Valence rouge

Roman - Policier

Valence rouge

Réflexions sur la pornographie

À peine débarquée de Madrid, l'inspectrice de la PJ Nela Ferrer doit enquêter sur le meurtre sordide d'un producteur de films X en marge de Valence rouge, premier festival culturel du film porno. Nela Ferrer a quitté la capitale espagnole pour mieux reprendre sa vie en main. Elle a eu un compagnon violent et sait parfaitement la définition de "violences conjugales". Et ses investigations vont faire écho à sa propre vie. Mais elle dirige une équipe d'enquêteurs chevronnés plus ou moins mal à l'aise avec la pornographie et en quoi elle peut déterminer le regard porté sur le sexe et les femmes. Surtout quand il s'agit d'en parler à des enfants. Cependant, l'investigation suit son cours. Le producteur n'était pas un ange. Sa mort à bénéficié d'une sacrée mise en scène : maquillé, un bras de mannequin dans le rectum... Il aurait été anesthésié avant sa séance de torture, mais aurait tout vécu. Un message se trouve dans son corps l'accusant d'actes terribles. L'homme frayait avec de sinistres individus et il semblerait qu'il aurait organisé des bukkakes, autrement dit des orgies sexuelles au cours desquelles une femme entourée d'hommes masqués est forcée de pratiquer des fellations à la chaîne. Fellations dont on récupère le sperme et qu'elle ingurgitera d'un coup à la fin. En un mot : sordide. Si les enquêteurs ont quelques pistes, ils avancent péniblement, les langues des personnes qui pourraient leur en dire plus ne voulant pas se délier. Mais, peu à peu, certaines pièces du puzzle s'assemblent et d'autres morts surgissent... Tueur en série ou vengeance ? Pour Nela Ferrer, il est d'autant plus urgent de débusquer le coupable qu'il en va de sa crédibilité vis-à-vis de son équipe et de son chef (d'autant que l'affaire touche des personnalités importantes de la ville) et de sa lutte contre ses propres démons.

Ana Martínez Muñoz nous plonge dans une vaste enquête policière avec beaucoup de procédures sur une trame très intelligente et bien construite. Comme souvent aujourd'hui, l'aspect domestique des enquêteurs est plus que présent. Mais ici, il a un rapport avec l'enquête qui gravite autour de la pornographie (enquête très bien menée et captivante sur un sujet graveleux). Mise à part l'inspectrice Nela Ferrer (avec son futur ex-mari violent par ailleurs policier à l'aura impeccable), Valbuena, son second, dans son rapport à la pornographie quand il était adolescent et dans son rôle de père de deux adolescents avec lesquels il n'y a que très peu de communication, est plus qu'intéressant. Quand l'enquête mène l'équipe à franchir la porte des locaux d'une association qui lutte contre l'addiction à la pornographie, ça l'amène à une réflexion personnelle qui le conduira à entamer un dialogue difficile à table avec ses enfants et sa femme. Dans l'ensemble, l'aspect procédural est bien amené, mais peu apparaître fastidieux (comme tout travail de police quand il s'agit de visionner des heures de bandes vidéo, de faire des enquêtes de voisinage avec des témoins récalcitrants et de chercher un lien entre des morts). En revanche, la fin est digne d'un thriller gore avec des enquêteurs qui se séparent comme s'ils étaient réunis dans une maison hantée. Bien sûr, ça amène tout un lot de rebondissements, mais ça rallonge d'autant plus inutilement la fin. Mais cela n'empêche pas Ana Martínez Muñoz d'avoir su donner corps à son équipe d'enquêteurs, de les avoir fait graviter dans un univers sordide mais assez original et de les avoir placés dans une ville que l'on n'a pas trop l'habitude de découvrir. Gageons qu'il y aura des suites à cette première enquête.

Citation

Ça va être une affaire complexe, vu la curiosité malsaine qu'elle va réveiller. La presse va me mettre sous pression. Donnez-lui la priorité sur le reste.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 14 avril 2025 partager : | |