Adieu Jérusalem

La guerre ne se joue pas uniquement entre les États et leurs ennemis, c'est aussi une bataille qui se joue partout, chaque jour, entre le Bien et le Mal, ces deux forces opposées qui se battent pour la domination du monde.
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Roman - Noir

Adieu Jérusalem

Géopolitique - Terrorisme MAJ lundi 29 novembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Alexandra Schwartzbrod
Paris : Stock, avril 2010
402 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-234-06075-3

Mort d'un État

En Russie, le gouvernement a peur et a relancé le programme de guerre bactériologique. Mais, évidemment, le matériel est de piètre qualité et tout explose, répandant la peste dans l'atmosphère. Deux employés de l'institut sont contaminés sans le savoir. Pas de chance pour les autres, ils sont du genre à se rendre à la Mecque à l'occasion du pèlerinage annuel. Arrivés sur place, ils contaminent à grande échelle une population foisonnante. Les rumeurs vont bon train, et très vite le bruit court que ce sont les juifs qui ont empoisonné les pèlerins, et l'Intifada reprend, au moment même où le gouvernement israélien en pleine élection, veut jouer la dureté pour être reconduit... Le monde s'enflamme.
Alexandra Schwartzbrod est journaliste et son texte se nourrit de ses enquêtes. Elle n'a pas conçu le roman comme un thriller avec des superhéros qui sauvent le monde, mais au contraire elle s'est acharnée à décrire le monde à travers de fortes personnalités attachantes mais qui se confrontent au monde réel, qui osent mettre les mains dans le cambouis pour faire avancer les choses : un médecin qui se trouve à La Mecque, un musulman qui veut juste enterrer sa femme dignement, un vieux professeur grabataire qui se retrouve une deuxième jeunesse en aidant les autres, un policier palestinien, un honnête homme qui, bombardé secrétaire général de l'ONU, doit se coltiner avec les intérêts divergents des pays... C'est à travers leurs yeux que le lecteur suit cette crise, la rendant éminemment plus proche de la chair et du vécu.
L'auteur n'arrive pas avec une thèse lourde et pénible qu'elle imposerait aux lecteurs. Souvent dans les thrillers américains du genre, les Israéliens sont représentés comme des personnes sympathiques obligés de lutter contre d'affreux arabes sanguinaires. Ici, la situation est plus complexe : un président israélien partisan de la paix et son premier ministre qui veut chasser les Palestiniens du pays s'opposent. Sans compter un mafieux d'origine russe qui veut à la fois se débarrasser de ses ennemis et récupérer leurs terres pour ses opérations immobilières. Certaines scènes de pogrom inversé, où les Israéliens se mettent à tuer des Palestiniens après les avoir enfumés sont particulièrement anxiogènes. En face, profitant de la chute de l'Arabie Saoudite (aux prises avec le risque de la peste), d'autres États arabes essayent de régler le problème juif à leur façon, avec leur puissance financière, de manière plus raisonnable. Face à eux, devant l'angoisse, nous suivons un Palestinien qui se transforme en bombe humaine. Mais Alexandra Schwartzbrod montre à chaque fois ses personnages dans leur complexité et suit leurs actions comme des conséquences logiques de leur vie, plutôt que comme des expressions de fanatisme. On tue par peur, on se venge par angoisse !
C'est en incarnant la situation, en la faisant vivre à travers des êtres vivants, en montrant (ce qui est assez rare) qu'Israël risque la destruction pure et simple mais qu'elle a sa part de responsabilité dans sa propre chute, que l'auteur fournit un roman dense, éloigné sans doute du genre policier (même si ici nous assistons à ce qui pourrait être la mort d'un État à la place de celle d'une simple personne) ou thriller au sens pur du terme, pour nous offrir une leçon de géopolitique prenante, intelligente et sensible.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°45

Récompenses :
Calibre 47 2011
Grand prix de la littérature policière - roman français 2010

Nominations :
Prix Mystère de la Critique 2011

Citation

Attendre, c'était un peu l'histoire de sa vie. Attendre que la loi des quotas lui permette d'entrer à l'école de police. Attendre qu'un poste se libère à Jérusalem puis à Tel-Aviv.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 24 novembre 2010
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