que les croyances religieuses qu'il combat. La bande dessinée reflète bien ce parcours vers une immortalité acquise dans dix-sept villes (surprenant puisque ce chiffre est celui qui a décidé de son parcours) qui lui ont consacré des rues. Mais cette célébrité n'est que de façade puisque son effort a été vain, et que l'on ne sait plus aujourd'hui qui il est, quels combats il a menés. Tout ça pour ça ? Non ! Car, et c'est bien là le joli résultat de ce travail d'orfèvre sociétal, avec cette excellente bande dessinée, la vie et l'œuvre d'Auguste Blanqui viennent d'acquérir une nouvelle immortalité. Souhaitons qu'elle dure...

Citation

Il est fâcheux que l'idée philosophique ne pénètre pas dans les masses. Elles ne deviendront sérieusement révolutionnaires que par l'athéisme. Jusque-là il n'y aura que de la crème fouettée.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 15 juin 2015
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