Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Quand chimie ne rime pas avec écologie
Novembre 1962, Berlin-Est. Le docteur Sterz se rend sur les lieux d'un crime où l'attend Klaus Kelmann de la Stasi. Il découvre le corps lacéré d'une femme d'une trentaine d'années. C'est une véritable boucherie tant le criminel s'est acharné. Dans un réduit, à l'écart, Hans le petit garçon est devenu mutique. En tant que thérapeute, Sterz décide d'aider l'enfant, malgré l'hostilité de la Stasi.
Mars 2006, Paris. Andersen se réveille alors qu'il rêve à des chauves-souris. Son père lui a transmis sa passion pour ces animaux, un père qu'il a perdu accidentellement, en même temps que sa mère, à l'âge de sept ans. Depuis, il a continué à s'enthousiasmer pour les chiroptères, gardant un lien avec les défunts. Il est devenu informaticien pour satisfaire son autoritaire grand-mère. Mais les chiroptères et autres pipistrelles occupent sa vie. Avec un camarade d'enfance, il a crée un site Internet qui fédère quelques passionnés. Par son métier, il est appelé à intervenir chez Naturalis, une multinationale de la chimie, qui vient de mettre au point le premier insecticide atoxique. Leur site Internet subit un "defacement", alors que la compagne de communication sur ce produit commence. Le film d'amateur, qui remplace le spot de la société montre le corps d'une femme assassinée au couteau et un homme qui, après un dernier sursaut, meurt en direct. Le seul élément caractéristique pour situer le lieu est une fenêtre à la forme atypique et, de façon fugace, une vue d'une flèche d'église. Andersen, pour travailler efficacement, cherche à en savoir plus. Ces morts ont-ils un lien avec Naturalis ? Après quelques coups de téléphone donnés de manière confidentielle, on lui demande de se borner à sécuriser le site. Il retrouve une communication avec une personne du site de Vernon, près de Bourges, où se fabrique le nouvel insecticide. Anderson décide de se rendre sur place, espérant secrètement, retrouver la flèche de l'église du film. C'est le point de départ d'une aventure pleine de risques et de dangers. Sterz est appelé sur les lieux d'un nouveau meurtre à la mise en scène identique, une femme mutilée sauvagement et un enfant en état de choc.
Comme dans son thriller précédent (La Chambre d'ambre - Belfond, 2009, réédité en poche chez Pocket en 2010), Jérôme Bucy met en scène un personnage que rien ne préparait à vivre une telle aventure. Il place son héros dans une situation qui ne le concerne pas directement, où il est contraint, cependant, de progresser car des substances touchent à l'objet de sa passion. Plus que découvrir les responsables et les motivations d'un crime, d'une crise de folie, il cherche ce qui pourra l'aider à protéger ses protégés, en l'occurrence les chiroptères objet de tous ses soucis. Il se retrouve, ainsi, à enquêter sur un meurtre ancien, à remonter une piste qui l'amène, par déduction, réflexion, à rencontrer d'autres amateurs, à découvrir des liens qui unissent des situations similaires entre deux époques.
Les chiroptères, fil conducteur, partagent la vedette avec le héros. L'auteur donne sur cet ordre biologique, nombre d'informations passionnantes. Il détaille leur mode de vie, leur comportement social et les capacités physiques exceptionnelles de ces petits mammifères nocturnes. Il offre une vision nouvelle de ces petits animaux qui, par leur aspect, ont été considérés comme l'image du mal.
Pour faire vivre son intrigue, il anime des personnages étonnants. Outre un héros atypique, il compose une galerie d'acteurs aux profils psychologiques étudiés. Il met en avant leur côté insignifiant, banal, quotidien, leur retenue et leur maladresse en société. Bien que privilégiant la réflexion à l'action, l'auteur signe quelques scènes particulièrement violentes.
Avec La Colonie des ténèbres, Jérôme Bucy nous livre un thriller de haute tenue pour son intrigue soignée, le travail d'orfèvre pour faire concorder les parcours sur l'échelle du temps jusqu'à une conclusion pour le moins inattendue et dont il a le secret. Un régal !
Nominations :
Prix du Meilleur polar francophone 2010
Grand prix de la littérature policière - roman français 2010
Citation
Là où l'humanité dévoile sa face cachée, ses péchés livrés du bout des lèvres pour être absous et enterrés, ses fantasmes, ses perversions. Tous les visages de la culpabilité expulsés dans un souffle. Une fenêtre qui s'ouvre sur le monde des ténèbres.