Un léger bruit dans le moteur

Il est des secrets si durs à porter qu'ils sont transmis aux descendants par petites gouttes, depuis le plus jeune âge, comme de minuscules doses d'arsenic dans la bouillie du bébé, un mal qui se distille ensuite dans l'âme jusqu'à cristalliser les larmes de l'enfant, les empêcher de couler, sinon vers le for intérieur, jusqu'au cœur, pour se figer, à l'âge adulte, en une mélodie inextricable. Celle qui mène au massacre.
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Bande dessinée -

Un léger bruit dans le moteur

MAJ mardi 04 septembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,9 €

Gaet's (scénario), Jonathan Munoz (dessin)
Scénario adapté de l'œuvre de Jean-Luc Luciani
Vineuil : Physalis, août 2012
120 p. ; illustrations en noir & blanc ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-36640-007-6

"Je suis un enfant qui tue des gens"

Dans ce petit village reculé, la maigre population n'a pas de chance. Non seulement elle survit dans des conditions misérables mais voici qu'une malédiction semble s'abattre sur elle : tous les membres de la petite communauté meurent les uns après les autres. Un enfant tombe d'une balançoire. La vieille institutrice trébuche et se prend le coin acéré de son bureau dans l'œil. Le gros Gandriale s'égare dans les bois de nuit et est englouti par de la vase mouvante. Le petit Adrien, le fils des paysans, tombe dans un piège à sanglier et meurt empalé. Les autres enfants sont traumatisés. Sauf un. Celui qui a préparé toutes ces morts et qui suit un plan bien précis. Simple. Il s'agit de tuer tout le monde et de fuir. C'est en bonne voie...

Un léger bruit dans le moteur est à l'origine un roman de Jean-Luc Luciani, cruel et dérangeant (chroniqué dans nos pages). Adapté ici par Gaet's – qui a conservé des phrases-choc du roman - et dessiné par Jonathan Munoz, la bande dessinée fait le même effet... avec les images en plus. La réussite de cette adaptation tient beaucoup de sa galerie de personnages, que la misère rend laids, pathétiques, attendrissants ou détestables, au fil des événements qu'ils traversent. Et au premier rang de ces personnages, l'enfant "narratueur", tout en ingénuité et cruauté, une dualité que Munoz a parfaitement réussi à saisir. On ne sait pas vraiment grand-chose de ses motivations, si ce n'est ce désir de partir et de voir le monde du dehors. On s'inquiète toute de même jusqu'au bout pour son humanité. Les couleurs de cet album sont bien évidemment de la tonalité de ce qui s'y passe, et le bistre règne en maître, quand il ne cède pas sa place au bleu de la nuit. La lumière parvient rarement jusqu'au lecteur, ou alors, comme sur la couverture (superbe !), semble être attendue au tournant pour un assassinat en règle. Bref, un album dur, mais paradoxalement, d'une grande beauté.

Illustration intérieure

"Les enfants, ces pauvres petites choses innocentes..."


Nominations :
Prix Interpol'Art "BD" 2013

Citation

Madame Frolignac, c'est l'épicière du village. Et c'est son chat que j'égorge si souvent dans mes rêves. C'est la seule à avoir un contact avec le monde de dehors du village. Elle part acheter des aliments qu'elle revend trois fois plus cher. C'est mon père qui l'a dit. Rien que pour ça, elle mourra plus lentement que les autres.

Rédacteur: Frédéric Prilleux mardi 04 septembre 2012
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