Un hiver de glace

J'étais convaincu que les personnes présentes étaient aussi peu peinées que moi par la perte d'un homme peu amène, qui vivait dans son petit monde et ne s'intéressait pas à celui des autres.
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mercredi 13 novembre

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Roman - Noir

Un hiver de glace

Disparition MAJ mardi 02 août 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche

Tout public

Prix: 7,5 €

Daniel Woodrell
Winter's Bone - 2006
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Franck Reichert
Paris : Rivages, février 2011
212 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2167-4
Coll. "Noir", 803

Vérité à tout prix

Tout débute comme dans le Comté de Nottingham de Robin des Bois. Un shérif vient annoncer à la famille Dolly que si le patriarche, fabriquant et trafiquant de poudre blanche notoire, ne se rend pas au tribunal pour y être jugé, sa maison, hypothéquée sera vendue aux enchères. Une injustice de la pire espèce. Jessup, le père, a fui le domicile conjugal lors d'une mise en liberté conditionnelle abandonnant femme et nombreux enfants. Une de ses filles, Ree, seize ans, affronte alors le vent, le froid et les sempiternels pour partir à sa recherche et arpenter ainsi les Ozarks, un plateau situé en plein Arkansas que l'on imagine glacial en plein hiver.

Elle va poser des questions à la famille, à des voisins. Se retrouver violentée à de multiples reprises car bien sûr personne ne parle autrement que du langage des corps mis à part justement le monologue introspectif de cette fille de seize ans. On y retrouve d'ailleurs la même syntaxe, les mêmes mots à la limite de l'ordurier et du vulgaire, que dans les romans d'Erskine Caldwell. Elle est frigorifiée mais tenue par une volonté de fer : celle de laisser un toit à sa famille dont elle n'aura nulle reconnaissance. Et le pire dans tout ça c'est que la vérité sur la disparition de son père, tout le monde la connait. Il est mort d'avoir voulu sauver sa peau de la prison en échange de dénonciations. Mais la justice a besoin d'avoir la preuve de son décès...

Si les langues tardent à se dénouer, les ceintures, elles, le font naturellement. Il y a du foutre dans tous les sens du terme. La poudre blanche du début fait place à celle des balles que l'on menace de tirer sur cette fille qui place la survie de sa famille au-dessus de la sienne, et qui souhaite que ses frères mangent autre chose que des écureuils - la scène de l'écorchage des écureuils est de toute laideur mais brillante, à l'instar de ce roman qui ne peut laisser insensible. Une structure parfaitement maîtrisée, un travail impressionnant sur le langage, une description humaine des personnages et sauvage de l'espace en font assurément un des meilleurs romans de ce que l'on appelle aujourd'hui bien souvent à tort dans un souci de bienséance moderne : le nature writing.


On en parle : L'Indic n°11

Citation

- C'est juste un menteur, qui se donne même pas la peine de balancer des mensonges que quelqu'un pourrait gober.
- Les pires de tous. Ils te traitent de conne en même temps qu'ils te racontent des craques. Dans la même phrase.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 04 juin 2011
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