Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
352 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4070-3
Coll. "Suspense"
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On achève bien les cadres
Alain Delambre a cinquante-sept ans, une femme charmante qui l'aime, deux filles adorables qui commencent à faire leur vie et il a bientôt fini de payer son appartement. Mais boum, sa vie est détruite par sa mise au chômage. Il décide de jouer le jeu et multiplie les petits boulots, mal payés mais qui lui permettent de conserver sa dignité.
Un jour cependant, il est bousculé par son contremaitre et lui file un coup. Tout son fragile équilibre social s'écroule. Que devenir ? De plus, la société a décidé de se servir de lui comme exemple et malgré ses actes de contrition, elle maintient les plaintes qui l'enfoncent davantage. Une dernière solution : il est convoqué pour un entretien par un grand groupe. Il décide de prendre toutes les précautions pour réussir les entretiens. Des entretiens d'un genre particulier puisqu'il faudra tester les cadres d'une entreprise au milieu d'une prise d'otages rendue de manière réaliste et sans que les dits cadres soient au courant. Au dernier moment, il apprend que les entretiens sont truqués et que la candidate finale a déjà été choisie. Toute sa motivation se retourne alors en haine. À présent il se donne les moyens de sa vengeance.
Cadres noirs est un roman très maîtrisé : chaque action entraîne des conséquences logiques et révèle en même temps des faces cachées qu'il convient de gérer le mieux possible (car l'intrigue narrée ne prend en compte que le premier tiers du roman). L'auteur a axé son intrigue autour du seul personnage principal (et un secondaire au milieu du roman) le rendant éminemment humain avec ses forces et ses faiblesses. La façon dont le cadre le plus intégré au système décide de s'affranchir des règles est rendue de manière crédible. De plus, Pierre Lemaitre n'hésite pas à présenter son cadre comme réussissant en appliquant de manière "frauduleuse" des manières qui seraient jugées normales dans le cadre de l'entreprise et pour le bien de sa société. Là, où le talent s'exerce, c'est en montrant que le héros même s'il gagne n'obtient qu'une victoire à la Pyrrhus : certes il s'en sort mais le prix à payer est très lourd, et ce sont ses aspects qui rendent encore plus noire cette description de l'univers. Là où Donald Westlake avec Le Contrat jouait presque sur la fable et le cynisme drôle, Pierre Lemaitre tire vers le registre réaliste et il embarque le lecteur avec lui.
On en parle : La Tête en noir n°146
Récompenses :
Prix du polar européen du Point 2010
Nominations :
Prix Arsène Lupin 2010
Citation
J'ai eu de tout dans ma cellule, des violents, des dingues, des déprimés, des fatalistes ; des braqueurs, des drogués, des suicidaires, des drogués-suicidaires… C'est comme si la prison me proposait la bande-annonce.