Le Temps de la prophétie

Avant de se coucher, il accomplit le rituel de l'istiqara, qui consiste à réciter des prières spéciales en vue d'obtenir une réponse sous la forme d'un rêve.
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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Policier

Le Temps de la prophétie

Politique - Historique - Religieux MAJ mardi 06 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,3 €

S. J. Parris
Prophecy - 2011
Traduit de l'anglais par Maxime Berrée
Paris : 10-18, mars 2012
408 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-264-05534-7
Coll. "Grand format"

Giordano Bruno au cœur d'un complot !

Giordano Bruno fut une figure prodigieuse du XVIe siècle par les idées, les théories qu'il défendait et par une existence, pour le moins, aventureuse. S. J. Parris dévoile, avec virtuosité, une seconde enquête de ce personnage atypique dans Londres en 1583.

Giordano est chez son ami John Dee, l'homme le plus lettré d'Angleterre, astrologue de la reine Elisabeth Tudor. Il attend avec intérêt les révélations d'un médium en transes. Celui-ci évoque la Grande Conjonction, l'alignement de Jupiter et Saturne qui va s'unir avec le signe du Bélier. Une prophétie annonce une évolution importante du monde avec cet événement qui n'a lieu que chaque millénaire. Bruno est troublé quand le médium dessine le symbole de Jupiter, celui qu'il utilise pour authentifier les messages qu'il transmet à Sir Walsingham.
Quelques jours plus tard, Giordano assiste au mariage de son ami Sidney avec la fille de Walsingham, quand ce dernier le convoque. Il veut en savoir plus sur ce qui se passe à l'ambassade de France, où Bruno est hébergé, depuis quelques mois, avec la protection du roi de France. À la fin de l'entretien, un messager arrive, qui demande le secrétaire d'État de toute urgence au palais de la reine. Celui-ci veut que Bruno l'accompagne.
Sur place, on leur montre le cadavre d'une jeune fille étranglée, habillée en homme. Sur le sein gauche on lui a gravé le symbole astrologique de Jupiter. Elle tenait un chapelet orné d'une couronne d'or espagnole et une poupée grossière à l'effigie de la reine.
Bruno apprend que la jeune fille était amoureuse depuis quelque temps, mais n'avait pas fait de confidences à son amie, sur son identité.
Dans l'ambassade, des comploteurs travaillent à l'invasion de l'Angleterre par les armées françaises, menées par Guise pour éradiquer la religion anglicane et délivrer Marie Stuart.
Bruno, à son corps défendant, se retrouve au cœur d'une machination qui vise la reine, où il risque sa vie...

Choisir Giordano Bruno de Nola pour héros permet de disposer d'un personnage très riche en possibilités. En effet, rien ne semblait impossible à cet homme qui, obscur dominicain pourchassé par l'Inquisition, est devenu l'ami d'un roi de France, le familier des plus puissants dirigeants anglais avant d'être rattrapé par le clergé latin et de mourir, sur un bûcher romain, à l'âge de cinquante ans.
S. J. Parris place ce personnage hors normes comme espion au cœur de l'Angleterre des Tudor, dans une période particulièrement féconde en rivalités, complots, conjurations et autres guerres fratricides, où deux reines s'affrontaient en utilisant chacune le fanatisme religieux comme arme. Elle utilise ces matériaux avec virtuosité. Elle les transcende pour nourrir une intrigue particulièrement fertile tant en meurtres, conspirations, trahisons qu'en actions tordues si fréquentes dans le monde politique.

La romancière anime sa théorie de personnages authentiques, et de fiction, avec la science et la compétence d'un metteur en scène blanchi sous le harnais. Elle en dresse des portraits d'une grande véracité, leur donne les attitudes et les comportements qu'ils ont dû avoir, ou qu'ils auraient eu dans les situations similaires à celles où elle les place.

Elle brosse avec art et simplicité une situation politique et sociale compliquée, embrouillée. S. J. Parris démonte les mécanismes des complots, s'applique à mettre en lumière les agissements des manipulateurs suscitant, développant, exacerbant le fanatisme religieux, attentifs seulement à ce que les marionnettes jouent le rôle qui leur est dévolu. Elle montre l'aspect dramatique de ce conditionnement religieux, le côté dérisoire de telles attitudes pour la plus grande gloire, en fait, de la même déité. Elle décrit le cynisme de ces individus utilisant des opinions sans croire un instant à ce qu'ils professent.

Elle imagine une intrigue remarquablement agencée qui prend en compte l'intervention fictionnelle de Bruno et les véritables événements historiques sans se placer à la frontière d'une uchronie. Elle tisse une histoire digne des grands noms de la littérature d'espionnage, jouant avec les circonstances, les personnalités, les liens entre certains d'entre eux, leur violence et leur volonté d'imposer leur vision d'une société.

Mais, dans ce maelström de haine et d'hostilité, elle donne à voir des individus qui cherchent la liberté et le droit de se poser la question : "Et si ?", plutôt que d'accepter une règle conçue par d'autres à leur seul bénéfice.

Dans ce volume, l'auteur éclaire mieux le parcours de Bruno, les différentes étapes, les épreuves par lesquelles il est passé avant d'arriver en Angleterre.

Avec la prophétie, la romancière illustre les effets de telles superstitions sur des esprits peu informés, habitués à ce qu'on réfléchisse pour eux, incapables de démêler le vrai du faux, englués dans des dogmes contraires à toutes idées progressistes.

Le Prix de l'hérésie, le premier volet des enquêtes de Giordano Bruno, fut un choc littéraire. Le Temps de la prophétie est une onde sismique tant ce récit est audacieux, intelligent, posé, la fiction se mêlant intimement à la réalité historique d'une époque.

Citation

La liberté de penser n'existe pas pour l'Inquisition, nul n'a le droit de demander Et si ?, puis de laisser aller son imagination, d'échafauder des hypothèses. Dans un tel climat, comment la connaissance peut-elle progresser ? Le livre que j'écris en ce moment, par exemple, dans mon pays, je serais brûlé pour avoir osé coucher ces idées sur le papier.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 12 février 2012
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