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Grand format
Inédit
Tout public
474 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-918647-35-5
Coll. "Goater noir"
Saga criminalia
Le genre dur-à-cuire fait son grand retour, on le sait, et les représentants de ce sous-genre revu au goût du jour fleurissent à nouveau sur les étals. Témoins d'une période de plus en plus violente ? Là, pour son deuxième roman, Frédéric Paulin nous revisite l'histoire de gangster classique comme on la connaissait dans les années 1950, chez Albert Simonin ou André Le Breton. Aujourd'hui, les truands hantent les cités plus que les bars de Pigalle, les mafias sont serbes ou croates et les Kalashnikov (les "600 coups par minute" du titre) ont remplacé les mitrailleuses à camembert, mais le schéma reste le même : l'ascension d'un caïd, son apogée et sa chute. À travers l'histoire de Farid Laïfaoui, Algérien renégat qui se fait appeler Le Corse, l'auteur remet au goût du jour le voyage du zéro à l'infini d'un petit truand vendeur de drogue avant de passer par hasard à la Kalash grâce au contact de Genre, un ex-flic ayant sombré dans la drogue et l'alcool, qui le met involontairement sur la piste de fournisseurs croates. "Hasard" semble être le mot-clé de ce roman qui dépeint, volontairement ou non, une génération nihiliste niant ses origines par désir d'adaptation, mue par quelques fantasmes de fortune vite faite à la Scarface (Tony Montana, la petite frappe odieuse interprétée comme telle par Al Pacino étant devenu un modèle par un curieux détour du destin), ou tout peut se jouer sur un coup de dé, une mauvaise décision (un ancien caïd conseille au Corse de donner ses gages de "dur", de peur qu'on ne croit qu'il a juste de la chance), un simple coup de pouce du destin. Telle est la trajectoire météorique du Corse, poursuivant un miroir aux alouettes, absent de sa vie et même de sa mort lors d'un très beau finale (ce n'est pas déflorer, dans ces romans, la conclusion est incluse dans le début). Tout autour de lui s'agite une comédie humaine de drogués, de jeunes et vieux truands, de flics fatigués, d'islamistes bras cassés et d'apprentis-braqueurs qui, vue la structure, donnent l'aspect d'une saga ponctuée de scènes d'action trépidantes. Certes, on peut considérer que ce roman est écrit au fil de la plume et que les personnages entrent et meurent de façon arbitraire, mais n'est-ce pas la loi de ce genre de récit ? En tout cas, ces 474 pages dépourvues de la moindre longueur ne manquent jamais de souffle et se dévorent en apnée. Dans son sous-genre, ce roman privilégiant le souffle et l'efficacité à l'originalité à tout crin est une réussite. On devrait très vite reparler et de Frédéric Paulin et des éditions Goater.
Citation
En prison, il comprit rapidement qu'il ne savait pas se battre. Il ne savait d'ailleurs rien de ce qui était nécessaire pour sauver sa peau. Il dut tout réapprendre. Et il apprit d'abord l'humiliation.