Le Traité des supplices

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Roman - Noir

Le Traité des supplices

Historique - Tueur en série - Assassinat MAJ samedi 04 juin 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Nicolas Bouchard
Paris : Belfond, mai 2011
312 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-7144-4755-5
Coll. "Littérature française"

La Sibylle et la mort.

Marie-Adélaïde Lenormand, dite la Sibylle, se retrouve impliquée dans la traque de Joseph Fouché, le responsable des atrocités commises à Lyon. La mort, déchainée, fait des ravages et la serre de près. Une nouvelle facette du talent de Nicolas Bouchard qui impose à Thanatos un rythme de stakhanoviste.

La mort de Robespierre, le 5 août 1794, libère la France et déclenche une vague de liesse sans pareille dans Lyon, la cité martyre de la Convention. Quatre notables se précipitent vers la prison des Recluses pour empêcher de nouveaux massacres et libérer les prisonniers. Dans les caves, ils découvrent une galerie des horreurs, des corps suppliciés. Bouleversés, l'abbé La Madelle, le juge Pilar, l'avocat Chalais et le docteur Müller décident de pourchasser le coupable et baptisent leur groupe : Les Compagnons de Jéhu.
Joseph Fouché, le criminel, le cynique, qui s'est illustré, dans leur ville, par une répression d'une telle cruauté, devient leur cible. Or, le véritable responsable de ces supplices se présente comme l'Inconnaissable, un disciple de Maât, la fille de Ré.
Les Compagnons de Jéhu se rendent à Paris sur les traces de Fouché. Ils rencontrent la Sibylle. Celle-ci, depuis quelque temps dort mal, assaillie par d'affreux cauchemars. Elle fait face à des portes et une voix l'appelle. Elle comprend que c'est la mort qui l'attend et que son destin est lié à celui des Compagnons de Jéhu.

Nicolas Bouchard, dans son nouveau roman fait revivre l'héroïne de La Sibylle de la Révolution (Belfond, 2009). Personnage authentique, Marie-Adélaïde Lenormand, douée de prescience, a distillé ses prédictions pendant plus d'un demi-siècle et figure parmi les plus grandes voyantes de l'Histoire. Pendant le début des années 1790, elle compte dans sa clientèle nombre de ténors comme Marat, Saint-Just, Robespierre. Ce dernier la fait emprisonner pour avoir prédit, pour lui, et quelques-uns de ses compagnons, une mort violente.
Après avoir confronté son héroïne aux loges maçonniques, au comte de Saint-Germain et à un amour impossible, l'auteur l'entraîne dans un univers particulièrement sombre où règnent la souffrance et la mort. Si le titre est évocateur, Nicolas Bouchard est peu disert sur les supplices que son criminel inflige. Il se contente de les évoquer, d'en survoler les effets, sauf pour le supplice du pal où la description est explicite.

Nicolas Bouchard explore les dessous des événements, ramène la dimension historique au niveau humain. Il dépouille les acteurs de l'aura que leur a tissée une Histoire officielle et montre qu'il ne reste qu'une bande de crapules ou d'illuminés du plus beau lot. Il donne à chacun sa réelle dimension, avec leurs pauvres motivations, leurs prises de positions opportunistes. Il brosse, ainsi, les portraits de Fouché, de Collot d'Herbois, de Tallien, Barras, Bonaparte... mettant leur personnalité à nu. Il décrit, sans concession, les bas-fonds de Paris comme la prison de la Force, l'hôpital de la Pitié, devenu le plus grand lupanar de France.

Comme dans chacun de ses romans, l'auteur introduit des notions techniques et/ou scientifiques. Il nous offre, ici, un petit cours sur le fonctionnement du cerveau et des sens. La qualité d'écriture fluide, travaillée, le choix d'un vocabulaire adapté aux différents intervenants ajoutent au plaisir de la lecture de ce drame.

Basé sur une connaissance précise de la période, des petits et grands événements, Nicolas Bouchard met en scène les dirigeants comme les sous-fifres de l'époque. Il tisse un récit passionnant au service d'une intrigue de haute volée, mêlant les genres, puisant dans le gothique comme dans le fantastique, jouant avec brio des apparences et des fausses pistes.
Tous ces éléments concourent à faire du Traité des supplices un magnifique roman, aux énigmes fort bien menées, sur les pas d'une héroïne, oh combien ! attachante, dans le cadre d'une réalité historique d'une grande rigueur. Dans cette série, le romancier met l'Histoire au service de son histoire.

Citation

Les cellules s'ouvraient sur les couloirs, laissant apparaître l'affreux spectacle des pensionnaires, pour la plupart des femmes simples d'esprit, des infirmes, parfois toutes jeunes, parfois d'une extrême vieillesse, toutes obligées de se livrer à la prostitution.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 24 mai 2011
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