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Poche
Inédit
Public connaisseur
224 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-38094-659-8
Coll. "Nouveau monde poche. Sang froid"
Mettre un visage sur sa proie
Nous sommes en 1947, quelques semaines avant que l'État d'Israël ne soit formellement créé. Il n'empêche que les futurs Israéliens commencent déjà à travailler pour cet État. Principalement au sein du Shay, le service de renseignement de l'armée secrète. L'une de ses missions est de trouver les moyens d'armer le futur État, car tout le monde se doute que les pays arabes ne voient pas la création du pays d'un bon œil. Une autre est de retrouver les dignitaires nazis qui se cachent encore en Europe ou qui sont dans les filières pour fuir vers l'Amérique du sud. Manus Diamant est l'un des agents du Shay. Et il a déjà effectué quelques missions en Italie pour coincer des nazis qui s'apprêtaient, grâce à la croix rouge et aux services du Vatican, à s'embarquer pour l'Argentine. Des missions complexes car certains des dignitaires en question sont surveillés par les Américains qui entendent s'en servir pour leur croisade anti-communiste. C'est alors qu'il est convoqué par ses chefs pour un travail plus difficile. L'armée sioniste veut trouver Eichmann et le faire payer. Mais Eichmann est un homme rusé qui a su rester discret et il n'existe aucune photo de lui. Une seule solution : parvenir à s'approcher de sa femme qui se trouve à Altaussee, un petit village touristique des Alpes autrichiennes, où le gratin nazi se retrouvait pour se reposer entre deux massacres. Elle vit dans un chalet avec ses deux enfants, mais elle est étroitement surveillée et protégée par la CIA qui entend utiliser Eichmann. Tout le monde pense qu'il se cache à proximité de sa famille. Manus Diamant s'installe, comme touriste en vacances, Allemand pro-nazi, dans un hôtel à proximité de la villa de sa cible et va tout faire pour la croiser et se faire inviter afin de voler une photo. Mais entre la CIA, d'autres nazis qui se baladent en ville et l'envie de madame Eichmann de fausser compagnie à ses surveillants, tout devient très vite compliqué.
S'inspirant de faits réels, Pierre Courrège nous offre une variation sur les espions, calme et maîtrisée. Il s'agit de mentir, de tromper et de s'introduire auprès de gens pour avoir des informations sans trop créer de vagues qui pourraient embêter les Américains, dont on a aussi besoin pour bien mener les débats à l'ONU et faire reconnaitre l'État juif. S'appuyant sur les techniques classiques de l'espionnage, le romancier présente avec sensibilité une face méconnue des années d'après-guerre, avec des allers retours entre les zones d'occupation alliées, la nécessité de continuer à vivre en côtoyant des gens qui ont essayé de vous éliminer en tant que peuple et en étant obligé de trahir vos "alliés" car vous avez aussi une mission de vengeance (ou de justice selon les points de vue) à accomplir. La Photographie est un roman court sur un sujet particulier, pour un récit d'espionnage bien écrit et maîtrisé, alternant les phases d'attente et les moments d'action, comme la vie de ceux qui y sont décrits.
Citation
De l'autre côté du pont, dans le quartier d'Urfahr, le bâtiment où s'est installée la police militaire soviétique est grand, froid et austère. Ici, toutes les personnes convoquées savent quand elles entrant, mais ignorent quand elles ressortiront. »

