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On ne mange pas les cannibales


Grand format
Inédit
Tout public
Le loup est un homme pour l'homme
Entre polar pur et mélodrame criminel, On ne mange pas les cannibales s'avère être un roman riche et atmosphérique qui sort un peu des sempiternelles histoires de flics et de tueurs en série. Stéphanie Arturit emprunte à l'imaginaire du Sud américain pour donner corps à un milieu pyrénéen captivant.
Mai 1976. Gardien de zoo à la frontière espagnole, Noël Rivière voit une enfant s'infiltrer régulièrement sur les lieux sans payer son ticket. Ramenée par un employé, elle dit s'appeler Bambi Rapace, dix-sept ans aux fraises, et préfère les animaux aux hommes. Vu son manque chronique de personnel, Rivière décide alors de la mettre en apprentissage. Il ignore tout de sa situation familiale, avec une mère alitée depuis un accident et deux frères jumeaux handicapés mentaux. Son père ? Également mort suite à un accident non déclaré pour toucher sa pension. Puis il y a Martin, le frère aîné devenu un tyran domestique et incestueux. Heureusement, après avoir achevé leur mère, il se fait mettre à l'ombre pour un bon bout de temps. Enceinte, Bambi est désormais sous la protection de Rivière. Puis nait la petite Féline, qu'il considère comme sa fille. Mais un jour, Martin finit bien par sortir de prison, où il n'a cessé de fantasmer sur sa sœur. Sauf que face à cette menace, celui qu'il prend pour un mouton va se révéler bien pire qu'un loup...
Stéphanie Arturit nous propose un roman difficile à classer, certainement criminel, mais plus un mélodrame moderne (sans notion péjorative : la plupart des films du grand Almodovar sont des mélodrames modernes) qui témoigne, après l'excellent Poule renard vipère, de Benjamin Pascal (un des meilleurs polars de 2024), que les auteurs hexagonaux n'hésitent plus à tisser des récits ambitieux se déroulant sur plusieurs époques. La troisième, assez imprévisible, évoque d'ailleurs un film récent très remarqué — mais préciser lequel serait déflorer à la fois le film et le roman ! Bien sûr, on ne peut que sentir l'influence obligatoire de l'ami américain et le sud de la France ressemble aux cambrousses de Erskine Caldwell ou William Faulkner, mais sans faire de la simple retransposition. Le tout avec une très belle langue précise et évocatrice montrant des personnages crédibles que l'on a envie de suivre avec quelques surprises en cours de route, si bien que ces quatre cents pages bien tassées passent sans une longueur. Une réussite !
Citation
Il avait toujours vécu dans un monde dur, entouré d'hommes et de bêtes et d'hommes qui étaient des bêtes. Il savait beaucoup de la précarité et peu de la fragilité.

