Le Petit homme de l'Opéra

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Le Petit homme de l'Opéra

Historique - Énigme MAJ samedi 10 juillet 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8,6 €

Claude Izner
Paris : 10-18, mai 2010
352 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-04919-3
Coll. "Grands détectives", 4345
Les enquêtes de Victor Legris, 9

Ce qu'il faut savoir sur la série

Les enquêtes de Victor Legris débutent en juin 1889, alors que l’Exposition Universelle bat son plein. La tour Eiffel, qui vient d’être inaugurée, en est la principale attraction. Victor est libraire rue des Saints-Pères. Passionné par son métier, il est également attiré par la photographie naissante et par la résolution d’énigmes. Il devient enquêteur pour protéger Kenji, son associé, qu’il considère comme son père.
Pour cette série, forte en 2009 de huit volumes, les auteurs s’appuient sur des faits divers étranges, en général étonnants mais réels, qui nourrissent une intrigue, d’une excellente facture, impliquant de près ou de loin des proches de Victor. Parallèlement à ces enquêtes, Claude Izner développe une véritable saga domestique avec une augmentation significative du microcosme familial. Chaque livre est aussi le prétexte pour explorer un quartier pittoresque, pour en faire une visite très documentée. Cette série se distingue par la qualité et la précision quant à la reconstitution de l’époque, par la richesse des descriptions. Le style, l’écriture, la richesse du vocabulaire et des images lui donnent une tonalité particulière, une authenticité peu commune.

Quand les friandises tuent !

C'est rue de Charenton, bordée de terrains vagues, que Suzanne Arbois est assassinée dans sa roulotte, sous les yeux de sa voisine. Melchior Chalumeau vit dans un ancien débarras, sous les toits du palais Garnier. Avertisseur à l'Opéra, il rend nombre de services qui lui permettent d'arrondir ses ressources. Depuis son enfance, il est en butte aux moqueries sur sa taille. Son mètre trente l'a fait surnommer Guilleri, comme le petit homme d'une comptine. Il n'est que haine et rancœur, rêvant de revanche à l'image : "... d'Alexandre et de Napoléon, deux autres nabots qui s'étaient taillé un empire". Pour l'heure, il doit livrer une boîte, de la part de Lambert Pagès, un boursicoteur amateur d'opéras, admirateur d'Olga Vologda, la danseuse étoile. Victor est tenté par une escapade pour chasser son angoisse de la paternité. Il irait bien photographier des athlètes qui vont se produire à la Foire du Trône. Passant à la librairie chercher son Kodak, il rencontre Eudoxie Maximova. Il fuit devant elle, qui avait voulu le séduire avant de jeter son dévolu sur Kenji Mori, son père adoptif. Melchior est au bois de Vincennes où il attend les invités du mariage d'une costumière de ses amis, bien qu'il ne soit pas convié. La fête se termine par la noyade de l'amant d'Olga, au cours d'une promenade en barque, sur le lac. Pendant la première de Coppélia, Olga prend un malaise. Eudoxie, qui la soigne, soupçonne un empoisonnement après que la danseuse lui ait révélé avoir goûté un morceau de cochon en pain d'épice. Par un billet, elle appelle Victor à son secours. Pour que leur rencontre semble fortuite, elle joint deux invitations pour un concert à l'ossuaire des Catacombes. Au cours du concert, Joseph, qui a tenu à accompagner Victor, remarque qu'un petit homme remet un cochon en pain d'épice à un violoniste. C'est le surlendemain qu'il prend connaissance du filet relatif à la découverte, près des catacombes d'un cadavre. Cette information est confirmée par le commissaire Raoul Pérot, venu faire une visite de courtoisie à la librairie. Les deux limiers flairent une affaire... Mais, avec Tasha et Iris, sur le point de pouponner, ils doivent user de ruses, s'inventer des alibis pour mener leur enquête.

Le Petit homme de l'Opéra relate la neuvième enquête de Victor Legris et de Joseph Pignot, associés dans la librairie Elzevir. Pour chaque affaire, les auteurs font revivre un ou plusieurs quartiers du Paris des années 1890. Dans le présent roman, elles entraînent le lecteur du palais Garnier, inauguré en 1875, à la foire du Trône qui déborde largement de la place éponyme pour s'étendre entre le chemin de fer de ceinture et la place de la Nation. Les décors sont si bien reconstitués, si bien décrits qu'on a l'impression de les connaître comme après les avoir visités.
Pour faire vivre leur histoire, les auteurs s'appuient sur des personnages aux profils psychologiques et aux caractères minutieusement construits. Outre les membres de la saga familiale, dont le nombre croît à chaque épisode, elles créent des acteurs passionnants, tel Melchior, torturé par sa différence, rêvant de reconnaissance, d'amour et de revanche sur la société. Avec lui, elles cisèlent un individu complexe, aux pulsions plus ou moins maîtrisées.
Elles incorporent, dans ces décors et pour ces personnages, des intrigues aux multiples ramifications, entre l'enquête pour démasquer cet empoisonneur en série et les aléas de la vie familiale. Ceux-ci sont partie intégrante du récit, liés indissociablement au travail des enquêteurs amateurs. De plus, les auteurs savent rendre cette chronique très attrayante avec nombre de rencontres engendrant des situations cocasses ou poignantes. Elles multiplient les détails qui prouvent une fabuleuse connaissance de cette période et s'autorisent, au détour de petites phrases, un parallèle avec des situations d'aujourd'hui. Ainsi, à propos de l'épidémie de peste qui sévissait en début d'année 1897 à Bombay, un colonel déclare doctement : " nous sommes armés pour enrayer l'épidémie si elle touche la vieille Europe, le gouvernement a pris des mesures drastiques". Or le vaccin n'est expérimenté par son inventeur, sur lui-même, qu'en janvier de la même année. Elle intègrent nombre de réflexions pertinentes empruntes d'ironie comme à propos de ceux qui courtisent les figurantes de l'Opéra : "Cela l'agaçait qu'elles fussent l'objet de la sollicitude de messieurs à la verdeur périmée."
Le Petit homme de l'Opéra brille particulièrement pour ses qualités romanesques, littéraires et historiques, dans une série déjà brillante. Faisant fi de l'énorme travail que représente l'écriture de tels romans, le lecteur, avide, en redemande. Il attend avec impatience la prochaine énigme à laquelle les deux limiers vont se confronter en 1898, qui aura pour titre Les Souliers bruns du quai Voltaire.


On en parle : La Tête en noir n°146

Citation

Adonis, je voudrais qu'on m'aime, mais ça n'arrive jamais. Tu sais, si personne ne se soucie de toi, tu deviens enragé, tu as envie de tout casser !

Rédacteur: Serge Perraud mardi 29 juin 2010
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