La Vie est un tango

C'était un dossier solide et, en d'autres temps, elle l'aurait transféré tel quel au juge d'instruction mais son supérieur souhaitait des aveux. Ces derniers mois avaient été marqués par une série d'erreurs judiciaires et tout le monde pointait du doigt son voisin. D'aucun estimaient que la police bâclait ses enquêtes, fautes de moyens, d'autres que le parquet expédiait les procès pour désengorger le système.
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Roman - Policier

La Vie est un tango

Drogue - Urbain - Trafic MAJ lundi 10 juin 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Lorenzo Lunar
La Vida es un tango - 2005
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Morgane Le Roy
Paris : Asphalte, juin 2013
276 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-35-0
Coll. "Fictions"

Danse du sexe

"Yusimí, à treize ans, était une bombe, et elle était fascinée par deux choses : la ville et le sexe." Dans le roman de Lorenzo Lunar, Yusimí n'aura pas beaucoup à chercher pour trouver l'un et l'autre tant la première héberge le second. Entre une coupure habituelle et une autre plus intempestive de courant électrique, entre deux trains - un qui peine à arriver très en retard, l'autre pas encore parti déjà bien trop en retard -, le sexe n'a aucun problème à frayer son chemin sous la chaleur cubaine sujette à tous les excès et à toutes les exacerbations. Les hommes ont la fâcheuse tendance à penser avec leurs couilles pleines, ce qui amène pour le meilleur des cas un spleen qui n'échappera pas à Léo Martin, chef d'un commissariat de quartier de Santa Clara, ville natale du romancier, à plusieurs reprises, lui qui vit chez sa maman et couche à droite et à gauche dans beaucoup de positions. Mais à y regarder de plus près, les portraits féminins dressés n'ont que très peu à envier à leurs alter ego masculins. Là aussi, la chaleur étouffante et l'alcool doivent les désinhiber au point de ne pas craindre l'ire de leurs petits amis ou maris officiels.
Alors, cocu et revanchard Tanganica ? "Oui, il est sorti de prison il y a quelques jours. C'est un des hommes de main de Chago le Bœuf et, pendant qu'il croupissait en cellule, Pechoemulo se tapait sa femme." N'allez pas croire cependant que les Cubaines et les Cubains sont des obsédés du sexe, ils nourrissent ainsi leur bestialité généreuse. Mais tandis que certains savent la dompter, d'autre, ne maîtrisant pas leur force et leurs mauvais instincts, battent leur amie d'une vie ou d'une nuit. C'est donc dans cet univers que baigne Léo Martin, véritable flic de proximité, qui connait tout le monde, sait qui couche avec qui (si, si, c'est encore possible !), qui fait commerce illégal de quoi, et qui arnaque qui. Un incident va pourtant venir perturber son quotidien auquel il est attaché. Un trafic de lunettes de soleil qui va jusqu'à interpeler ses supérieurs sans pour autant mobiliser l'attention malgré un meurtre.
Alors, pendant presque deux tiers du roman, le commissaire délaisse son enquête pour nous inviter à une visite touristique de son quartier. Il nous ouvre toutes les portes et nous écarte toutes les jambes. Il nous permet d'apprécier ce quartier de Santa Clara de tous nos pores en mettant tous nos sens en éveil. On en arrive à être un habitué de toujours de ces maisons ouvertes et de ces ruelles ensoleillées et pourtant sombre. Et puis tous s'accélère orchestré par Léo Martin, seul contre tous, qui a bien entendu compris que derrière ce ridicule trafic de lunettes se cache un trafic de drogue bien plus inquiétant même si officiellement à Cuba il n'y a pas de drogue.
Lorenzo Lunar accouche ainsi d'un très joli roman noir social cubain dans la lignée évidente de ceux de Leonardo Padura, avec un personnage de flic à la limite de l'abandon. La Vie est un tango est de ces romans dont la musique accompagne les dernières pages lues, et le roman refermé. Que l'on aime le tango ou pas !

Citation

Une phrase courte. Les oraisons funèbres ont été inventées pour dire du bien du mort, mais, à vrai dire, concernant Pedro Pechoemulo, on a vite fait le tour.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 09 juin 2013
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