L'Envers de la girafe

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mercredi 30 avril

Contenu

Roman - Noir

L'Envers de la girafe

Psychologique - Social - Urbain MAJ vendredi 25 avril 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Pascal Dessaint
Paris : Rivages, avril 2025
206 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-6622-4
Coll. "Noir"

Au pas chancelant de la girafe

De quoi se compose la vie ? De petits riens qui tentent de fonctionner ensemble. De quoi se compose le roman noir ? Du moment où ces petits riens ne fonctionnent plus. Avec L'Envers de la girafe le lecteur plonge dans un quartier de Toulouse en compagnie d'un botaniste qui a juste le désir de s'occuper des mauvaises herbes (à supposer même que ce concept existe) et des petites bêtes à corne, ou non, qui parcourent son bout de pelouse et les rues environnantes. C'est compter sans un voisin irascible pour qui un bon jardin est un jardin mort, c'est-à-dire tondu, taillé et propre, sans escargots, ni limaces. Dans la rue qu'il arpente, notant à la craie les mauvaises herbes qu'il aperçoit, il y a d'autres habitants comme Pierre, un chauffeur routier chargé de s'occuper de transporter des produits dangereux ou toxiques, mais qui est fatigué de son travail. Sa compagne outre qu'elle est parfois (enfin une fois au moins) nue sur son balcon regarde la rue et prend fait et cause pour des oiseaux dans leur nid, dans un arbre dont une équipe municipale s'approche pour l'élaguer. Faut-il sauver les oisillons ? La dame était nue sur son balcon et Gaspard, un homme chargé de télésurveillance, suivant les caméras de contrôle, l'a vue. Il regarde de temps en temps, juste pour voir. De toute façon, il est surtout embêté parce que sa femme lui a avoué avoir un amant mais qu'elle l'aimait, lui, et qu'elle voulait continuer cette double vie. Il est jaloux et préoccupé car il avait à son poste de travail une carte postale de girafe et cette dernière a disparu. Il soupçonne son nouveau collègue, un jeune qui est passionné par les girafes et (accessoirement) maltraite sa mère vieillissante qu'il n'aime pas beaucoup. Ces quatre personnages se croisent, se voient, dans les rues de leur quartier. La question est de savoir s'ils pourraient s'entendre. Le fait que le chauffeur routier soit chargé d'un nouveau transport qui consiste à déplacer d'un zoo à un autre une girafe pourrait être le déclic qui les mettra en lien. Ce petit rien du roman noir...

Le nouveau texte que nous propose Pascal Dessaint est un véritable texte noir qui prolonge les thèmes déjà explorés dans ses précédents ouvrages. Notamment son rapport intense à la nature. À travers des personnages parfois hautement sympathiques, parfois en marge de la société et peut-être même de la "bienséance", l'œil empathique qu'il pose sur eux, les descriptions d'une nature comprimée mais enchanteresse, les évocations de grands noms de la science liée aux animaux, sinuent dans un roman qui en acquiert ainsi une grande force émotionnelle. Et quand le roman va virer au drame, le lecteur en est abasourdi, sonné, comme avec un coup de massue qu'il n'attendait pas, surtout quand la force du texte est aussi d'annoncer un autre drame en arrière-plan (autour d'une vieille dame en fauteuil roulant). L'Envers de la girafe confirme (si besoin était) tout le bien que l'on peut penser de Pascal Dessaint, mais surtout toute la force de l'écriture qu'il peut inscrire dans ces "destins minuscules", touchant au cœur de l'humaine nature, offrant des rayons de soleil et d'humanisme pour le lecteur. Avec Pascal Dessaint, il subsiste des moments où l'on peut ne pas désespérer de l'homme.

Citation

Je n'ai pas aimé le regard de maman. On ne devrait pas mettre les enfants au monde pour les regarder ensuite comme des chiens galeux. Son dentier est resté dans ma poche.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 25 avril 2025
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