Du sang dans la sciure

Rien de tel que la répétition des gestes pour se nettoyer le cerveau, le régénérer, puis le laisser doucement gambader. Alors des mots, des phrases, chansons ou poèmes, obsédants comme des mantras, finissent par rythmer chaque mouvement... Le blues est né comme ça... De l'uniforme et sempiternel épuisement des travailleurs de la terre.
Jacques Fénimore - Léa, prisonnière du désert
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 03 octobre

Contenu

Roman - Thriller

Du sang dans la sciure

Politique - Social - Assassinat MAJ mercredi 17 février 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,2 €

Joe R. Lansdale
Sunset and Sawdust - 2003
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Blanc
Paris : Folio, janvier 2010
482 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-039589-7
Coll. "Policier", 572

Pétrole et gros calibres

À camp Rapture, bled Texan qui vit grâce à sa gigantesque scierie, il y a des morts, tout plein de morts, d'une grande variété de gammes et de couleurs : des égorgés, des sciés, des étranglés, des poignardés, des flingués et des brûlés, des blancs et des noirs, des sauterelles et des chiens. Un western sur fond de pétrole et de bois tronçonné où la loi est représentée par une jolie rousse en jupe que tout le monde rêve d'allonger, morte ou vive, selon son sens des priorités.
On est dans les années 1930 et il ne fait pas bon tuer son mari. Qui plus est lorsque celui-ci est le constable. C'est comme ça : on ne tue pas son mari, même quand celui-ci vous viole depuis depuis plusieurs années, même lorsqu'il vous bat parce qu'il se sent mieux après. Pourtant, Sunset, la meurtrière, parvient à éviter la prison. Il faut dire que son mari représentait la seule autorité locale et qu'il n'y a plus personne pour l'arrêter. Surtout, elle a trouvé une alliée de choix : sa propre belle-mère, propriétaire d'une partie de la scierie. Celle-ci prend sa défense et va jusqu'à l'imposer comme successeur au poste laissé vacant par la victime. Elle a un mois pour prouver son efficacité. Ses adversaires, les notables du coin à la tête desquels se trouve Henry, ont un mois pour prouver le contraire. Aidée par Hillbilly et Clyde, elle reprend les dossiers de son mari et débute sa première enquête qui la mènera bien plus loin que ce qu'elle soupçonnait.

Clyde, Hillbilly... Les personnages secondaires sont tous soignés, à leur façon. Le premier est un rustre costaud et amoureux qui décide de brûler sa maison plutôt que d'y mettre de l'ordre. Le second est un beau gosse guitariste et bagarreur flegmatique à l'occasion. Et il y a tous les autres, comme Two, étrange tueur à la double personnalité ou McBride, personnage sombre qui vaque en tablier dans son appartement. Il y a aussi la femme d'Henry, une femme énorme qui passe son temps ivre avec pour tout vêtement une seule et unique chaussure et qui pense que tout le monde a été "éjecté du ventre de sa mère nu comme un ver avec une bouteille de whisky à la main et une chaussure au pied."

Bien sûr, l'intrigue est efficace, l'ambiance est lourde, une bonne ambiance étouffante comme on les aime, sur fond de sécheresse et d'invasions de sauterelles. Lansdale jette un regard acerbe sur cette société qui ne fait aucun cas des souffrances infligées aux noirs, aux pauvres et aux femmes. Mais ce regard n'est pas pour autant dénué d'un humour ravageur. Parce que le rire prend ici une place essentielle et permet cette distanciation entre l'horreur et le comique. Il procède par petites piques placées à l'endroit où l'on s'y attend le moins, ces détails gros comme des derricks qui éclatent en pleine tension. Ainsi, alors qu'une tornade emporte la maison de Sunset, alors que celle-ci est violée par son mari et qu'elle parvient à lui loger une balle dans le crâne, elle trouve le temps d'être surprise que son mari ne prononce pas un mot. "Ni "Ouille !", ni "Oh merde !", ni "C'est dingue !", le genre de trucs qu'il aimait dire en temps normal dans les moments de surprise ou de stress".

Citation

Il possède un puits de pétrole et il est persuadé que parce qu'il a du pognon, il ne pue plus de la bite.

Rédacteur: Gilles Marchand mercredi 10 février 2010
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page