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La position du tueur couché
Personne ne veut se frotter à Raymond Silverri, hommes d'affaires réputé, officieusement mafieux. Car ses méthodes pour obtenir ce qu'il veut n'ont rien de conventionnel : ses adversaires ont tendance à finir "suicidés" ou victimes d'un accident bête. Quiconque traite avec lui a tout intérêt à filer doux et/ou surveiller ses arrières. Et c'est pour s'assurer d'une justice à sa botte que Don Silverri a fait en sorte que sa fille Judith épouse le procureur Paul Chanvert : un professionnel notoirement incompétent, et un cavaleur tout aussi notoire, mais qui pourra fermer les yeux sur ce qui arrange son beau-père. C'est alors que l'impensable se produit : Paola Silverri, la fille du Don, est retrouvée morte dans un terrain vague après que sa sœur Judith l'ait menée à une fête. Il s'agit d'une exécution : la jeune femme a été éliminée d'une balle dans la tête. Mais qui pourrait s'en prendre à une Silverri ? Et pourquoi ? Letellier, le chef d'une agence de sécurité, est mis sur l'affaire par le Don qui ne veut pas donner l'impression qu'il fait pression sur la police. Judith tient absolument à l'accompagner. Premier élément : il s'avère que les victimes sont deux, puisque Paola était enceinte. De plus, l'assassin est très proche de la famille. C'est alors qu'intervient un personnage trouble, au passé qui ne l'est pas moins. Un tueur à gages que l'on ne connaît que sous le nom de Z-IX. Mais celui qui l'a embauché n'aurait pas dû l'empêcher de mener à bien son contrat. Il ne faut pas s'aliéner un chef mafieux, mais encore moins gâcher le contrat d'un tueur...
Il est rare de trouver des perles dans le morne paysage des petits génies autant auto-proclamés qu'auto-édités. Ici, on ne peut parler de perle, plutôt de l'un de ces romans qui, en son temps, aurait été parfaitement à sa place dans une collection de poches du genre "Spécial-Police" (faisant partie du braquet supérieur). Autant dire que l'auteur, qui n'est pas un débutant, ne se soucie pas de faire une radioscopie sociologique du pays ou d'écrire un grand roman noir social, il se contente d'une histoire apparemment simple et bien racontée, et ce avec une certaine clarté dans la narration que l'on retrouve rarement chez les petits génies précités. L'essentiel de l'intérêt est bien sûr dans le mystère rôdant autour de ce tueur à gages consciencieux que l'on croirait sorti d'un roman du Jean-Patrick Manchette de la grande époque, et l'auteur a la bonne idée d'en dire juste assez pour alimenter le mystère en question sans en dire trop. On regrettera que selon un cliché cinématographique, dans ce récit, on puisse s'y prendre une balle dans le corps et caracoler juste après sans séquelles, et qu'il reste encore quelques fautes (mais pas plus que chez certaines "grandes" maisons) et répétitions. David Bauquet fait tout oublier lors d'un final bourré d'action maîtrisé de façon impressionnante, et à deux cents pages le tout, il n'étire pas son propos.
Citation
Quiconque l'a croisé dans un lieu public, voire échangé un simple regard poli avec lui, n'a pu soupçonner qu'il s'agissait d'un individu payé pour tuer.

