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Tout public
Traduit de l'espagnol par Sébastien Rutés
Paris : Gallimard, avril 2025
216 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-07-308751-5
Coll. "Série noire"
Le retour à la surface du tueur à gages
Mario Pariente s'était fait connaître l'année dernière avec La Sagesse de l'idiot, un récit qui fonçait à cent à l'heure dans la campagne espagnole en compagnie d'un flic municipal qui se battait pour conserver son travail ; flic qui se retrouvait au milieu d'un panier de crabes incongrus. Eh bien Balanegra est du même calibre sauf que le personnage principal, Coveiro, est un ancien tueur à gages officiellement mort, enterré à plus d'un sens dans un petit village où il est devenu... fossoyeur. Et c'est quand on vient enterrer le fils aîné de Rubí de Miguel que l'histoire va prendre une drôle de tangente. Car la matriarche, véritable femme d'affaires de la région, spécialiste de la saucisse, a mis en scène la mort de son fils (accusé de crimes sexuels) pour mieux l'exfiltrer et lui offrir une seconde chance. Pour se faire, elle s'est adjoint les services du Duc et de Bobby et Bobby, couple de tueurs à gages. Eux sont chargés à la fin du bonneteau (un jargon du métier) de nettoyer les lieux. C'est-à-dire éliminer les autres acteurs de la substitution : le médecin qui a signé le certificat de décès de Leon, mais aussi Le Russe, un flic pourri du coin, et les deux frères Tapia qui ont été récupérer l'enfant chéri dans sa tombe. Le premier accroc au bonneteau c'est Marco, le neveu de Coveiro, le tueur à gages fossoyeur, qui disparait la nuit de l'enterrement, témoin indésirable. À partir de cet instant, Coveiro refait surface malgré son grand âge et sa prostate. Il scie le canon de son fusil, s'équipe et part en mission sans se douter qu'il va finir par croiser une vieille connaissance. Semant les corps sur son passage, il se remémore également ses contrats passés et sa relation détruite avec son frère décédé d'un cancer.
Si on avait pu dire à l'époque de La Sagesse de l'idiot qu'il y avait du Harry Crews chez Marto Pariente, ici c'est plutôt du côté d'Elmore Leonard pour la simplicité du style et la truculence des personnages bariolés qu'il faut aller. Sinon, l'auteur reprend sa recette : des chapitres courts qui virevoltent entre personnages et trames temporelles. C'est sec, nerveux et surtout efficace. On se prend de sympathie pour ce tueur à gages. On s'amuse de Bobby et Bobby, couple surprenant totalement décalé. On se met à détester la famille de Miguel. Surtout, on a envie d'apprivoiser un cochon de lait. Balanegra est une balade noire dans la campagne espagnole en compagnie d'un nettoyeur hors pair mais vieillissant à qui l'auteur offre une dernière cure de jouvence.
Citation
Deux petits chuintements, comme quand on crache, pas plus. Bobby avait eu le visage tout éclaboussé de sang. Et les Tapia s'étaient effondrés comme des poupées de chiffon, l'un la bouche ouverte, l'autre le sourcil levé.

