L'Affaire de la belle évaporée

J'imagine qu'elle aurait voulu me tabasser pour me faire parler, mais elle se disait qu'elle avait encore trop besoin de moi.
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vendredi 26 avril

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Roman - Policier

L'Affaire de la belle évaporée

Historique - Huis-clos - Cosy crime MAJ jeudi 13 avril 2023

Note accordée au livre: 2 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 10 €

J. J. Murphy
A Friendly Game of Murder - 2012
Traduit du français par Yves Sarda
Paris : Rivages, novembre 2022
432 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-5794-9
Coll. "Noir", 1114

Pas drôle, pas drôle, la comédie policière...

À New Yok, à l'hôtel Algonquin plus précisément, Dorothy Parker et ses amis de la Table Ronde se préparent à fêter le Nouvel An. Tout comme, dans leur suite, Douglas Fairbanks et son épouse Mary Pickford ; ils ont organisé une vaste réception qu'ils prévoient d'arroser copieusement au champagne en dépit de la Prohibition. Sir Arthur Conan Doyle est de la partie, ainsi que son vieil ami le Dr Hurst. Mais l'atmosphère festive est vite perturbée par la découverte d'un cas de variole parmi les pensionnaires de l'hôtel qui entraîne immédiatement la mise en quarantaine de l'établissement. Les confinés vont tout de même faire la fête... jusqu'à ce que l'on découvre, bel et bien morte dans la baignoire qu'elle avait fait remplir de champagne, la starlette Bibi Bibelot... Une mort suspecte autant qu'étrange et qui, de plus, n'est pas le seul crime à élucider.

"Un cosy crime plein d'humour à lire en buvant du champagne"... Comment résister à une telle invite en quatrième ! Ferait-on abstraction de la coupe (ou de la bouteille) de champagne par désaffection du pétillant breuvage immanquablement associé aux joies légères et à une certaine élégance, il resterait l'humour – dont, par contamination, on est à peu près sûr qu'il doit être de la même veine – et l'on se dit que c'est exactement le genre de roman dont on a besoin quand on a l'humeur basse et lourde, tel certain ciel spleenétique bien connu. La main vaguement déprimée se tend vers le livre, l'ouvre... et dévoile une "note de l'auteur" brève mais informant avec esprit et finesse que l'on a là une "œuvre de fiction de bout en bout, même [si elle] est peuplé[e] de personnes ayant réellement existé". Le lecteur est donc incité à oublier ce qu'il pourrait savoir des réalités historiques – lesquelles d'ailleurs sont agréablement rappelées en fin de volume – afin d'être mû par le seul plaisir que procure "une bonne histoire".
En ce qui me concerne, aucun danger de parasitage référentiel n'est à craindre car rien de ce qui regarde la Prohibition, Dorothy Parker et ses amis de la Table Ronde ou le cinéma américain de cette période ne m'est familier. Je crois bien n'avoir jamais vu le moindre film avec Douglas Fairbanks ou May Pickford, je n'ai jamais lu aucun texte de Dorothy Parker... la seule personnalité "ayant réellement existé" qui ne me soit pas trop étrangère est sir Arthur Conan Doyle. J'étais donc dans les meilleures dispositions pour aborder le récit comme une pure fiction sans être empêchée par la vérité de le savourer.

... et c'est justement par le récit, par les procédés de narration que la déception – la Grande Déception – est arrivée, doublée de celle causée par le ton général du roman, se voulant piquant et s'avérant... piqué. Tandis que l'intrigue en soi, croisant un meurtre et un vol audacieusement dissimulé, est retorse à souhait, nouée de mobiles et de modes opératoires particulièrement bien imaginés, la manière dont le récit est conduit fait très vite retomber l'intérêt. Trop souvent les descriptions – de lieu, de situations – sont interminables et parfois répétitives ("... un charriot chargé d'une cafetière en argent sur un plateau également en argent ainsi que d'une carafe de crème et d'un sucrier en argent") donc lourdes. Sans doute par souci de précision et d'exactitude, l'auteur multiplie les détails mais cela au détriment de la lisibilité... et quand il imagine des scènes d'un rocambolesque majuscule – le chassé-croisé à travers tous les étages de l'hôtel de deux groupes se cherchant et cherchant un cadavre baladeur ; la bataille rangée dans une cuisine obscure où tous les ustensiles servent de projectiles ; Benchley en standardiste maladroit emmêlant tous les câbles et provoquant un surcroît de pagaille, etc., etc. – la recrudescence de précisions est fatale à l'intelligibilité. Mais, surtout, le récit en est littéralement arrêté quand il lui faudrait au contraire un bon coup d'accélérateur pour que le comique de situation joue à plein.

Sans compter la tendance à répéter à l'envi les traits saillants des personnages, à étirer dans les dialogues les échanges de bons mots qui diluent inutilement le contenu signifiant des paroles énoncées...

Là où la quatrième, la note de l'auteur et l'introduction promettent une lecture savoureuse, de tonalité assez légère pour mettre l'âme au repos, j'aurai trouvé une narration plombée ne procurant qu'ennui et agacement.

Citation

Comme on le dit dans les romans policiers, reconstruisons la scène de crime. Mrs Parker, montrez-nous exactement comment vous êtes entrée dans cette pièce, la première fois, puis tout ce que vous avez fait ensuite. En n'omettant rien.

Rédacteur: Isabelle Roche lundi 09 janvier 2023
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