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Grand format
Réédition
Tout public
256 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-08-048444-4
Coll. "Littérature française"
Trente ans après et pas une ride
Le commissaire Llob est une aberration à Alger. En effet, il veut se comporter honnêtement et n'hésite pas à s'opposer frontalement à ses chefs qui veulent cacher des affaires ou aux instances gouvernementales. Cela lui vaut de solides inimitiés, mais qui ne l'empêchent pas de faire son travail. C'est alors qu'il est appelé par un ponte du régime. Sa fille a disparu. Difficile de savoir si c'est une simple fugue (elle n'était pas d'accord avec les options de son père), s'il s'agit d'un enlèvement crapuleux (elle trainait dans des milieux pas forcément acquis aux notions d'honnêteté) ou s'il s'agit d'une affaire politique. En tout cas, les premiers indices pointent vers un groupe terroriste islamiste particulièrement sauvage. Llob essaie de s'approcher du groupe, voire de tourner autour d'hommes influents qui pourraient les connaître ou s'en servir. Mais le policier n'obtient que des observations de non-recevoir. Il va utiliser son réseau d'indics pour tenter de trouver l'un ou l'autre membre du groupe terroriste ou même leur chef. Mais c'est une enquête complexe, peuplée de chausse-trappes, où chaque geste peut être une attaque, chaque obstacle un piège ou une bombe.
Morituri est le premier roman publié il y a une trentaine d'années de Yasmina Khadra. Un pseudonyme derrière lequel l'auteur semble avoir mis beaucoup de choses et de connaissances : il faisait partie de l'armée et connaissait quelques rouages des manœuvres des uns et des autres au sein de l'appareil sécuritaire algérien. S'inspirant des romans hard boiled, son commissaire est un casse-cou que rien n'arrête, n'écoutant que sa conscience, toujours prêt au mot qui tue avant de passer aux actes. S'appuyant sur une vision très noire et désespérée de la situation algérienne dans les années 1990, décrivant une situation bloquée et extrêmement dangereuse, Yasmina Khadra décrit un pays en convulsion jusqu'à un final qui s'avère condenser encore plus le côté noir des choses. Le roman avait frappé à juste titre à sa sortie et, même si la situation s'est peut-être un peu améliorée (peut-être que Boualem Sansal ne serait pas de cet avis), il conserve un côté fort et prenant, qui doit se retrouver dans d'autres régimes du même type : une forme d'humour pour combattre la noirceur ambiante.
Citation
Saigné aux quatre veines, l'horizon accouche par césarienne d'un jour qui, finalement, n'aura pas mérité sa peine. Les temps sont durs ; une petite imprudence, et la foudre vous tombe dessus comme un rapace affamé sur un rat des champs.

