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L'Ange sanglant : dans l'enfer de Jérôme Bosch
Grand format
Inédit
Tout public
Bougies Bosch
Claude Merle, auteur prolifique de romans jeunesse, historiques et de pièces de théâtre, se lance ici dans le thriller historique aux éditions MA dont le catalogue contient plusieurs titres du même genre. À la mode grâce aux collections de 10-18 et de quelques autres comme Cohen & Cohen par exemple, le thriller historique peut se baser sur un courant artistique, voire un peintre emblématique qui intervient directement dans l'intrigue en tant que personnage, comme ici Jérôme Van Aken, dit Bosch, pivot central du scénario. On le consultera et il commentera des indices. Outre le fait que ce sont ses tableaux qui servent de motif pour des installations de cadavres, il semble que le serial killer esthète soit passé par l'atelier Bosch. Avec, pour modèle, les saynètes de l'univers de Bosch, notre serial killer n'a que l'embarras du choix ! Femme enceinte écartelée et éventrée, obèse lesté de décalitres versés par entonnoir, homme suspendu puis descendu lentement pour être empalé par son "orifice intime", adolescent crucifié, femme transformée en statue de merde etc. Pourtant Claude Merle se garde bien de renchérir dans l'horreur comme les auteurs américains. Il reste dans la référence et l'esthétique macabre.
C'est un médecin alchimiste, Jacob Damgar, dont la servante a été l'une des victimes, qui s'improvise enquêteur aux côtés du bailli. Relevé de traces, supputations : il ne lui faut pas longtemps pour deviner que chaque mort est entourée d'un cérémonial compliqué dont les bougies et les pigments de peinture sont les éléments principaux. Mais l'alchimiste chirurgien exerce lui-même un métier ambigu vis-à-vis de la morale et surtout de la religion. L'écoutera-t-on quand il devinera que l'assassin est peintre lui-même et qu'il aime avoir le motif devant lui ?
À partir d'un scénario clair, Claude Merle tombe un peu dans le piège des récurrences de scènes de crime qui balisent l'intrigue au détriment de l'évolution des personnages et de la dramatisation. De fait, on s'attache peu à ceux-ci puisqu'ils sont des victimes en puissance. L'identité du coupable est livrée puisqu'elle ne pouvait être devinée par le lecteur. L'écriture est sèche et les dialogues minimalistes. Par contre, quand l'Ange Sanglant se livre, c'est en déclamations pompeuses habituelles avant l'intervention des autorités qui sauvent sa dernière victime.
En conclusion, un scénario sans surprise même si la Hollande du XVIe siècle a de beaux atouts. L'auteur évite les lourdes documentations et ne cherche pas à restituer un langage de pacotille, mais tout ceci manque un peu de liant. Quant aux scènes de "dialogue amoureux" entre l'alchimiste et sa nouvelle servante-maîtresse très belle, muette et passive, on se retrouve dans un registre vieilli.
Citation
Ils l'ont traité en bête de somme. Regarde la plante des pieds : on lui a cloué des fers comme aux chevaux.