Le Paradis pour demeure

Je ne tue jamais le dimanche. Le dimanche, c'est le jour où l'on prie le Dieu de nous tous, alors c'est péché de taper avec les pierres sur la tête des autres enfants.
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Roman - Noir

Le Paradis pour demeure

Assassinat - Faits divers MAJ jeudi 21 mars 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Pierre D'Ovidio
Paris : Presses de la Cité, janvier 2013
252 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-10000-8
Coll. "Romans Terres de France"

Il faut toujours se méfier des apparences...

Bertrand est un agriculteur célibataire qui tente de meubler sa solitude. Celle-ci est devenue encore plus pesante depuis que Madeleine, sa mère, est placée en maison de retraite. Il avait l'habitude de faire venir des filles des Pays de l'Est dans l'espoir de construire une vie commune. Toutes sont reparties. La dernière, Marijka, est restée plus longtemps, mais a fini par prendre la route de Tours.
Il décide d'aller voir des prostituées à Paris, dans une rue qui porte un nom de saint. En cherchant cet endroit tant désiré, il remarque une jeune femme qui fait la manche. Elle est belle, elle est jeune. Pourquoi est-elle dans cette situation ? Il voudrait comprendre et, timidement, l'aborde. Méfiante, Marianne finit par lui livrer son prénom et accepte de boire un verre. Fasciné par ses demi-confidences, il finit par lui proposer de l'accompagner dans sa ferme. Qu'a-t-elle à perdre ?
Bertrand entreprend de présenter Marianne à son entourage. Si, avec Madeleine, cela se passe bien, avec ses amis et relations, la teneur des échanges est différente, très différente. Marianne, qui a dû dès l'enfance, dans sa cité de Créteil, se défendre des agressions de toutes natures, ne mâche pas ses mots. Elle a fait des séjours en établissement psychiatrique et doit suivre une thérapie médicamenteuse.
Cependant, dans ce monde rural où tout le monde se côtoie régulièrement, subsistent nombre de zones d'ombre. Les apparences sont trompeuses...

Pierre D'Ovidio, qui connait bien le milieu qu'il dépeint, en brosse un tableau réaliste, sans misérabiliste. Il place les éléments avec un ton juste, ni moralisateur, ni condescendant, et donne de cet univers une image non désobligeante.
Il fait évoluer, dans ce décor, une théorie de personnages qui, s'ils paraissent pittoresques au premier abord, sont le reflet de nombre de nos compatriotes. En fin observateur de l'humanité, il dresse quelques portraits d'une grande vérité, à commencer par ceux des acteurs principaux.
Il livre, parallèlement, un récit sans concessions sur les SDF et sur leurs conditions d'existence. Il raconte la puanteur des asiles et des refuges, l'alcoolisme, la sexualité, les cris, les bagarres pour quelques possessions qui semblent bien dérisoires mais qui sont précieuses aux plus démunis.

L'auteur a retenu de faire passer la totalité de son récit par le canal des deux héros, avec une vision bien différente des mêmes événements. Avec un ton vif et enjoué, qui conjugue humour et tendresse, il décrit le quotidien, les gestes mille fois répétés, les rapports avec l'entourage, la maladie, la vieillesse, les copains de bistrot. Il illustre des aspects dérisoires de l'existence, la lassitude, la tristesse, par quelques images fortes.
Il se sert, pour désigner ses personnages de qualificatifs chargés en drôlerie et en sentiment Ainsi, Bertrand apparaît aux yeux de Marianne, en tant qu'éleveur, comme le Petit Prince avec son mouton. Lui, la surnomme "La reine de la vanne".

Parallèlement, le romancier instille une intrigue qui, composée de faits troublants, de confidences incomplètes, crée un climat de suspicion sur les attitudes des uns et des autres jusqu'à une chute qui est bien éloignée de celle d'un conte de fées.

Avec Le Paradis pour demeure, on passe un excellent moment à partager un instant de la vie de ces personnages, à les suivre dans leur trajectoire chaotique et à trembler pour eux tant l'empathie est forte.

Citation

Il devait ruminer dans sa petite tête de mouton paisible la vieille histoire de la jolie pipe 'faite maison', ou du petit coup vite tiré, et zou ! sous la couette ! Elle en souriait, attendrie et agacée par cette totale prévisibilité de la météo du garçon. Celui-ci comme les autres. Tous.

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 20 mars 2013
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